C’est l’un des business les plus florissants dans la ville de Cotonou selon les tenanciers. Les maisons closes à Cotonou, c’est le gain en silence, de la manne bénie qui…

Maisons closes à Cotonou: Un business discret et rentable

Maisons closes à Cotonou: Un business discret et rentable

C’est l’un des business les plus florissants dans la ville de Cotonou selon les tenanciers. Les maisons closes à Cotonou, c’est le gain en silence, de la manne bénie qui nourrit ceux qui s’y investissent, tant les ‘’amoureux’’ sont prêts à investir les lieux pour assouvir leur libido souvent extraconjugale.

A 47 ans, Gustave A. affiche le profil du monsieur à qui tout marche ! Un businessman qui se présente comme un exemple de réussite dans la ville de Cotonou où la vie n’est belle que pour les durs. Bel appartement, trois voitures dont deux de luxe, femmes, enfants aux bons soins… Et par-dessus, le marché des comptes bancaires renfloués chaque semaine grâce aux quatre cents coups que viennent tirer les nombreux clients de ses maisons closes. La source de son enrichissement, ce sont ses multiples auberges que le promoteur appelle « hôtels » et que le Cotonois lambda appelle « les chambres de passe ou de passage ». Il en a érigé plus d’une dizaine dans la ville de Cotonou et ses environs, à Sèkandji, Agla-Akplomey, Pahou, Godomey, Tankpè…
Le génie de Gustave, c’est d’avoir investi les quartiers populeux. « Dans ces zones, ça cogne du matin au soir», sourit-il, verre de whisky à la main. C’est d’ailleurs sa distraction favorite. Boissons, cigares, femmes… Son autre distraction, le football. Ce mordu du club français Paris Saint Germain «vit bien » grâce à ses auberges. Plus de 20 ans qu’il exerce dans cette activité qui lui a procuré au finish une aisance et un train de vie digne d’un prince. L’idée, il l’a eue, il y a quelques années, lorsqu’à la suite « d’une bonne affaire », il cherchait un secteur, d’activité pour y investir. « Nous étions jeunes, pleins de vigueur mais il nous manquait souvent des endroits pour nos ébats. Nous n’étions pas capables de nous payer des hôtels et nous jonglions avec nos compagnes du mieux que nous pouvions. J’ai alors pensé qu’il serait génial de trouver une solution à un mal commun et en même temps se faire de l’argent », explique-t-il. Le coup d’essai va se révéler un coup de maître, disons même un coup de génie. Cinq petites chambres érigées sur une parcelle héritée, et c’en était parti !

Un bon business !

« J’ai été très vite sidéré par les résultats. Au départ, ce n’était fréquenté que par des amis proches. Mais, de bouche à oreille, l’information circulait. Partout, on se disait, il y a un nouveau coin discret pour se mettre bien et les gens affluaient. Je ne nie pas que j’ai fait la publicité à fond dans mon cercle d’amis, mais les choses sont allées très vite », confie Gustave A. Pour contenir le flux de cette soudaine clientèle, Gustave a recruté un agent d’entretien et une lavandière. La caisse, il la tenait lui-même. Ainsi s’ouvrit pour lui une nouvelle ère. Depuis lors, il n’a plus jamais renoncé à cette affaire. Il s’y est établi et s’enrichit, pourrait-on également dire.
Dans sa succursale de Sèkandji où il nous a reçus, l’on compte quinze chambres dont trois climatisées et deux Vip réservées pour les nuitées des étrangers. Les dix autres accueillent les gens ordinaires. Chaque jour, notamment en soirée, des dizaines de clients défilent. A 1000 F l’heure pour les passes, ils se succèdent et passent satisfaire leur libido. Mais, le plaisir qu’ils viennent se procurer est loin d’être la source du bonheur de Gustave. Ce qui le réjouit lui, c’est la paye : 30 000 à 60 000 F Cfa par chambre par jour, selon les périodes. « Sèkandji est l’un des points culminants de mon affaire, raison pour laquelle j’y passe le clair de mon temps et veille à la satisfaction de la clientèle », assure Gustave. Une clientèle à dominance nigériane qui certes fréquente beaucoup son établissement, mais ne manque pas non plus d’être source d’ennuis.
On se serait borné à prendre l’exemple de Gustave comme un cas isolé si d’autres promoteurs n’ont pas confirmé la rentabilité de l’activité. Symphorien Todan s’y est aussi réalisé. Quoique réservé sur ses chiffres et l’étendue de son empire (On dit de lui qu’il a des auberges un peu partout), cet entrepreneur qui opère dans le secteur des bâtiments et de la construction est formel. « Cette affaire marche », confirme-t-il. Mais, « elle exige aussi que l’on investisse beaucoup » et que l’on tienne « très propres » les lieux « pour ne pas faire fuir la clientèle ». L’autre spécificité du business des maisons closes évoquée par dame Symphorose Sonounanmèto, également promotrice, c’est que les installations et équipements se dégradent très vite. Il aurait pu en être autrement si tous les clients étaient soucieux de la préservation des auberges. Mais loin s’en faut ! « Certains sont animés d’une très mauvaise volonté et d’un esprit élevé de destruction», se plaint-elle. Plus rigoureuse que ses prédécesseurs sur son argent, celle-ci organise des «rondes improvisées » dans ses deux auberges pour confronter «la réalité dans les chambres au contenu des reçus et cahiers ». C’est, dit-elle, « la seule manière de limiter les dégâts » et d’éviter que les collaborateurs « vous ruinent ».

A chacun son profit !

Ce que ne savent pas les propriétaires de ces hôtels de fortune, c’est que les comptes qui leur sont faits sont loin de refléter le vrai visage des encaisses. Les collaborateurs permanents et surtout saisonniers sollicités pour aider dans la tenue des lieux créent un marché parallèle non moins rentable. Deal avec la clientèle, sous-facturation, mauvais point… Tout y passe. Et ce circuit est organisé à plusieurs niveaux. Au bas de l’échelle, les ouvriers saisonniers et ou à plein-temps. Nous avons rencontré l’un d’eux dans une maison close à Agla. Esséman. H. 26 ans, est plus connu sous son sobriquet « Petit billet ». En plus de louer à l’insu de ses patrons le magasin et le dortoir des ouvriers, il organise selon ses propres confidences, une évasion de bénéfices préjudiciable au maître des lieux. Tout ça, pour un petit billet comme l’indique son surnom. Contre 500 F ou 1000 F Cfa, le jeune homme fait entrer des clients, mais aussi des filles de joie qui rôdent dans le voisinage dans un circuit informel. « Chaque soir, trois, quatre, cinq, voire dix mille francs Cfa » vont dans son compte personnel. De quoi envoyer chaque fin de semaine de l’argent à sa famille, payer sa tontine, se faire des économies et subvenir à ses autres besoins. Pourtant, 65 000F Cfa lui sont versés chaque fin du mois, depuis un peu plus d’un an qu’il travaille en ces lieux. Esséman n’est pas seul sur le « topo ». Les deux employés saisonniers à la paye journalière qui renforcent l’équipe de nuit ont aussi leur part du gâteau. Il est aussi fréquent, avoue-t-il, que le caissier découvre le manège. Là, au bout d’âpres négociations, on le soudoie, toujours sur cette enveloppe, véritable manque à gagner pour le promoteur des lieux.
«Mêmes nos patrons organisent aussi leur business à leur niveau», révèle le jeune ouvrier. « Nous regardons cela avec des yeux fermés», bredouille-t-il dans un français approximatif. Encore deux ans à se chercher dans les auberges ou tout autre business rentable et, Esséman compte retourner à sa formation initiale. Ce jeune coiffeur en attente d’ouvrir son propre atelier compte sur ces « vols » de chaque soir pour s’installer et lancer son activité, dès lors qu’il en aura « amassé assez »?