Depuis que cette affaire a éclaté, avec le bruit qui va avec, plus personne ne se souvient de la somme de 15 milliards évoquée au tout début. On s’accroche tous…

Affaire BIBE : Ces 15 milliards dont on ne parle pas !

Affaire BIBE : Ces 15 milliards dont on ne parle pas !

Depuis que cette affaire a éclaté, avec le bruit qui va avec, plus personne ne se souvient de la somme de 15 milliards évoquée au tout début. On s’accroche tous aux rétrocommissions perçues ou non par les mis en cause, ceux-ci niant évidemment les faits pendant que certains observateurs et acteurs politico-syndicaux s’emploient à soutenir que le montant des rétrocommissions est ridicule, donc indigne d’intérêt pour la justice. Pourtant, dans cette affaire, la Caisse nationale de Sécurité sociale risque de perdre gros si ce n’est déjà le cas. Qui se souvient encore des 15 milliards dont elle a été délestée et dont le sort est gravement hypothéqué ?
A supposer que les mis en cause n’aient jamais reçu de rétrocommissions, ils ont au moins placé d’importantes sommes d’argent, sans s’assurer qu’elles étaient en sécurité et que les intérêts de la Cnss étaient vraiment préservés. D’après la relation des faits faite par le Conseil des Ministres puis ensuite par les responsables de la Caisse, on a pu observer une répétition endiablée des placements dans la même banque pourtant en difficulté sérieuse. A se demander pourquoi, connaissant la situation de la Bibe, des personnes responsables des cotisations de centaines de milliers de travailleurs ont mis (peut-être sans le vouloir), toutes ces sommes en dépôts à terme. Il s’agissait, en 18 mois à peine, de dépôts s’élevant à près de 17 milliards Fcfa. Ainsi, de deux choses l’une. Soit la répétition effrénée des placements était motivée par les rétro commissions (peu importerait alors leur montant), soit les responsables de la Caisse étaient d’une imprudence abominable. Dans l’une ou l’autre hypothèse, les conséquences pour la Caisse sont incommensurables. Il faut se référer à la déclaration de son actuel Directeur général, Dramane Diatema, pour s’en convaincre. Voici ce qu’il déclarait : « Enfin, je porte à la connaissance de l’opinion que pour la certification des états financiers de la Caisse pour l’exercice 2016, les commissaires aux comptes ont exigé que les 15 milliards placés à la Bibe soient provisionnés. Cela veut dire, en langage simple, que c’est des avoirs incertains. Ceci également confirme s’il était encore besoin, que les placements effectués entre 2014 et 2015 à la Bibe, dans les conditions qui étaient celles de cette banque, n’étaient pas pertinents. Au contraire, ils comportaient des risques évidents de perte. » On était le 06 novembre 2017, et c’était au tout début de l’affaire lorsqu’il intervenait pour réfuter et démonter les arguments d’un des mis en cause qui, pour essayer de se donner bonne conscience, déclarait que les responsables actuels de la Caisse venaient aussi de placer 4 milliards dans la même banque. Dramane Diatema démontrait alors que, suivant une décision de justice, la Cnss avait plutôt souscrit des actions pour la recapitalisation de la banque afin de se donner des chances de récupérer, un jour ou l’autre, ses avoirs.
En attendant, comme on vient de le voir, 15 milliards Fcfa appartenant à la Cnss sont donc en souffrance, et si la banque n’avait pas été recapitalisée, ils ne seraient jamais récupérés. La recapitalisation offre au moins la perspective que cette forte somme d’argent n’est pas perdue à tout jamais. Un jour, peut-être, si la banque est remise à flot, cet argent reviendra dans les caisses de la Cnss.
Ceci montre bien qu’au-delà des sommes supposées objet des rétrocommissions et jugées modiques par certains, le préjudice subi par la Caisse est énorme. Et cela seul suffit à démontrer le caractère hasardeux voire intéressé des placements. Ce qui, au fond, autorise finalement à ne retenir qu’une seule hypothèse pour justifier la fréquence des placements effectués dans les conditions qui furent celles de la banque : l’intérêt particulier des auteurs des placements, lequel pouvait s’analyser, dans l’immédiat, en retour sur placements, c’est-à-dire les rétrocommissions. A la justice de décanter cette nébuleuse afin que les responsabilités soient situées.

13-03-2018, La rédaction