Annoncée comme décisive, celle qui devrait sonner le dégel de la crise sociale au Bénin, la rencontre gouvernement-confédérations syndicales qui s’est déroulée hier, mardi, 13 mars 2018 à l’Infosec a…

Négociations gouvernement-centrales syndicales : Légère avancée mais…

Négociations gouvernement-centrales syndicales : Légère avancée mais…

Annoncée comme décisive, celle qui devrait sonner le dégel de la crise sociale au Bénin, la rencontre gouvernement-confédérations syndicales qui s’est déroulée hier, mardi, 13 mars 2018 à l’Infosec a permis d’enregistrer quelques avancées dans le dialogue social. Ministres du gouvernement et secrétaires généraux confédéraux ont pu échanger, 4 heures durant, en dehors de Kassa Mampo, secrétaire général de la Cstb, qui a claqué la porte, posant comme question préjudicielle la rétrocession s    ans condition des sous défalqués par le gouvernement pour fait de grève. Des échanges, il ressort que les arrêtés d’application des statuts particuliers des enseignants ont connu une légère amélioration, selon Noël Chadaré de la Cosi-Bénin. Cependant, seuls les syndiqués à la base décideront de la suite à donner au mouvement de grève…

C’est dans une ambiance surchauffée que les négociations ont démarré hier. Il a fallu l’intervention des éléments de la police républicaine avec la présence du Directeur général, Nazaire Hounnonkpè pour déguerpir les manifestants, venus empêcher la tenue de la rencontre. Pour ces derniers, il n’est pas question que les secrétaires généraux prennent part aux négociations sans l’effectivité de la rétrocession des défalcations. « Sg dehors ! Chadaré dehors ! Bachabi dehors ! Zounon dehors ! Amoussou dehors ! ». C’étaient des slogans que scandaient ces derniers. Quelques minutes après le démarrage de la séance, c’est le secrétaire générale de la Confédération syndicale des syndicats des travailleurs du Bénin (Cstb), Kassa Mampo qui claque la porte et se retire des négociations. « La Cstb a demandé à savoir ce qu’il en est des défalcations et de la rétention des salaires ainsi que les enseignants des universités sans salaires depuis un mois.  Le gouvernement par la voie du ministre du développement estime que pour l’instant, ce n’est pas la priorité et qu’il faut continuer les discussions sur les revendications » a-t-il déclaré pour justifier la suspension de sa participation aux travaux. Cependant les six autres centrales décident de rester pour poursuivre les négociations. Pour Noël Chadaré de la Cosi-Bénin, bien qu’ils soient convaincus que la rétrocession des défalcations est une question préjudicielle à la sortie de crise, il était important de prendre connaissance des propositions du gouvernement afin que les travailleurs sachent concrètement à quoi ils devraient s’en tenir en ce qui concerne la satisfaction de leurs revendications.

Une amélioration des primes mais …

Le gouvernement, déjà en fin de semaine écoulée avait annoncé qu’il était prêt à procéder à la signature de six (06) des huit (08) arrêtés d’application des statuts particuliers des enseignants. A en croire le secrétaire général de la Cosi-Bénin, le gouvernement a proposé une prime forfaitaire annuelle de craie de 5000fcfa au lieu de 4000Fcfa ; la prime d’équipement et de documentation passe également de 5000fcfa à 7000Fcfa l’an ; la prime vestimentaire passe à 16000Fcfa pour les agents de la catégorie A, 11000Fcfa pour ceux de la catégorie B et 8000Fcfa pour ceux de la catégorie C. Quant à la prime de risque, elle est maintenue à 4000fcfa par mois. L’exonération des frais de scolarité pour les enfants d’enseignants est de 25000Fcfa. Si des responsables syndicaux ont relevé qu’il y a une amélioration dans les propositions du gouvernement, ils n’ont pas manqué d’exprimer leur indignation face à ces primes jugées dérisoires. Ainsi, le Sg/Cosi-Bénin, Noël Chadaré a souhaité que le gouvernement choisisse deux ou trois primes et qu’il augmente la cagnotte pour proposer des primes qui valorisent véritablement la fonction enseignante. Mais le gouvernement estime avoir agi à la limite de ses capacités étant donné que le budget 2018 est déjà voté. Au terme des discussions, le gouvernement a pris acte de ce que les centrales et confédérations syndicales retournent vers leur base pour leur faire le  compte rendu. En attendant, le ministre d’Etat, Bio Tchané invite les travailleurs à reprendre le travail. «…je ne doute pas qu’un terrain d’entente pourrait être trouvé car les responsables syndicaux ont pu constater la bonne foi et la flexibilité du gouvernement qui a bien tenu compte de leurs observations dans les discussions…Je réaffirme ici l’engagement du gouvernement à poursuivre le dialogue et à œuvrer pour une sortie de crise dans l’intérêt de tous » a déclaré le ministre du développement, Abdoulaye Bio Tchané.

Les secrétaires généraux confédéraux, sous pression, la base pour trancher

Les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales sont désormais sous pression. Ils sont partagés entre la réaction de la base et l’appel du gouvernement, de certaines autorités et parents d’élèves. D’ailleurs, un avant-goût de cette réaction de la base leur a été donné à l’entame des négociations hier par un groupe d’enseignants manifestants. Ceux-ci menaçant de se désolidariser de leur confédération, reprochant aux Sg d’avoir accepté de participer aux négociations sans la rétrocession des défalcations. Aussi, au terme des négociations d’hier, le retour qui parvient de la base semble ne pas être rassurant. Certains estiment déjà que la moisson n’encourage pas à reprendre les cours après tout ce temps de grève. Quel message porteront les ‘’Généraux’’ de la Bourse du Travail à la troupe ? Parviendront-ils à la convaincre pour une levée facile des motions de grève dans les jours à venir ? Que feront-ils lorsque le non va l’emporter majoritairement surtout avec cette question de défalcations non rétrocédées? En tout cas, la tâche est loin d’être aisée…En attendant, le peuple retient son souffle. Il faut signaler qu’après l’Infosec, les responsables syndicaux ont également échangé dans la soirée d’hier avec le clergé catholique, le président du Conseil économique et social et l’Union islamique du Bénin toujours pour un dégel de la tension sociale…

Aziz BADAROU