En anglais, on parlera d’un materstroke ! Le procureur de la République a séduit. Gilbert Togbonon aura réussi à démanteler un véritable réseau d’escrocs. Une affaire que d’aucuns qualifient deIcc-Services…

Justice béninoise : Togbonon démantèle un réseau d’escrocs

Justice béninoise : Togbonon démantèle un réseau d’escrocs

En anglais, on parlera d’un materstroke ! Le procureur de la République a séduit. Gilbert Togbonon aura réussi à démanteler un véritable réseau d’escrocs. Une affaire que d’aucuns qualifient deIcc-Services nouvelle version. Nous sommes jeudi 28 juin 2018, tribunal de Cotonou. Dans le bureau du procureur, une dizaine de personnes. De quoi l’affaire retourne ? Quatre individus, la cinquantaine au moins, sous le couvert d’une Organisation non gouvernementale (Ong), ‘’Nefer Khenem’’, de concert avec ‘’Afrique bien-être’’,avec la complicité de la justice, notamment d’un juge dont nous taisons pour l’instant le nom, se font passer pour le messie. Des illusionnistes bon teint. Et, loin de participer à amoindrir la souffrance des pauvres gens, ils leur en rajoutent en leur prenant le peu de sous qu’ils ont en leur possession. Hier donc, ils seront pris à leur propre piège. Debout devant l’assistance, dans un pragmatisme avéré, Togbonon, de façon magistrale, questionne chaque partie. 29mn31s. L’homme, en effet,se voudra concis et succinct. «…C’est technique ici. On a fait appel à l’épargne, à l’argent d’autrui, on n’a pas atteint les objectifs…Nous, ici, nous sommes en matière pénale. On cherche s’il y a infraction ou pas…le processus, ça ne nous intéresse pas», lâche-t-il. «Des gens ont remis leur sous pour atteindre des objectifs, est-ce que les objectifs ont été atteints ? », s’est-il demandé avant de renvoyer chaque partie à la pause le temps de délibérer. L’histoire retint que Gilbert Togbonon a eu l’esprit fin. A l’arrivée, trois des quatre personnes sont misessous mandat de dépôt pour escroquerie. La quatrième, sous convocation. Ceci, à cause de sa santé visiblement dans unsale état. Le procès s’ouvre le 03 juillet prochain. Affaire à suivre…

L’histoire…    

Comme le dit l’adage, 99 jours pour le voleur, un jour pour le propriétaire. En effet, dans sa besogne, l’Ong‘’Nefer Khenem’’ s’est offerte les services d’une agence de communication (la plaignante) qu’elle n’a pas hésité à escroquer. Plus de 4 millions de nos Francs de voler depuis plus d’un an. En fait, dans sa stratégie, elle s’attache à des structures dignes de foi, dont-elle se sert pour se faire une crédibilité afin d’endormir le plus grand nombre. Et de fil en aiguille, il a été constaté que la fameuse Organisation qui agit depuis 2016 a fait beaucoup de victimes. Hier au tribunal, un quarto de directrice d’écoles, un entrepreneur, un fournisseur de matériaux de construction, tous bluffés. A d’aucuns, l’Ong a promis la construction des modules de classes, à d’autres, des dons d’équipements. Ceci, moyennant un taux forfaitaire. Chez une des directrices par exemple, l’Ong a pris, 954 555fCfa pour la construction de deux modules de classes et autres. «Moi, ce qu’elle m’a pris, environne 800 000 F Cfa», affirme cette autre. «C’est le Ddemp (le Directeur  départemental des enseignements maternel et primaire de l’Ouémé Ndlr) qui nous avait conviés, nous directeurs d’écoles, à une réunion au cours de laquelle, il nous faisait comprendre qu’il y a une Ong qui, après l’aval du Ministère, est prête à accompagner les écoles dans la réalisation des  infrastructures et ce, contre un taux forfaitaire», avouent unanimement les directrices. Selon leurs propos, beaucoup d’écoles ont mordu à l’appât. «J’ai été sollicité pour des constructions. Ce que j’ai fait. L’Ong me doit plus de 17 000 000 F Cfa ; mais depuis 2016, on ne m’a rien payé», confie l’entrepreneur visiblement abattu. Quant au fournisseur de matériaux, l’Ong, raconte-t-il, lui doit 25 millions 454 500 F Cfa.La liste est longue et saignante. Sur les visages, c’était de la désillusion, des regrets de savoir qu’en réalité, les sous pris servaient, entre autres, à soigner le Pdg de l’Ong gravement malade.‘’Nefer Khenem’’ et ‘’Afrique Bien-être’’ont fait croire aux uns et aux autres que l’alouette pouvait leur tomber toute rôtie du ciel. Eux, hier,ont compris que ce n’était que du vent.

Cyrience KOUGNANDE