L’émission « 90 minutes pour convaincre » de radio Bénin a reçu ce dimanche Abraham Zinzindohoué, juriste, homme politique et ancien président de la Cour suprême et Serge Prince Agbodjan, juriste, acteur…

Propositions d’amendement à la Constitution: Les positions des juristes  Me Zinzindohoué et Prince Agbodjan

Propositions d’amendement à la Constitution: Les positions des juristes Me Zinzindohoué et Prince Agbodjan

L’émission « 90 minutes pour convaincre » de radio Bénin a reçu ce dimanche Abraham Zinzindohoué, juriste, homme politique et ancien président de la Cour suprême et Serge Prince Agbodjan, juriste, acteur de la société civile et expert en droits humains. Les deux hommes se sont exprimés autour du thème: Proposition d’amendements à la constitution : initiative salutaire pour le Bénin ou manœuvre politique ? Si le président Abraham Zinzindohoué est pour et demande que l’on poursuive dans le processus, l’acteur de la société civile, Serge Prince Agbodjan, se dit réticent et n’approuve pas la plupart des propositions A la question de savoir ce qui justifie l’introduction desdites propositions pour la révision de la constitution, le président Zinzindohoué a laissé entendre qu’il était déjà intervenu sur le sujet, et selon lui, « on ne peut déflorer la révision de la constitution du Bénin qu’en opérant que par de petites touches par des amendements dans les foras et les conférences ». Car, a-t-il souligné, « en voulant faire une révision massive, on se heurte à beaucoup de problèmes. Et c’est ce qui a été le cas lors de la première tentative où les députés ont voté non ». Il s’agit donc d’une révision ciblée. Ce qui l’enchante au point où, il dit  » espérer l’adhésion de tous les députés, surtout ceux de l’opposition ». « Ces amendements ont plus de chance d’être considérés comme une initiative salutaire plutôt qu’une manœuvre politique politicienne », a-t-il poursuivi.

De son côté, le juriste Prince Agbodjan a estimé qu’il s’agit d’une manière qui vise à tromper la vigilance des citoyens. « Nulle part dans la constitution on ne parle d’amendement. Il s’agit d’une révision et les conditions pour pouvoir la faire sont biens claires », a affirmé l’homme de droit, membre de la société civile selon qui la révision est très bien organisée dans la constitution. Il a déclaré par ailleurs que les acteurs qui ont fait cette proposition « n’ont pas été très rigoureux dans le travail ». Selon lui, il revient à suivre le chemin tracé en respectant les articles qui parlent de ladite révision. Épluchant chacun des points concernés par l’amendement, les deux invités de Henri Ndah Sékou et de Cécile Goudou Kpangon ont étalé leurs divergences. Sur la suppression de peine de mort, Prince Agbodjan a estimé qu’il s’agit d’une révision de  » confort ». Car, pour lui, le Bénin a déjà ratifié plusieurs traités sur la question et n’a plus besoin d’insérer un point du genre dans la constitution. « Puisque cela n’apporte plus quelque chose de nouveau », a-t-il fait savoir. M. Zinzindohoué, qui ne partage pas cet avis a rappelé que cette proposition n’est qu’un renfort donné à ce point des droits de l’homme.  » On veut inscrire cela dans les marbres afin que tous s’en rappellent au jour le jour, surtout que tous les Béninois sont devenus des  » constitutionnalistes » », a-t-il ironisé. Sur le deuxième point relatif à une meilleure représentativité des femmes au parlement, le Président Zinzindohoué a déclaré qu’il ne devrait pas poser de problèmes. Et que les acteurs politiques devraient montrer leur amour pour les femmes en leur accordant ce droit. Mais, le juriste Prince Agbodjan qui qui n’est pas contre, a souhaité que des dispositions soient prises pour que cela soit appliqué et que véritablement, les hommes respectent afin qu’on ne constate pas de tromperie au détriment des femmes. «Cette réforme posera de problèmes si les femmes n’ont pas une visibilité sur le mécanisme », a-t-il soutenu. Sur le troisième point concernant l’alignement des mandats et le regroupement des élections, le président Abraham Zinzindohoué soutenant la proposition a évoqué le coût qu’elle permettra de réduire, ce qui va aider à amorcer le développement. Un avis que Prince Agbodjan rejette, soulignant qu’on ne peut pas vouloir réduire des coûts et autoriser que l’on prolonge les mandats. «Ce faisant, les députés passeront 7ans avant que l’alignement ne se fasse», explique-t-il. Pour ce qui est de l’institution de la cour des comptes, le président Zinzindohoué a affirmé que cette proposition est la bienvenue. Idem pour le juriste Prince Agbodjan qui n’a pas manqué également d’émettre des réserves. «Si je n’avais vu rien que cette réforme, je serai bien à l’aise. Parce que lorsqu’on n’a pas discuté sur les questions et qu’on a des questions ouvertes comme l’augmentation du nombre de députés, et qu’on nous mélange ça, je commence par  m’inquiéter », a-t-il lâché demandant que l’on respecte vraiment la parole donnée.

 Anselme  HOUENOUKPO