Le dossier « siège du Parlement» n’intéresserait plus personne. Alors que le gouvernement l’avait évoqué en mai dernier et promis de saisir la justice, ce que d’aucuns appellent « scandale…

Lutte contre la corruption : Que devient le dossier « siège du Parlement»?

Lutte contre la corruption : Que devient le dossier « siège du Parlement»?

Le dossier « siège du Parlement» n’intéresserait plus personne. Alors que le gouvernement l’avait évoqué en mai dernier et promis de saisir la justice, ce que d’aucuns appellent « scandale », semble n’avoir pas encore connu d’évolution depuis cette spectaculaire plénière médiatisée, quelques semaines avant les débats sur la proposition d’amendement de la Constitution.  Des questionnements subsistent.

En mai dernier, le Conseil des ministres a débattu du dossier « siège du Parlement». Le gouvernement de la Rupture avait pris certaines décisions à l’époque à propos de ce scandale de plusieurs milliards de F Cfa. «Après analyse de l’ensemble de ce dossier, le Conseil des ministres a instruit les ministres concernés à l’effet de  renforcer la surveillance du chantier, situer les responsabilités des différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre du projet et engager des poursuites judiciaires contre les auteurs des malversations constatées », pouvait-on lire dans le relevé du Conseil des ministres du 16 mai 2018. Le conseil des ministres avait par ailleurs ordonné la résiliation à l’amiable ou par voie judiciaire des contrats relatifs aux travaux de construction du siège de l’Assemblée nationale et le recouvrement des sommes dues, de même que la réparation des dommages causés à l’Etat par le maître d’ouvrage délégué et les autres entreprises prestataires. Mais depuis, plus rien. Du moins, le public ne sait plus rien de ce scandale qu’on colle à l’ancien régime : celui de Yayi Boni. Il y a comme un silence assourdissant qui caractérise la gestion de cette affaire.  Dans le même temps, le gouvernement et la justice ont préféré accéléré la gestion d’autres dossiers d’audit concernant uniquement des députés de la minorité parlementaire. Les immunités parlementaires de Valentin Djènontin et d’Idrissou Bako ont été levées pour répondre de certaines accusations dans le dossier coton. Le député Mohamed Atao Hinnouho a également subi le même sort dans l’affaire de faux médicaments. Le dossier « siège du Parlement», lui, piétine. Il ne semble pas du tout avancer alors que les noms de plusieurs députés membres du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp) y seraient mêlés. Depuis le mois de mai, la justice que le gouvernement est sensé déjà saisir au sujet de l’affaire, n’a fait aucun point sur les actions menées pour rétablir la vérité. Jusque-là, en tout cas, aucun  député du Bmp n’a été interpelé. Aucun nom de député dudit bloc n’a été non plus cité à la Une de la presse. Qui a pris quoi en son temps et pour quelles réalisations sur le chantier ? Blackout sur tout ceci. Ce qui pousse certains observateurs à craindre que ce ne soit un scandale instrumentalisé à des fins politiques. Il faut en effet rappeler que ce vieux dossier a été discuté en Conseil des ministres à la veille du vote de la proposition d’amendement de la Constitution. Et, à cette plénière, presque tous les députés du Bmp étaient présents, même les plus absentéistes. Est-ce un épouvantail qui a été agité par le gouvernement, en prélude aux débats sur la proposition d’amendement de la Constitution, pour maintenir la pression sur les membres du Bmp qui seraient impliqués dans ce dossier scabreux avec pour objectif d’avoir la totalité de leurs votes ?  En tout cas, il semble qu’on devra attendre encore longtemps pour que toutes les responsabilités soient établies dans cette affaire de milliards.

Mike MAHOUNA