Les anciens ministres Barthélémy Kassa et Komi Koutché jouent les prolongations après la passe d’armes au sujet du Programme pluriannuel d’appui au secteur de l’eau et de l’assainissement (Ppea II)…

Politique nationale : Kassa –Koutché, la guéguerre se poursuit

Politique nationale : Kassa –Koutché, la guéguerre se poursuit

Les anciens ministres Barthélémy Kassa et Komi Koutché jouent les prolongations après la passe d’armes au sujet du Programme pluriannuel d’appui au secteur de l’eau et de l’assainissement (Ppea II) et les bouderies de la présidentielle de 2016. Le lundi dernier au Parlement, Barthélémy Kassa a partagé une réaction plutôt curieuse sur la gestion de la demande d’autorisation de poursuite de Komi Koutché adressée au Parlement. Une réaction qui atteste que les deux hommes s’apprécient peu.

Le lundi dernier, l’examen de la demande d’autorisation de poursuite  de l’ancien ministre Komi Koutché a été reporté. Le président de l’Assemblée nationale a dû prendre cette décision après avoir reçu certains documents des avocats de l’ancien ministre des Finances. Mais avant le report proprement dit, Barthélémy Kassa lâche quelques mots. Le député ne s’est pas opposé au report des travaux, mais il a critiqué la procédure imposée par Me Adrien Houngbédji. A l’entendre, contrairement au choix du président de l’Assemblée nationale, la Commission des lois n’a  pas à examiner les documents fournis par les avocats de Komi Koutché. Car, a-t-il expliqué, c’est en matière de levée d’immunité parlementaire que la loi demande à la Commission spéciale mise  sur pied d’écouter les mis en cause. Le seul cas qui offre, précisera le député Barthélémy Kassa, la possibilité aux mis en cause de produire des pièces pour se défendre. Selon lui, le cas en étude le lundi dernier était une demande de poursuite d’un membre du gouvernement devant la Haute cour de justice. Simple explication ou volonté de vite livrer un ancien collègue ministre à la justice? La réaction de Barthélémy Kassa a étonné plus d’uns puisqu’il était l’une des rares personnes à critiquer la procédure adoptée par le président Houngbédji. On notait chez lui une volonté de plonger un ancien ami. Et pour comprendre ce choix du député Kassa, il faut peut-être remonter à 2015.

Affaire Ppea II…

L’affaire Ppea II explique en partie la réaction de Barthélémy Kassa de ce lundi. En 2015, l’ambassade du Royaume des Pays-Bas au Bénin a révélé l’existence d’un détournement de l’aide qu’elle accorde aux populations béninoises. Il s’agissait d’un scandale de plusieurs milliards de francs Cfa. Ecouté en août 2015 par une commission spéciale chargée d’étudier la demande de levée de son immunité parlementaire, Barthélémy Kassa avait souligné à l’époque qu’il n’était pas celui qui signait  les décaissements qui allaient au trésor public et que c’était plutôt son ancien collègue des Finances qui s’occupait de cette tâche. Il voulait donc plonger son ancien collègue qui n’était que Komi Koutché. Si Barthélémy Kassa devait donc être condamné, il ne voulait pas être le seul ministre à se retrouver derrière les barreaux. Komi Koutché qui de son côté, a toujours nié être impliqué dans ledit scandale, se prononcera une énième fois sur le sujet en mai 2017 sur Radio France internationale (Rfi) après le non-lieu imposé par la justice béninoise. « Ça a été trop facile de dire que c’est le ministre de l’Economie et des finances qui avait autorisé la modification de crédits. Non le ministre des Finances a accédé à une demande dûment justifiée sur la base des dispositions règlementaires qui étaient en cours au moment de la demande provenant du ministère sectoriel en question parce que les conditions qu’il fallait étaient remplies. Maintenant, pourquoi l’avis du bailleur n’a pas été requis? Ça, c’est au ministère sectoriel qu’il faut aller poser la question», avait-il déclaré comme pour répondre au député Barthélémy Kassa. L’affaire Ppea II avait donc pourri la relation qu’entretenaient les deux hommes. Par ailleurs, la désignation de Komi Koutché en 2015 comme le candidat de l’ancienne majorité parlementaire au poste de président de l’Assemblée nationale a visiblement exacerbé les rapports des deux hommes. La présidentielle de 2016 étalera davantage leurs divergences.

2016…

En 2016, Komi Koutché a raté de peu le fauteuil présidentiel. En tout cas, il aurait pu être tout au moins le candidat de la mouvance présidentielle. Mais son âge a été un vrai handicap pour lui. Au moment des élections, il n’avait pas les 40 ans révolus exigés par la Constitution du 11 décembre 1990. Mais à part lui,  il y avait d’autres barrons des Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) qui lorgnaient le pouvoir présidentiel. Il y avait entre autres Nassirou Bako Arifari, François Abiola ou encore Barthélémy Kassa qui nourrissaient l’ambition de succéder à Yayi Boni. Mais le leader des Fcbe leur imposera Lionel Zinsou. Très tôt, Komi Koutché, fin stratège, applaudit le choix de Yayi Boni. Il réussit même à se faire désigner Directeur de campagne du candidat des cauris. Il sillonnera tout le Bénin avec Lionel Zinsou. Déçus, les autres prétendants ne mouilleront pas vraiment le maillot. Barthélémy Kassa déjà engagé dans une bataille avec Komi Koutché ne s’affichera pas réellement avec lui durant toute la période électorale. Leurs querelles déteindront donc sur les résultats de la présidentielle. Mais elles ne s’arrêteront pas en 2016. Au Parlement actuellement, Barthélémy Kassa fait partie du bloc des députés qui veut livrer à tout prix Komi Koutché à la justice. De plus en plus identifié comme l’alternative au futur candidat de la Rupture à la présidentielle de 2021, il pourrait être bientôt éliminé de la compétition politique. Pour le moment, la guéguerre se poursuit entre les deux hommes. Le dernier ministre des Finances de Yayi Boni aura peut-être la chance de rebondir. Mais il faut déjà rappeler que lorsqu’il s’est agi de lever l’immunité de Kassa, Komi Koutché à travers son suppléant a voté contre. Kassa à son tour pourrait-il faire de même ? Les prochains jours nouis édifieront.

Mike MAHOUNA