Saisie d’une requête du 03 août 2012  par  laquelle   PRINCE AGBODJAN, demandait que soit déclaré contraire à la constitution,   les propos   graves de Boni YAYI  menaçant la paix publique, la…

Bénin/  Incitation au régionalisme et à la haine tribale : Quand l’histoire rattrape Robert Dossou

Bénin/ Incitation au régionalisme et à la haine tribale : Quand l’histoire rattrape Robert Dossou

Saisie d’une requête du 03 août 2012  par  laquelle   PRINCE AGBODJAN, demandait que soit déclaré contraire à la constitution,   les propos   graves de Boni YAYI  menaçant la paix publique, la Cour Constitutionnelle du Bénin a manqué une occasion mémorable  de régler une fois pour toute la question du régionalisme . Pour avoir caressé Boni Yayi dans le sens du poil, quand il a affirmé urbi et orbi,  « Je leur opposerai les miens du Bénin profond et ils vont s’affronter » et « je peux leur faire mal, ces petits-là qui m’insultent tous les matins », la cour Dossou a laissé la  tumeur se généraliser davantage. L’initiative de Nikki qui a conduit à l’arrestation de Korogone Sabi Sira, n’est que la suite logique des décisions controversées et flatteuses, rendues par  Robert Dossou, guidé par le souci de ne jamais froisser son bienfaiteur, qui auparavant affirmait selon Rosine Soglo, vouloir mettre le pays à feu et à sang.

Le Bénin n’avait jamais été autant éprouvé par les dérives régionalistes ces dernières années. Le dernier mandat du Président Boni Yayi a réveillé les instants grégaires, et régionalistes d’une bonne partie de béninois. C’est dans l’administration  publique que le constat était plus patent. Elle a été en effet, bourrée rapidement  de fonctionnaires  issus de la même région que  celle du Chef de l’Etat. Beaucoup s’amusait à dire que la gouvernance Yayi était le « règne des Tchabès ».

Boni Yayi n’a donc pas hésité à protéger les « siens ». Au lieu d’incarner l’unité nationale  il a plutôt appelé à la désunion et la division des fils d’un même pays , en  incitant à l’affrontement d’une partie des Béninois contre l’autre  , ainsi qu’à la haine et à la violence.

Pourtant l’article 36 de la constitution est on ne peut plus clair. « Chaque Béninois a le devoir de respecter et de considérer son semblable sans discrimination aucune et d’entretenir avec les autres des relations qui permettent de sauvegarder, de renforcer et de promouvoir le respect, le dialogue et la tolérance réciproque en vue de la paix et de la cohésion nationale. » Il est donc évident qu’on ne peut construire une nation en ayant la mémoire courte ou en réveillant les vieux démons de la division.

Mais c’est sur ce terrain que le politique excelle. Cette boutade de Boni Yayi camouflée par la Cour Constitutionnelle a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, puisque selon le célèbre adage l’assassin revient sur les lieux de son crime.

Robert Dossou  a donné  l’occasion à Boni Yayi et à son entourage de penser que les instincts régionalistes peuvent  être tolérés. En effet l’initiative dite de Nikki ne saurait être totalement étrangère au Président d’honneur des FCBE. Le lien a été vite établi qu’un de ses anciens ministres et membre de son parti, en l’occurrence Komi KOUTCHE, serait derrière ces jeunes et s’apprêterait à faire l’initiative de New York dans les jours à venir.

Le jeu flou de la cour constitutionnelle après les dérives verbales de Boni Yayi sont à la base des agitations remarquées aujourd’hui autour de la question du régionalisme. Un fléau pourtant exorcisé dans la constitution du Bénin.

Les jeunes de Nikki qui ont appelé à la division et au rejet des autres communautés, ne peuvent s’arroger seuls la souveraineté nationale. Elle appartient au peuple selon la loi fondamentale et aucune fraction du peuple, aucune communauté, aucune corporation, aucun parti ou association politique, aucune organisation syndicale ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.

Daniel TOGNANDAN