30 jours déjà que la fermeture des frontières nigérianes, prévue pour durer 28 jours, perdure. Du côté du Bénin, l’impact se fait déjà ressentir et ce, dans les domaines de…

Fermeture des frontières nigérianes : Comment l’économie béninoise s’anémie

Fermeture des frontières nigérianes : Comment l’économie béninoise s’anémie

30 jours déjà que la fermeture des frontières nigérianes, prévue pour durer 28 jours, perdure. Du côté du Bénin, l’impact se fait déjà ressentir et ce, dans les domaines de la vie économique et sociale. Si dans les plus brefs délais des mesures idoines ne sont pas prises pour permettre la réouverture desdites frontières, l’économie béninoise en sera affectée voire anémiée. Le commerce, le port, la douane, aucun secteur ne sera épargné.

 

Les griefs du Nigéria en ce qui concerne certains produits prohibés interdits d’accès sur le territoire ne datent pas d’’aujourd’hui. En effet, conformément à l’accord de Badagry, signé le 14 août 2003, et en application de l’accord tripartite conclu entre le Bénin, le Ghana, le Nigéria et le Togo, un certain nombre de produits prohibés sont interdits sur le sol nigérian. Et c’est en application rigoureuse de cet accord que le président Buhari a décidé depuis 30 jours, de garder fermées ses frontières avec les pays frontaliers au Nigeria dont le Bénin surtout. Entre autres produits prohibés, les huiles végétales en vrac ou en futs, la spirale pour la répulsion des moustiques, les pneus réchappés ou usagés, les machines à sous, la friperie, les réfrigérateurs ou climatiseurs usagés, les appareils compresseurs usagés, le ciment ensaché, les véhicules de toutes sortes par voie terrestre, les véhicules de plus de 8ans d’âge, les poulets congelés, le manioc et produits dérivés, l’eau minérale, les spaghettis et nouilles, les biscuits de toutes sortes, les cahiers, les bières en bouteilles ou ne cannette… Une bonne trentaine de produits bien prisés dans les transactions commerciales entre le Bénin et le Nigéria et qui, pour la plupart, prennent par le Port de Cotonou. Ce Port, poumon de l’économie béninoise, en gestion déléguée avec le port d’Anvers depuis le 04 avril 2018 grâce au contrat de gestion par délégation signé entre l’Etat béninois et ladite Société. Puisqu’il est indéniable que le Port de Cotonou, c’est plus d’importations de ces produits qui sont réexportés vers le Nigeria et les pays de l’hinterland, la mobilisation des ressources à partir du Pvi (Programme de vérification des importations) et des régies financières notamment la Douane, souffrira énormément de cette décision prise par le géant de l’Est du Bénin. Des indiscrétions annoncent déjà des baisses de recettes douanières de l’ordre de 60 à 70% depuis la mise en application de cette décision. Il n’est donc pas exagéré de dire déjà que le Budget de l’Etat exercice 2020 va sérieusement en souffrir, avec tous ses corollaires. Les cris des populations se feront donc entendre davantage.

Pourquoi les cris des commerçants seront plus perceptibles…

 

Avec l’interdiction des produits phares, faisant objet d’échange entre le Bénin et le Nigéria d’une part et entre le Bénin et les autres pays de la sous-région d’autre part, c’est le commerce sous-régional qui prend un coup. Les commerçants ou opérateurs économiques qui importent ces produits et les réexportent vers les marchés régionaux ne pourront plus le faire dans les mêmes proportions. La Douane béninoise qui a publié la liste de produits concernés est instruite déjà à y veiller rigoureusement. Quand il n’y aura plus d’importation, et déjà que le stock en cours est en souffrance dans les magasins et véhicules poids lourds aux frontières, ce sera la mévente, le pourrissement de certains produits qui n’auront plus preneurs. D’ailleurs, pour les quelques jours seulement de fermeture, ce sont des images insoutenables de produits alimentaires en état de dégradation avancée et des populations déboussolées ne sachant à quel saint se vouer, qu’on voit. Sans risque de se tromper, les jours à venir, si rien n’est fait, les cris et lamentations seront encore plus perceptibles dans le rang des producteurs et commerçants qui n’ont que comme marché d’écoulement, le Nigeria. Conséquences, des institutions de microcrédits et les banques vont aussi en souffrir puisque ceux et celles qui ont contracté des prêts vont honorer difficilement à leur engagement de rembourser. Une grave crise économique s’annonce, ce qui n’est pas de nature à apaiser le climat social.

Recours à plus d’emprunts obligataires ?

 

Avec la fermeture des frontières nigérianes, le déficit budgétaire risque de se creuser davantage. Le gouvernement aura forcément besoin de combler le gap. Mais la question est de savoir comment ce gap financier sera comblé. Les partenaires au développement vont-ils accepter faire plus de sacrifices qu’ils ne le font déjà ? Quand on sait que malgré leurs apports ou contributions, le gouvernement de Patrice Talon a eu recours fréquemment aux emprunts, qu’en  serait-il alors de la contingence actuelle ? Des pans du Pag (Programme d’action du gouvernement) doivent être concrétisés, des mesures sociales ou de soutien sont attendues du gouvernement au profit des producteurs et commerçants ou opérateurs économiques pour les soulager dans la situation actuelle, le Bénin aura donc besoin de plusieurs milliards de FCfa pour y arriver. L’option de recourir davantage aux emprunts obligataires pour panser la plaie pourrait être envisagée. Il est donc à craindre que le Bénin ne verse dans l’engrenage d’un surendettement insupportable pour les populations.

 

J.B.