C’est un combat entre le cœur et la raison. Pendant que le cœur de Adrien Houngbédji lui recommande de basculer une nouvelle fois dans l’opposition, sa raison lui impose le…

Clarification de sa position sur l’échiquier politique : Le Prd assis entre deux chaises

Clarification de sa position sur l’échiquier politique : Le Prd assis entre deux chaises

C’est un combat entre le cœur et la raison. Pendant que le cœur de Adrien Houngbédji lui recommande de basculer une nouvelle fois dans l’opposition, sa raison lui impose le soutien aux actions du gouvernement. Sans coup férir, il a tranché. Jusqu’à nouvel ordre, le Parti du renouveau démocratique (Prd) demeure dans la grande famille de la mouvance présidentielle. Mais, à quel prix ? Et surtout, pourquoi ?
Samedi dernier, le parti arc-en-ciel a réussi comme il en a l’habitude le pari de la mobilisation. Le stade Charmes de Gaulle de Porto-Novo, noir de monde, a accueilli la grande famille des tchoco-tchoco, l’un des rares partis qui ait résisté à la réforme du système partisan. Pour la 13ème fois, les militants se sont retrouvés dans le cadre de l’université de vacances. Au-delà des retrouvailles, des sourires et des traditionnels bains de foule, le discours de Adrien Houngbédji était très attendu. Comme à l’accoutumée, il a répondu présent à l’appel. Son adresse était d’autant plus attendue qu’il s’est enfermé dans un silence incompréhensible depuis que le parti qu’il préside avec des fortunes diverses depuis bientôt trente ans ait été écarté des législatives de avril 2019 et absent du gouvernement malgré son appartenance à la mouvance présidentielle. Au pupître, Adrien Houngbédji n’a pas usé de la langue de bois même s’il s’est contenté de dire certaines vérités à mots couverts.

Réalisme oblige
Au prime abord, le leader des tchoco-tchoco se veut réaliste. « Nous sommes le dos au mur…Mais être le dos au mur, c’est une bonne position pour partir à l’attaque, pour prendre de l’élan, pour gagner ». Depuis sa création, le Prd n’aura jamais été aussi fragilisé et isolé comme c’est le cas actuellement. Conscient de cette situation plutôt inconfortable, Houngbédji se veut rassurant. Pour lui, il faut reculer pour mieux sauter au terme des élections municipales, communales et locales de 2020. Abordant la question qui fâche, celle de l’exclusion du parti aux dernières élections, celui qui a occupé le perchoir au cours de la 7ème législature se veut pédagogique. Il part d’une interrogation. « Pourquoi ce parti-là a-t-il été exclu de la compétition électorale, alors que les premiers, les tout premiers, nous avons obtenu le certificat de conformité ? ». Mais, ne voulant pas enfoncer le clou, il se ravise. « Ne cherchons pas à savoir. Ne cherchons pas à parler. A vouloir le faire, à vouloir parler, nous risquons de réveiller les vieilles querelles. Ce n’est pas nécessaire. Ce qui s’est passé appartient au passé. Mettons-le sur le compte des erreurs humaines d’appréciation, sur le compte des malentendus ».

Un soutien indésirable ?
Avec un brin de sagesse et de résignation, le président du parti tente tant bien que mal de cicatriser les plaies encore ouvertes. « Je sais que beaucoup d’entre vous sont frustrés de constater l’espèce de dédain dans lequel nous sommes tenus, malgré le soutien franc, risqué et loyal que nous avons apporté au gouvernement pendant toute la 7ème législature. Je sais que beaucoup d’entre vous sont tentés, à cause de cette frustration, de renier la ligne d’Ifangni et de basculer dans cette opposition que nous avons rejetée avec force…Ne tombons pas dans le piège. Gardons la tête froide…Avançons ». A défaut du mieux, on se contente du peu, semble dire Adrien Houngbédji. Comme ce fut le cas lors de la présidentielle de 2016 où, contre toute atteinte, le parti a jeté son dévolu sur Lionel Zinsou, le président du parti donne les raisons de son soutien au gouvernement. « Continuons d’apporter au gouvernement et à Patrice Talon notre soutien franc et loyal, car les villes et les villages où nous sommes influents ont eux aussi, besoin de routes, de ponts, de maternités, d’écoles, de centres de santé, d’eau et d’électricité ». Même si plus tard, il reconnaît que la satisfaction des aspirations des populations n’est pas limitée à ces points, il préfère néanmoins continuer de clamer son appartenance à la mouvance présidentielle.

Choix de raison
En réalité, le Prd n’a digéré ni son exclusion des législatives, ni son absence au gouvernement, ni les coups bas dont il fait l’objet au sein même des soutiens du gouvernement. Houngbédji fait juste contre mauvaise fortune bon cœur. Du côté de l’opposition qu’il a d’ailleurs pratiquée pendant longtemps, le cœur n’est pas à la joie. Les dissensions font rage et cette division profite au gouvernement. Ne voulant pas se jeter dans l’inconnu au risque de perdre davantage de plumes, le parti-arc-en ciel se contente de sa place inconfortable auprès de Patrice Talon. Mais, à tout moment, cela pourrait changer. »Nous ferons le bilan », a-t-il martelé à plusieurs reprises. A quel moment ? Le suspens demeure entier.