A Glo-Djigbé, à moins de 40 km de Cotonou, une nouvelle ville se met en place. La Zone économique industrielle se métamorphose de l’intérieur. Vendredi 14 janvier dernier, des investisseurs…

Zone économique spéciale de Glo-Djigbé : La ville industrielle se met en place (Les investisseurs nationaux invités à se positionner)

Zone économique spéciale de Glo-Djigbé : La ville industrielle se met en place (Les investisseurs nationaux invités à se positionner)

A Glo-Djigbé, à moins de 40 km de Cotonou, une nouvelle ville se met en place. La Zone économique industrielle se métamorphose de l’intérieur. Vendredi 14 janvier dernier, des investisseurs nationaux en ont fait la découverte.

A Glo-Djigbé, le berceau de l’industrie béninoise prend corps. De l’extérieur, les usagers de la route nationale ne perçoivent que la grande entrée principale et le géant bâtiment qui servira de siège se mettre en place. Mais, de l’intérieur s’étend toute une ville-usine. Les travaux d’aménagement ont bouleversé en quelques mois le destin de cet ensemble de savanes, forêts et parcelles. Un tour en bus, en une demi-heure, ce vendredi 14 janvier 2022, permet de se rendre compte que le gouvernement fait de ce site l’une des grandes attractions industrielles de la sous-région.
Les secteurs sont reliés les uns aux autres par des doubles voies, en bitume. Des ronds-points, il y en a tellement, forçant le visiteur à s’accrocher à des repères pour ne pas se perdre, et à très bientôt, à des signalisations routières qui ne tarderont pas à se mettre en place. Les lampadaires géants se succèdent aussi. Chacun d’eux couvre à peu près 20 hectares, et on en compte vingt-deux. « Les travaux ici se déroulent 24h/24. Il n’y a pas un moment où l’on arrête les travaux pour reprendre après. Tous les jours, même le dimanche, les gens travaillent ici. C’est la raison pour laquelle, depuis mars 2021, on a beaucoup avancé, malgré 85 jours de pluies », souligne Laurent Gangbes, directeur général de l’Agence de promotion des investissements et des exportations (Apiex).

Tout pour accueillir les industries

L’aménagement des 400 premiers hectares de cette zone économique spéciale de 1 640 hectares est avancé. Une caserne moderne de pompiers y est même déjà installée, de même que des entrepôts. Déjà, une vingtaine d’investisseurs ont réservé des parcelles pour s’installer.
Le taux d’avancement des travaux est de 70 % tandis que le taux d’occupation de cette zone est de 90 %. « Vous êtes ici au cœur de l’industrie du Bénin. D’ici 10 jours, 30 000 m² d’entrepôts seront achevés. Et avant fin mai, nous aurons à peu près 70 000 m². Dans ces entrepôts, il y aura des unités de transformation de noix de cajou, de soja, etc. qui vont s’installer. D’autres entrepôts vont permettre d’approvisionner la zone en matières premières pour les entreprises », précise Létondji Béhéton, directeur général de la Société d’investissements et de promotion de l’Industrie (Sipi-Bénin).
D’ici quelques semaines, les investisseurs vont démarrer les installations de leurs unités. Sur le site, tout est structuré pour donner de la place à toutes les composantes du tissu industriel et de services. Selon Létondji Béhéton, l’autonomisation énergétique est une priorité dans cette ville industrielle. Un parc solaire est annoncé. « Nous aurons à peu près 80 Mw d’ici mai. Ensuite, il y aura le développement du parc solaire avec 300 Mw. Dans le Pag 2, il est prévu, la construction dans cette zone d’une centrale thermique », précise-t-il.

Les investisseurs nationaux attendus

Compte tenu de l’avancement des travaux, les investisseurs locaux ont été conviés, vendredi, sur le site pour comprendre le projet, estimer l’impact des mutations qu’engendre le développement de la zone. A l’occasion, étaient présents le Conseil national du patronat du Bénin (Cnpb), la Confédération nationale des employeurs du Bénin (Coneb), l’Ordre national des architectes et urbanistes du Bénin (Onaub) et l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Bénin (Apbef). «Notre ambition, c’est de faire en sorte qu’à un moment donné, les chefs d’entreprise de notre pays puissent trouver des opportunités de business, d’activité, d’industrie, de transformation, dans cette zone qui est faite également pour eux », explique le directeur général de l’Apiex.
La série de découvertes va se poursuivre tout au long des mois de janvier, février et une partie de mars. En dehors des opérateurs économiques, les représentations diplomatiques et les différents corps qui peuvent être intéressés par l’installation dans une telle zone y sont attendus. « Nous voulons faire en sorte que, conformément au Programme d’action du gouvernement 2, l’industrialisation de notre pays avance, progresse et que les matières premières que nous produisons puissent être transformés sur place, avec pour corollaire, la création de valeurs, de richesse et d’emplois», insiste Laurent Gangbes.
Dans l’aménagement, il est prévu des zones de support, notamment des zones réservées aux différents services qui peuvent s’installer. En dehors du parc textile, il y a le parc cajou, le parc automobile, véhicule électrique. Une zone commerciale est aussi prévue, de même que des infrastructures pour faciliter le trafic. À Glo-Djigbé, tout y est, pour une ville industrielle attractive?

———————————– Ils ont dit… ———————————–

Luc Gnancadja, architecte : 
« On voit des dispositions pour minimiser l’impact environnemental »

Luc Gnancadja, architecte

J’ai vu ici une démarche cohérente visant à créer un écosystème qui va permettre de générer la valeur ajoutée par rapport aux avantages comparatifs de notre pays. Quand on regarde le monde, on voit que la globalisation est en train de se régionaliser. Il faut que nous puissions mettre en place l’écosystème qui permette d’attirer les investisseurs qui vont créer de la valeur ajoutée par rapport à nos matières premières. Et ici, j’ai vu un ensemble d’investissements, un ensemble de cadres administratifs et législatifs qui permettent d’attirer les investisseurs.
Ce que j’apprécie aussi, c’est que cette rencontre permet de mettre le pied à l’étrier aux acteurs nationaux, que sont les prestataires de services, les investisseurs béninois. C’est orienté vers les investisseurs qui sont intéressés et qui ont compris les avantages comparatifs. Il faut cesser d’exporter la matière brute et transformer. La démarche est cohérente. Ensuite, pour quelqu’un qui est attaché au respect des principes écologiques, le dispositif mis en place, le mix énergétique qui va permettre une faible consommation de carbone. On voit aussi des dispositions pour minimiser l’impact environnemental. C’est ce que j’ai vu et je ne peux que m’en réjouir.

Madjidi Zin, directeur exécutif de la Coneb
« C’est du concret et il faut féliciter le gouvernement »

Madjidi Zin, directeur exécutif de la Coneb

Ce que nous avons vu, c’est du sérieux. C’est fait avec méthode et professionnalisme. Cela augure de très belles perspectives pour notre pays. Évidemment, lorsque vous constatez que la majeure partie de ceux qui sont déjà là, ce sont des entreprises étrangères, ce serait bien pour des raisons de patriotisme de faire en sorte que des investisseurs privés béninois se bousculent ici pour que des emplois soient créés par les Béninois et pour les Béninois. Il faut convaincre le maximum de Béninois sur ce qui se fait ici afin qu’il y ait une mobilisation nationale. C’est du concret et il faut féliciter le gouvernement. Mais nous disons que c’est important d’impliquer le secteur privé local et d’encourager l’accroissement de l’investissement privé national. Ceci va permettre que le savoir-faire international qui arrive reste également au Bénin, afin qu’il y ait un transfert de savoir-faire et de technologies. C’est très important. J’imagine que c’est dans la tête des gouvernants, mais il nous appartient de le leur rappeler pour qu’ils prennent toutes les dispositions pour faciliter l’investissement des entreprises béninoises.