Si j’étais militant FCBE, je ne sais pas si j’aurais vraiment participé à la « tournée de remobilisation » que l’alliance organise ce mois-ci. Par contre, j’aurais effectivement participé au congrès prévu pour bientôt. Et je m’en vais vous dire pourquoi.
Lorsque l’on est un parti au pouvoir et que l’on a subi un revers électoral majeur, tel que les FCBE l’ont connu en 2016, la première chose à faire pour ne pas gaspiller le reliquat de militants qui croit encore aux idéaux de naguère (si vraiment il y avait d’idéaux), c’est d’abord de faire le bilan, d’asseoir un diagnostic. Depuis 2016, l’alliance restée fidèle à l’ancien Chef de l’Etat, nous a habitués à jouer le rôle d’un parti d’opposition. Tout en fermant les yeux ostensiblement sur les départs massifs qui se multiplient en son sein, le groupe n’a pas daigné regarder dans le miroir de ses errements qui l’ont mené à la débâcle. Les FCBE se sont automatiquement lancés dans l’opposition farouche que l’on sait, profitant des erreurs du régime Talon. L’impopularité de ce régime a été exploitée à fond, un peu comme si les FCBE devaient d’abord jouer le rôle de l’opposition, au lieu même de se reconstruire à l’interne pour se doter d’un nouveau repère. Non, fonçant tête baissée dans la politique politicienne, usant à fond de l’arme de la manipulation, les responsables ont carrément oublié que nous sommes bien loin des prochaines consultations. Et que surtout le plus important n’est pas de ruer dans les brancards, mais bien de se réorganiser pour remporter les prochaines échéances.
Pendant que les principaux responsables, à la solde de qui l’on sait, passent leur temps à chercher des poux sur le crâne de Talon, les rangs de la formation se vident. Le dernier départ public est celui du Fard-Alafia resté un allié historique de l’ancien régime. Derrière cet épisode public, subsistent d’autres départs silencieux. Au sein des députés FCBE, une bonne partie s’en vont sans crier gare. On constate simplement qu’ils commencent à prendre langue avec les pontes du Nouveau Départ. Dans l’ombre. Ce qui se passera, c’est que beaucoup partiront encore, à mesure que Patrice Talon corrigera ses erreurs de débutant. Mais là n’est pas le problème.
Le vrai problème, c’est qu’à force de chercher coûte que coûte à faire pièce aux options du gouvernement, la formation n’a pas pris le temps de s’organiser à l’interne. Elle n’a pas pris le temps de choisir une nouvelle vision et s’est liquéfiée en quelques mois. Le fiasco de la marche qu’elle a organisée avec les syndicats et d’autres forces politiques fin juin, en est le signe le plus patent : FCBE, c’est la déchéance. C’est un paradoxe, lorsqu’on connait les efforts surhumains qui sont faits pour créer la révolte populaire dans le pays. Mais c’était bien prévisible, en l’absence d’une réorganisation interne. On a vite fait de croire que le peuple des réseaux sociaux, chauffé à bloc par des individus payés pour assurer l’œuvre d’intoxication en permanence, que donc cet envahissement des réseaux sociaux faisait peuple. Qu’il faisait majorité écrasante de la population : il a échoué. L’échec consommé, le prochain congrès devra faire ce que les militants les plus ordinaires réclamaient depuis longtemps. Autrement dit, la tournée de remobilisation n’a sa place nulle part dans une réflexion stratégique pour l’avenir.
Ce que je voulais dire, c’est que les FCBE peuvent encore jouer un rôle de premier plan si elles cessaient d’être un instrument aux mains d’un seul individu dont la volonté d’assurer ses arrières n’est plus à démontrer. Libellée de cette manière, cette idée peut paraître irréaliste, tant l’obséquiosité légendaire des responsables FCBE vis-à-vis de leur leader, est connue. Mais au fond, les incohérences qui ont conduit à la débâcle de 2016, ont toutes les chances de reprendre. Et avec elles, l’explosion. A moins d’un improbable entêtement du gouvernement dans les méthodes décriées, Patrice Talon peut encore remonter la pente dans l’opinion. Il ne lui reste plus qu’à écouter les cris de détresse de ses concitoyens les plus vulnérables, pour ridiculiser cette diabolisation.
Au lieu de chercher une stratégie inutile de déstabilisation, les FCBE devraient d’abord se réorganiser pour ne plus subir une seconde (et sans doute dernière) débâcle électorale, en 2019.
Par Olivier ALLOCHEME