Entre Bruno Amoussou et Emmanuel Golou, plus rien ne va. Le contrôle de la présidence du Parti social-démocrate (Psd) oppose les deux anciens complices. Les divisions sont tellement profondes que…

Crise au Psd : Jusqu’où iront ces complices d’hier?

Crise au Psd : Jusqu’où iront ces complices d’hier?

Entre Bruno Amoussou et Emmanuel Golou, plus rien ne va. Le contrôle de la présidence du Parti social-démocrate (Psd) oppose les deux anciens complices. Les divisions sont tellement profondes que nul ne peut présager actuellement la suite de ce duel fratricide.

Le Psd traverse une mauvaise passe. Deux figures de proue de cette grande formation politique alimentent une crise qui s’aggrave de jour en jour. Emmanuel Golou et Bruno Amoussou ont pendant longtemps affiché leur entente même si tout n’allait très bien au sein du parti. Si on doit se référer aux évènements récents, il faut remonter à 2015. En effet, après avoir pris la tête du Psd en 2012 en tant que président intérimaire, Emmanuel Golou a été élu président lors du congrès de 2015 en succédant ainsi à son mentor Bruno Amoussou. La même année, Bruno Amoussou  se fait réélire député. Emmanuel Golou, lui, ne s’est pas présenté aux législatives. A en croire certaines indiscrétions, il avait décidé de réserver ses énergies pour la présidentielle de 2016. Il nourrissait la volonté de défendre les couleurs de l’Union fait la Nation (Un), l’alliance politique à laquelle appartient le Psd.  Les deux hommes auraient même trouvé un accord  par rapport à cette préoccupation. Mais en mars 2016, les membres de l’Un n’ont pu réussir à accorder leur violon. Emmanuel Golou qui se voyait déjà dans la peau du candidat unique des Unionistes  ne sera pas désigné. L’homme qui soutenait avoir répondu à tous les critères de l’Union, s’était senti trahi. L’Un n’a pu avoir de candidat lors du premier tour de la présidentielle de 2016. Le président Bruno Amoussou avait même appelé dans la foulée les militants à voter à un candidat de leur choix sauf celui soutenu par l’ancien président Yayi Boni. A en croire plusieurs sources, Emmanuel Golou a considéré cette position de son « ancien ami » comme un coup de poignard dans le dos. Depuis, ses proches et lui ont commencé à prendre leur distance avec les activités de l’Union, et ce même après la victoire de Patrice Talon  pour qui les Unionistes ont voté au second tour. En 2017, une crise  ouverte nait au sein du parti. Alors que les membres proches d’Emmanuel Golou projetaient l’organisation d’un congrès extraordinaire, d’autres militants du même parti plutôt fidèles à Bruno Amoussou dénoncent la mauvaise gestion d’Emmanuel Golou et demandent le report du congrès. Ces derniers organisent un Conseil national le 26 juin 2017, destituent Emmanuel Golou et nomment Clément Houinou Ebo président par intérim. Ils saisissent par la suite la justice, demandent et obtiennent l’interdiction du congrès extraordinaire annoncé par leurs adversaires. Le 20 juillet, l’interdiction est levée par la justice. Deux jours après, Emmanuel Golou et les siens organisent leur congrès. Ils ignorent les actes du Conseil national du 26 juin et reconduisent leur leader à la tête du Psd. De leur côté, les fidèles de Bruno Amoussou tiennent une rencontre politique le 23 juillet 2017, condamnent « le rassemblement clandestin » de leurs adversaires  et révèlent leur volonté d’organiser les 11 et 12 août 2017 un congrès extraordinaire. Dans la nuit du 23 juillet 2017, un document du ministère de l’Intérieur datant du 18 juillet 2017 sera publié.  C’est une lettre qui démontre que la déclaration des décisions du congrès de janvier 2015 ayant consacré l’élection du président Golou à la tête du Psd, est faite hors délai et reste non conforme à la loi. Le ministre de l’Intérieur a rappelé dans cette même lettre que Clément Houinou Ebo reste  le président intérimaire du Psd. Le ministre de l’Intérieur a pris  position au profit du camp Bruno Amoussou. Mais la bataille entre ces deux frères semble visiblement loin de connaître son épilogue. C’est un conflit sérieux dans lequel le vaincu risque de perdre une vieille machine politique, des militants, mais aussi du terrain politique. Face à ces enjeux, Emmanuel Golou n’abandonnera pas aussi facilement ce combat. Il pourrait décider de saisir à nouveau la justice si ce n’est pas encore fait. Seule la justice établira effectivement la vérité dans un duel dans lequel se sont engagés deux vieux routiers de la politique.

Mike MAHOUNA