Les populations de Malanville ne sont pas épargnées par la montée des eaux du bassin du fleuve Niger. Dans leurs rangs, c’est le désespoir. Au regard des dégâts matériels et des pertes en vie humaine que ces inondations leur ont déjà occasionnés, elles restent inconsolables. Les pluies se faisant toujours diluviennes, le pire est encore à craindre.
Depuis quelques semaines, la commune de Malanville vit des moments difficiles avec le débordement du fleuve Niger et de ses affluents. Avec à leur tête le maire Inoussa Dandakoé, les membres de la Plateforme communale de réduction des risques des catastrophes et d’adaptation aux changements climatiques sont descendus sur le terrain, vendredi 8 septembre dernier. C’est pour constater et évaluer l’ampleur des dégâts. Constitués en deux groupes, le premier s’est rendu à Goroudjinder et le second, vers Harobanda, Kotchi, Garou et Madecali.
Selon le premier point effectué, le bilan des désagréments causés par les inondations aux populations des localités sillonnées est très lourd. On déplore plusieurs habitations effondrées et déjà, plus de 300 ménages sans-abris enregistrés, des hectares de cultures de riz, de maïs et de sorgho détruits par les eaux en furie, ainsi que la volaille et des ruminants emportés. Ce bilan n’est que provisoire, puisque des zones sont encore inaccessibles.
L’heure est désormais à la sensibilisation des populations. On leur apprend la conduite qu’elles doivent adopter. En termes de matériel de couchage et ce qu’il faut comme feuilles de tôle, l’Etat s’est également employé à mettre le minimum à leur disposition. Il s’agit de soulager leurs souffrances.
Même des animaux sauvages ont été délogés de leurs milieux. Tel est le cas d’un hippopotame aperçu dans l’eau du fleuve.
Dans l’arrondissement de Garou, l’inondation a déjà fait cinq décès. De retour de leurs champs situés à quelques kilomètres de leur village, les cinq personnes ont trouvé la mort par noyade dans l’après-midi du samedi 9 septembre dernier. Avec la montée des eaux, leur pirogue a chaviré. Ils étaient neuf à son bord. Alertés, tout leur village et les pêcheurs ont été mis à contribution, dimanche 10 septembre dernier, pour les retrouver. Leurs corps remis à leurs parents, ils ont aussitôt été inhumés.
Informé, le préfet de l’Alibori, Moussa Mohamadou, s’est immédiatement porté à Malanville. Après avoir tenu une séance de travail avec les membres de la Plateforme communale de réduction des risques de catastrophes naturelles, il est allé présenter les condoléances du Gouvernement aux familles éplorées du village de Garouzénon dans l’arrondissement de Garou. Il a ensuite exhorté les populations sinistrées à plus de prudence en ces moments de crue du fleuve Niger et de ses affluents que sont l’Alibori, la Sôta et le Mékrou. Dans la foulée, il a pris un acte pour interdire, jusqu’à nouvel ordre, la circulation par voie fluviale. Le maire Inoussa Dandakoé a, au nom des populations, salué la démarche du Gouvernement?
Des menaces sur la rentrée
Si avant la rentrée prévue pour lundi 18 septembre prochain, les eaux ne se retirent pas, ce sont au moins sept écoles qui risquent de ne pas ouvrir leurs portes. Les enfants ont dû suivre leurs parents pour fuir la furie des eaux.
En effet, les inondations qui se sont déclarées à Malanville, ont touché le système éducatif. Au moins sept écoles primaires publiques sont dans l’eau. En dehors de ces établissements scolaires, d’autres ont leurs cours inondées.
Préoccupé par la situation, le préfet Moussa Mohamadou a été rassuré par les mesures palliatives envisagées. Des espaces sont en train d’être identifiés pour l’érection de salles de classes de fortune, en attendant que la situation s’améliore.
M. G.
Karimama : pas de mort, selon le maire
Avec la furie des eaux du fleuve Alibori, la situation est également préoccupante à Karimama. Plus de 2 500 ha de cultures vivrières sont enregistrés dans la commune. Sept décès auraient été enregistrés, la plupart ayant souffert de diarrhée et de vomissement. Mais le maire de la commune Moussa Maman Bello dit n’avoir pas connaissance de ces cas de décès, du moins ces morts ne sont pas liés aux inondations, estime-t-il.
Le directeur départemental de la Santé dans l’Alibori, Bouraïma Mama, avait indiqué, lors d’une descente sur le terrain, vendredi dernier, qu’il a eu connaissance d’un cas de décès ; cinq personnes souffrant de diarrhée avaient été transférées au centre communal de santé. « En attendant les résultats des analyses effectuées sur les différents prélèvements, il est difficile de conclure à une épidémie de choléra ou de fièvre Ebola », avait-il confié.
Par Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori