Le 28 septembre 2017, à la tribune de l’Assemblée nationale, la minorité parlementaire, par la voix du député Justin Adjovi, dans une déclaration critique vis-à-vis du pouvoir, disait ceci : « … La révision du Code électoral qui se prépare en catimini par certains de nos collègues est le prochain complot contre notre peuple. Il se susurre que la Cena est dans le viseur des complotistes. Il nous plait de rappeler ici que la Cena est une expérience heureuse, copiée par les Etats d’Afrique et qu’elle nous a évité les crises post-électorales. Nous voudrions attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la gravité exceptionnelle du risque de disparition ou de défiguration de la Cena ; la Paix post-électorale dans notre pays dépend de ce fleuron de notre démocratie… ». Aussitôt, les activistes des réseaux sociaux ont pris le relais, jetant ainsi du discrédit sur le Parlement du Bénin. Approchés hier jeudi 12 octobre 2017, certains députés aussi bien de la minorité que de la majorité parlementaire ont balayé du revers de la main ces accusations qu’ils qualifient de rumeurs. Ils en ont profité pour inviter le peuple béninois au calme.
Réactions des députés sur le supposé projet de suppression de la Cena
Mohamed Gibigaye, minorité parlementaire
« … Nous n’avons aucun intérêt à supprimer cette institution, quels que soient les coûts que cela représente… »
« …Il parait que l’Assemblée nationale serait en train de prendre les dispositions pour supprimer la Commission électorale nationale autonome (Cena). C’est ce que nous avons pu lire et entendre à travers les réseaux sociaux. Je voudrais par le biais de ce canal rassurer le peuple béninois de ce qu’à l’Assemblée nationale, 7ème législature, jusqu’à l’heure où nous parlons, il n’y a aucun document qui soit envoyé et qui proposerait l’étude de la possibilité de la suppression de la Cena. Nous avons été suffisamment très clairs pour signifier que la Cena est l’une des meilleures innovations de l’intelligence béninoise d’autant plus que cette institution qui est créée pour canaliser les élections a été copiée par plusieurs pays en Afrique. Nous n’avons aucun intérêt à supprimer cette institution, quels que soient les coûts que cela représente. La paix n’a pas de prix. C’est vrai qu’on peut regretter le fait que le Cos-Lépi ait coûté suffisamment au peuple béninois. Mais c’est le coût qu’il faut payer pour la paix… ».
Augustin Ahouanvoèbla, majorité parlementaire
« …Dans nos réflexions, il n’a jamais été question de la suppression de la Cena… »
« …Je voudrais d’abord dire qu’il ne faut pas informer le public sur fond de rumeur. C’est suffisamment grave qu’il y ait des sujets assez importants et que ce soit dans la rue qu’ils sont traités. Deuxièmement, je voudrais dire que je suis un vieux parlementaire et chaque fois, à l’approche d’une élection, il y a souvent des propositions ou des projets de loi portant organisation des élections ou des règles particulières pour l’élection du président de la République, l’élection des membres de l’Assemblée nationale et l’élection des conseillers communaux et locaux. Le Bénin dispose d’un code électoral datant de 2013 dans lequel nous avons envisagé d’avoir une Cena permanente, et nous l’avons. Il y a eu des avancées notables au niveau de la Cena avec l’organisation des élections qui force l’admiration un peu partout. Mais tout n’est pas rose, et nous réfléchissons actuellement pour voir dans quelle mesure nous allons désormais organiser des élections plus transparentes. Dans nos réflexions, il n’a jamais été question de la suppression de la Cena qui est une institution qui a porté un coup favorable à la démocratie dans notre pays. Je dis aux populations que rien du genre n’a été abordé. Par contre, il y a nécessité de réorganiser la Cena. Il y a nécessité de donner plus de moyens et d’outils à la Cena. Nous le ferons dans de très bonnes conditions… ».
Jean-Michel Abimbola, majorité parlementaire
« …Ce qui est malheureux chez nous est que cette minorité est prête à tout inventer pour exister (…) La Cena au Bénin est devenue un label… »
« Vous savez que le jeu démocratique veut qu’il y ait une majorité et une minorité. Le jeu démocratique veut également que la minorité fasse tout pour exister. Ce qui est malheureux chez nous est que cette minorité est prête à tout inventer et à faire du cinéma pour exister. Je suppose que c’est juste pour exister que tout cela est dit. Mais il n’en est rien. La Cena au Bénin est devenue un label. Ça a été tellement copié, imité qu’à chaque élection, nous améliorons les choses dans notre pays. Pour les prochaines élections, nous allons encore améliorer les choses. De façon fondamentale, il n’est pas question de supprimer la Cena (…) Dire que la Cena sera supprimée, sachez que moi député à l’Assemblé nationale, je vous dis qu’il n’en est rien. Je voudrais ensuite vous dire que la Cena est une institution légale. Mais elle a besoin d’être évaluée et en tant que député, je me réserve le droit de l’améliorer. Mes chers amis de la minorité parlementaire aujourd’hui doivent également réfléchir sur l’amélioration des lois électorales, le nouveau Code électoral, le système partisan. Je suppose qu’ils le font parce que s’ils ne le faisaient pas, ça voudrait dire qu’ils auraient failli à l’une de leurs obligations… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN
13-10-2017, Karim O. ANONRIN