Au conseil des ministres du mercredi 18 octobre dernier, le gouvernement a donné son accord pour l’étude de faisabilité de la construction d’un marché de gros dans la commune d’Abomey-Calavi….

Transfert de l’activité de gros du marché Dantokpa : Une mesure mal pensée

Transfert de l’activité de gros du marché Dantokpa : Une mesure mal pensée

Au conseil des ministres du mercredi 18 octobre dernier, le gouvernement a donné son accord pour l’étude de faisabilité de la construction d’un marché de gros dans la commune d’Abomey-Calavi. D’ici quelques mois donc, tout ce qui concerne la vente en gros actuellement concentré dans le grand marché Dantopka et ses environs sera transféré dans la commune d’Abomey-Calavi sur un site aménagé. Ce projet, selon le compte rendu du conseil des ministres, s’inscrit dans une logique de transformation qualitative de l’image urbaine du Grand Nokoué, l’embellissement et la décongestion des centres villes y situés. S’il est vrai que le diagnostic, le décongestionnement de la ville de Cotonou, est pertinent, la solution proposée n’est pas des plus pragmatique ni économiquement rentable. C’est vrai qu’il n’y a pas que des vendeurs en gros au marché Dantopka. Il y a aussi les petits détaillants mais la vente en gros constitue la particularité de Dantokpa. Elle est même la raison principale de la congestion du marché. Le nombre élevé de détaillants qui vendent leurs articles à un prix relativement bas se justifie du fait qu’à côté, il y a les grossistes. Les détaillants ne sont alors plus tenus d’ajouter le coût du transport contrairement aux autres marchés secondaires. Autrement dit, si on supprime la vente en gros, Dantokpa risque de se retrouver dans la même catégorie que les marchés secondaires où le prix des articles est relativement plus élevé. Certes, elle ne va plus attirer autant du monde. Mais c’est utopique de penser qu’il peut avoir vente en gros dans un marché sans la présence des petits détaillants. On risque alors de voir les détaillants se ruer vers le nouveau site réservé aux grossistes  Abomey-Calavi. Dans ce cas, le gouvernement ne ferait que déplacer le problème.

D’un autre côté, le lieu choisi, la commune d’Abomey-Calavi, pour abriter les grossistes ne parait pas très judicieux pour la survie de l’activité économique. On sait tous que les Nigérians constituent les plus gros clients du marché Dantokpa. Ceci, compte tenu de la proximité du marché avec le grand voisin de l’est. Toute réforme qui ne prend pas en compte cette réalité est vouée à l’échec.  Si tant est que c’est le décongestionnement de Cotonou qui préoccupe le gouvernement, la commune de Sèmè-Kpodji est bien située car faisant le pont entre Cotonou et Porto-Novo en même temps qu’elle est plus proche du Nigéria. Ce qui forcément est plus rentable pour ces nigérians, clients de luxe des grossistes du marché Dantokpa. Transférer la vente en gros à Abomey-Calavi, c’est imposer aux nigérians la traversée de trois villes à la fois, Sèmè-Kpodi, Cotonou puis Abomey-Calavi avec tous les risques d’embouteillage à l’aller comme au retour. Dantokpa risque alors de perdre ses clients nigérians au profit d’autres marchés de la sous-région. La conséquence, c’est le ralentissement de l’activité économique avec ses corollaires de mévente, de plaintes. Ce qui ne ferait qu’en rajouter aux difficultés des commerçantes et commerçants du plus grand marché de la sous-région. Après les plaintes des victimes du déguerpissement, c’est au tour des commerçants de Dantokpa de connaître lot de mésaventure sous la Rupture.

M.M