Ils ne sont plus à la tête de leurs différentes centrales et confédérations syndicales. Mais malgré leur retraite, Pascal Todjinou, Dieudonné Lokossou et Paul Essè Iko font toujours peur. La preuve, il a suffi qu’ils prennent les devants de la marche du vendredi 20 octobre dernier pour donner à cette manifestation de protestation contre le régime Talon tout son ampleur. A tout point de vue, cette marche était une réussite. Comme au bon vieux temps, le trio Todjinou-Lokossou-Iko a su haranguer la foule. Slogans et chants hostiles au pouvoir, des démonstrations de pas de danse, tous les accessoires étaient réunis pour montrer au gouvernement de la Rupture que le lion, même édenté, fait peur. La foule immense qui a répondu à l’appel est la preuve que ces baobabs du monde syndical, qui ont donné des sueurs froides à Boni Yayi tout au long de ses deux mandats, n’ont rien perdu de leur capacité de mobilisation. Et pour couronner le tout, invité sur la radio Soleil Fm, dimanche 22 octobre 2017, Pascal Todjinou a porté l’estocade au régime du Nouveau départ. Quelques morceaux choisis de son intervention : « Je ne le connaissais pas (parlant de Patrice Talon, Ndlr), mais j’ai fait la prison à cause de lui. Aujourd’hui, ce qui se passe est extraordinaire, on a laissé les travailleurs pour s’occuper des fonctions politiques ou les salaires ont grimpé de façon astronomique », « On constate avec amertume qu’un seul veut tout prendre tout de suite en écartant tous les autres », «Je n’ai jamais vécu ce que je vis aujourd’hui. Ce que je vis sort de l’ordinaire»…
C’en était trop! Plus que la Rupture ne pouvait supporter. Et comme on pouvait s’y attendre, lundi 23 octobre, ces trois dinosaures du monde syndical à la retraite ont essuyé des tirs croisés de la part de « journaux du régime ». Retraités carriéristes, marche indécente, tous les superlatifs ont été trouvés pour les discréditer et pour condamner le fait qu’ils sortent de leur ‘’paisible’’ retraite pour prêter main forte à ceux qui les ont remplacés à la tête des centrales et confédérations syndicales. Le trio Todjinou-Lokossou-Iko fait donc si tant peur? Le gouvernement de la Rupture croyait sans doute être débarrassé de ces trois tonitruants syndicalistes avec leur départ de la tête de leurs centrales et confédérations syndicales. Mais avec la marche du vendredi dernier, Patrice Talon doit se rendre à l’évidence qu’il n’est point sorti de l’auberge. Pascal Todjinou, Dieudonné Lokossou et Paul Essè Iko peuvent revenir à tout moment au-devant de la scène, tant qu’ils jugent de la pertinence et de la justesse de la cause.Et quand ils sont là, il y a panique au sommet de l’Etat.
M.M