Pour la troisième fois depuis sa création, le Parti du renouveau démocratique (Prd) tiendra un congrès ordinaire. Celui qui s’annonce pour les 1er et 02 décembre 2017 semble contrairement aux deux précédents, très chargé en suspense.
Deux décisions l’une aussi grave que l’autre, hantent l’esprit des cadres et militants du Parti du renouveau démocratique (Prd) en cette veille de la tenue du troisième congrès ordinaire de leur formation politique.
Il s’agit de la succession du président-fondateur, Me Adrien Houngbédji et de l’adhésion ou non du parti arc-en-ciel à la fusion des partis soutenant l’action du président Patrice Talon dans un grand ensemble politique en renonçant chacun à leur existence légale respective.
Si pour la deuxième décision, beaucoup disent préférer ne pas y penser au regard de ce qu’elle induit comme anéantissement de 26 ans de lutte, la première par contre, est au cœur de tous les conciliabules et débats. Elle reste tout de même une équation à deux inconnues au moins : Me Adrien Houngbédji quittera-t-il enfin la tête du parti ? Si oui, à qui voudra-t-il passer la main ?
Et c’est autour de cette manche de la double question que les passions s’étaient toujours déchaînées et se déchainent davantage à mesure que les dates du troisième congrès ordinaire approchent.
Trois options se présentent au Parti.
La premiere est celle de la reconduction de Maître Adrien Houngbédji. C’est la solution de facilité. Cette option est sans risque mais n’ouvre pas de perspective au Parti qui fait face à la menace Ajavon sur son terrain et dans plusieurs de ses fiefs. Le désamour des militants est là et beaucoup ne voient plus le Président de l’Assemblée nationale capable de les conduire à la victoire. Par ailleurs, il n’échappe pas aux militants que Me Adrien Houngbédji a son avenir politique derrière lui. Celui qui a créé le Parti et a conduit toutes les batailles politiques n’a plus la force de ses 20 ans et l’énergie nécessaire pour porter le Parti au pouvoir. Le rêve présidentiel est raté et beaucoup lui reprochent le choix hasardeux de LionnelZinsou et sa gestion personnelle de la campagne présidentielle de 2016. Maître Adrien Houngbédji est aujourd’hui un Président diminué et contesté par une partie des militants qui le respectent malgré tout, pour son âge avancé et ce qu’il a apporté au Prd. Est-il encore l’homme de la situation? Personne ne le pense. Sa reconduction à la tête des TchocoTchoco serait une solution d’attente qui peut enfoncer le Prd dans sa crise et boucher l’avenir.
*Recours à la jeunesse …*
Après Me Adrien Houngbedji, deux autres options s’offrent aux militants. C’est le choix de la jeunesse comme pour redonner à l’occasion de ce troisième congrès ordinaire, un coup de jouvence à leur formation politique. Plusieurs dignitaires travaillent à deux schémas. Le premier schéma est celui du député Augustin Ahouanvoèbla et le second, celui du Professeur Joël Aïvo, ancien homme de main du leader des TchocoTchoco.
De tous les élus, députés et maires du Prd c’est son nom qui revient dans la succession de Houngbédji. Homme de terrain très apprécié des militants, le député Ahouanvoèbla ne manque pas d’atouts pour prétendre diriger la plus grande formation politique du Bénin. Les militants le considèrent comme le Moucha Gbadamassi “Goun” à cause de son ouverture et de sa générosité. Apprécié par les plus irréductibles des militants, le président du groupe parlementaire Prd depuis 2007 peut compter sur sa maitrise des réseaux politiques et financiers pour conduire le Prd vers la victoire. Ses détracteurs lui reprochent ses excès, son manque de modération et ses rapports difficiles avec le président Houngbédji. En témoigne son entrée ratée dans le dernier gouvernement de Patrice Talon qui a alimenté toutes les rumeurs sur un possible complot contre son ascension politique.
Malgré l’opposition de certains de ses amis de l’intérieur du parti, dans la succession de Me Houngbédji, le président Ahouanvoèbla reste un prétendant sérieux. Il peut être une alternative à Adrien Houngbédji et réveiller la base du Prd qui commence à regarder du côté de…Ajavon. Dans cette bataille pour la succession du fondateur du Prd, un 3e larron apparaît. Le professeur Joël Aïvo, un ancien de la galaxie arc-en-ciel. Joël Aïvo a aussi la faveur des pronostics et la sympathie des militants qui gardent de son passage, l’image d’un homme pondéré, posé, réfléchi et percutant. Un “Houngbedji bis” disent certains. Selon nos informations, des dignitaires du parti ne cachent pas leur préférence pour cet homme qui peut faire la synthèse de toutes les forces et capable de faire revenir les anciens Prd. Les partisans du jeune professeur agrégé tentent de faire intéresser l’ancien Directeur de cabinet du leader des TchocoTchoco à la succession de son maître. L’intéressé, avec qui ces barrons avaient, semble-t-il, toujours gardé le contact depuis qu’il s’est replié à l’Université, présente selon eux des atouts comparatifs importants au regard du contexte actuel et des défis futurs d’une formation qui durant 26 ans n’a pu conquérir le pouvoir exécutif ni seul, ni ensemble avec d’autres.
Joël Aïvo est jeune, brillant et considéré comme une personnalité des plus appréciées du pays. Ancien cadre et sympathisant du Prd, il est devenu depuis lors un personnage incontournable du pays, toujours perspicace dans ses analyses et jouissant d’une notoriété incontestable, voire appréciée de tous. Ses compétences, son expérience et son carnet d’adresses à en croire les militants, peuvent être des atouts. Entre ses heures en amphi, son agenda international, il est depuis toujours obligé d’aménager du temps pour ses anciens camarades du parti arc-en-ciel qui vont souvent l’entretenir sur le devoir qu’il a, « de poursuivre à la suite de Me Houngbédji, l’œuvre de feu président Apithy ».
Ces rendez-vous seraient devenus très réguliers depuis quelques semaines où, à l’issue de l’université de vacances de Dangbo, la certitude de la tenue du congrès ordinaire s’est davantage confirmée. Depuis lors le professeur est visible dans les médias, déborde d’initiatives, consulte, mais ne franchit toujours pas la ligne politique et ne laisse rien transparaître de ses ambitions politiques. Contre lui, certains rappellent qu’il a renoncé à la politique et s’est concentré sur sa carrière. D’autres évoquent les moyens financiers qu’il n’a pas et son jeune âge qui ne peut lui permettre de rassembler les militants.
Le Parti du renouveau démocratique (Prd) né avec l’avènement du Renouveau démocratique en République du Bénin n’a été dirigé que par son fondateur depuis 26 ans et s’apprête pour la première fois, à opérer cette mutation. Qui, du parlementaire Ahouanvoèbla et de l’ancien Directeur de cabinet de Houngbédji peut lui assurer la relève méritée ? Rien n’est moins sûr.
Worou BORO