Le dossier de faux médicaments qui défraie la chronique depuis un certain temps a connu son verdict, mardi 14 mars 2018, au Tribunal de première instance de Cotonou. 4 grossistes répartiteurs ont écopé de 4ans de prison plus une amende 100 millions de francs CFA. C’est l’aboutissement d’un processus de lutte contre les médicaments falsifiés déclenché par le gouvernement de la Rupture. Même si les personnes condamnées disposent encore des voix de recours, cette affaire aura permis de mettre un pied dans la fourmilière dans un secteur aussi sensible que celui de la santé. On se souvient que depuis l’historique Appel de Cotonou, toutes les tentatives pour enrayer le fléau de faux médicaments n’ont pas prospérer. Plusieurs fois, les pharmaciens ont battu le macadam pour appeler l’Etat béninois à prendre ses responsabilités en menant une lutte implacable contre les faux médicaments. Une première descente à Adjégounlè a permis de mettre la main sur d’importantes quantités de médicaments de qualité douteuse et qui ne sont pas conservés dans des conditions idoines. Mais il fallait attaquer le mal à la racine. Les perquisitions effectuées au domicile d’un député et sa conjointe ont permis à la police de saisir des tonnes de médicaments. La justice ayant été saisie, il est apparu que le député et sa conjointe livrent également des médicaments à des structures bien organisées. D’où l’interpellation des directeurs généraux des sociétés comme Came, Ubphar, Promo-Pharma, Gapob et Ubipharm. Grâce à la justice qui, dans cette affaire, a joué sa partition, les responsabilités sont aujourd’hui situées. C’est un signal fort. La preuve que la lutte contre l’impunité n’est pas seulement une incantation. Même si les peines encourues par les mises en cause et l’amende de 100 millions ne peuvent pas compenser les vies détruites par tant d’années de commerce de ces produits, le verdict du tribunal de Cotonou, vient comme pour dire, plus rien ne sera comme avant. Dans un pays où règne l’impunité, c’est la lutte contre la corruption qui a du plomb dans l’aile. Maintenant qu’il y a une réelle volonté politique affichée sans qu’on ne crie à la chasse aux sorcières, il faut espérer que le gouvernement, secteur par secteur, va maintenir la même rigueur afin que les cadres de l’administration publique renouent avec les bonnes pratiques. Ne dit-on pas que la peur du gendarme est le début de la sagesse ?
M.M