Instaurer une gouvernance de qualité avérée basée sur la lutte contre la corruption afin d’en finir avec l’engagement de la responsabilité à géométrie variable et promouvoir une justice moderne, efficace et équitable au grand bonheur des justiciables. Voilà un vœu cher au président Patrice Talon dans son programme d’actions du gouvernement (Pag). Deux ans après, le bilan est élogieux, plusieurs avancées ont été enregistrées, notamment rapprocher les juridictions des justiciables et préserver la dignité des détenus.
« Ce n’est pas un homme qui fait une réforme. Les réformes sont pensées et conduites par l’ensemble des membres du gouvernement ». Ainsi s’est exprimé hier Joseph Fifamè Djogbénou, ministre de la justice garde des sceaux lors de l’émission sur les deux ans de la rupture pour ce qui concerne le secteur justice sur la télévision nationale. A travers une brillante démonstration, le ministre de la justice a fait le point des réalisations après deux ans d’exercice. Pour le garde des sceaux, le gouvernement de la rupture a hérité d’un secteur de la justice totalement en déliquescence. L’état des lieux en avril 2016 était alarmant. La maison justice fonctionnait avec 150 magistrats, peu de greffiers et peu d’Officiers de police judiciaire (Opj). Il en est de même pour les cours d’appel qui étaient peu fonctionnelles en raison de l’insuffisance criante des moyens et du manque d’attractivité dans la responsabilité. En plus de la surpopulation carcérale avec un ratio de 4 détenus pour une place, il y avait une dette de plus de 2, 5 milliards d’entretien et d’alimentation due à l’inadaptation de la procédure de passation des marchés publics. A ces situations, des solutions immédiates ont été trouvées. Il s’agit du meilleur fonctionnement de la justice par la dotation des juridictions en moyens matériels ; l’amélioration des conditions de vie et de travail à travers le renforcement institutionnel conférant des avantages aux magistrats (recrutement de 78 auditeurs, 100 greffiers, etc) ; une meilleure prise en compte des droits des détenus qui passe par des initiatives dont les objectifs sont : atteler à chaque tribunal une maison d’arrêt et la création d’une Agence pénitentiaire, d’une Direction des droits de l’homme, juger les crimes dans la proximité de leur commission, commutation de la peine de mort en peine de prison à perpétuité et enfin, suppression du quartier des condamnés à mort dans nos prisons (notamment Missrété).
Ce qui a vraiment changé
Les réels changements observés en deux ans résident dans le fait que les réformes sont encadrées dans des lois. Donc, les avancées enregistrées passent par le vote de lois qui ont concouru à l’amélioration des conditions des différents acteurs du secteur de la justice. Pour le ministre, d’énormes progrès ont été réalisés en si peu de temps. « Engager les réformes, c’est conduire un acte de renoncement. Il ne faut pas se contenter de satisfaire au conservatisme des populations », a-t-il martelé. Ainsi, comme actions, on peut citer entre autres la validation du rapport d’étude de faisabilité sur la mise en œuvre de l’aide juridictionnelle et de l’avant-projet y afférent et le démarrage du processus devant conduire au rattachement fonctionnel de la police judiciaire au pouvoir judiciaire. A tout cela, il faut ajouter le vote des lois Ppp (Partenariats public privé), le crédit-bail, l’affacturage, conditions d’embauche, loi sur l’identification des personnes physiques en République du Bénin et loi sur le renseignement et sur le code numérique. Bref, en deux ans, le Bénin a fait un grand pas pour une gouvernance de qualité avérée. « Nous voulons que ce qui se passe reste dans la durée afin d’instaurer la culture de la responsabilité. La lutte contre la corruption n’est pas une proclamation, ce n’est pas une déclamation, ce n’est pas une inflation des institutions », a-t-il conclu
10-04-2018, Ambroise ZINSOU