Le Madep, ce parti fondé par Séfou Fagbohoun et les siens a réussi à faire élire plus de six députés à l’Assemblée nationale au cours de la 4ème législature. Mais depuis peu, Séfou Fagbohoun et l’un des cadres du parti, Antoine Kolawolé Idji ne parlent plus le même langage. Et pour cause !
Séfou Fagbohoun et Kolawolé Idji les deux dinosaures du Madep et du Plateau, se regardent en chien de faïence. Dans le Plateau, il règne aujourd’hui une sorte de guerre froide entre les deux hommes. Guerre froide entretenue par une caste de fils du Plateau encline à détruire qu’à construire. Cette guerre, est loin de connaître une fin. Alors que tout le Plateau a à gagner en cas de réconciliation de ces leaders. Quand l’Un (Union fait la Nation), dans son incapacité de désigner un candidat pour la présidentielle de 2016 donne la consigne de voter le candidat de leur conscience sauf celui du pouvoir qu’était Lionel Zinsou.Ce fut la débandade au sein des militants. Certains ont voté Ajavon, d’autres Talon.
La plus grosse erreur du Madep a été de n’avoir pas en interne, décidé à l’unisson, du choix d’un candidat. Son président Séfou Fagbohoun avait choisi Ajavon et son Vice-président Talon. Et la débandade s’accentue. Cette incapacité d’unicité dans ce choix politique est le mal qui a miné le Madep. Tous ceux qui n’ont pas suivi le choix du président Fagbohoun sont taxés de « traitres » par les inconditionnels qui se disent les fidèles du leader du parti.
Le candidat choisi par Kolawolé Idji, Patrice Talon gagne la présidentielle. Mais les tensions nées des ragots et autres désinformations au cours de la campagne demeurent vives. On accuse Kolawolé Idji de « traitrise » pour n’avoir pas fait le choix de son président comme si auparavant, il avait été décidé ainsi. A moins que les deux personnalités aient conclu un accord secret, inconnu de leurs partisans et du grand public.
Les populations dans l’embarras
Les déboires de Séfou Fagbohoun avec la Justice dans une affaire domaniale sont assimilés à une affaire politique. Le coupable est tout trouvé. Certaines langues disent que c’est le président Talon qui veut faire payer à Séfou Fagbohoun son choix politique. Et Kolawolé Idji ne fait rien pour l’en dissuader, entend-on dire. Et à Idji de répliquer auprès de ses proches : « On me prête des intentions sans fondement.Je n’ai rien contre le président Séfou Fagbohoun et je ne pourrai jamais en avoir. Et ceux qui m’accusent de ne rien faire, me donnent des pouvoirs que je n’ai pas ».
De sources proches du président Séfou Fagbohoun, comme du président Idji, cette situation ne saurait perdurer. Le silence des deux hommes est révélateur de l’embarras que cette situation cause en termes de malaise au sein des populations du Plateau habituées à les voir ensemble.
Tous coupables
Pour un observateur attentif à cette guerre froide entre les deux hommes, c’est en réalité la peur de reconnaître leurs erreurs qui explique le silence qu’on observe, alors qu’ils sont tous coupables de ce qui leur arrive. Incapables de dominer leurs égos, on ne peut comprendre que des hommes de cet acabit soient incapables de se libérer de leurs zélés adeptes de la désinformation et du « raconter pour manger », leur sport quotidien. Les grands perdants dans cette mésentente, ce sont les populations du Plateau et dans une certaine mesure les militants en perdition qui ne savent plus à quel saint se vouer, sauf les colporteurs de « le Président Fagbohoun a dit, le président Idji aurait dit… »
Pour la paix des braves
Selon le président Kolawolé Idji, il n’y a aucun différend majeur entre lui et le président Séfou Fagbohoun. La situation actuelle est entretenue, il ne sait par qui, et pourquoi. Comme pour dire : « Seuls ceux qui entretiennent cette situation de ni guerre ni paix, savent ce qu’ils veulent pour le Plateau ».
Il faut cesser donc de distraire les militants avec ce prétendu duel à distance entre deux hommes qui sont, pourtant les plus grands hommes politiques du moment dans le Plateau. En ce qui concerne le Président Séfou Fagbohoun, l’histoire politique du Plateau retiendra qu’il fut à l’origine d’Olateju puis du Madep. Il est l’homme qui a redonné une certaine dignité aux Holli et aux Nagot du Plateau en général par la promotion de leurs enfants et de leur intelligentsia.
Il serait dommage pour la postérité qu’on dise un jour qu’il a succombé aux sirènes des griots de la division. Cela est aussi valable pour Kolawolé Idji, le diplomate bon teint qui sait qu’en politique, on dialogue toujours. Et le Plateau est au-dessus de leurs querelles personnelles. Un médiateur peut les aider à briser le mur de la méfiance. Car le dialogue est la solution à tout. Honni, qui mal y pense.
Christ-Ange Oladimedji
(Coll)