Le Parlement a donné une suite favorable à la demande d’autorisation de poursuite de plusieurs anciens ministres au cours de sa plénière d’hier. Contre toute attente 78 députés dont la…

Autorisation de poursuite d’anciens ministres : Le jeu flou du Bmp

Autorisation de poursuite d’anciens ministres : Le jeu flou du Bmp

Le Parlement a donné une suite favorable à la demande d’autorisation de poursuite de plusieurs anciens ministres au cours de sa plénière d’hier. Contre toute attente 78 députés dont la majorité des membres du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp) ont refusé d’envoyer l’ancien Argentier national Komi Koutché devant la Haute Cour de justice (Hcj). Ce faisant, le Bmp étale un jeu illisible.

L’ancien ministre des Finances, Komi Koutché ne sera pas poursuivi devant la Hcj. Ainsi en a décidé l’Assemblée nationale le jeudi 13 septembre 2018. 78 députés sur 81 ont décidé de s’opposer à la poursuite que la justice entend lancer contre lui dans une affaire de blanchiment d’argent. Dans le même temps, quatre autres anciens ministres ont été renvoyés devant la Hcj. Simplice Codjo (59 voix pour, 22 contre et  0 abstention), Valentin Djènontin Agossou (57 voix pour, 24 contre et 0 abstention), Aboubacar Yaya (60 voix pour, 21 contre et 0 abstention) et  Fatouma Amadou Djibril (57 voix pour, 24 contre et 0 abstention) devront aller s’expliquer dans  les tout prochains jours face à la justice dans divers dossiers qui leur sont reprochés. Beaucoup s’interrogent sur les votes d’hier. Mais à y voir de près, le Bmp majoritaire au Parlement, a bien préparé la surprise offerte aux populations. En effet, ce jeudi contrairement à certaines habitudes, le Parlement a opté pour le vote secret. Ils ont certainement voulu se prononcer sans pression. Si le dossier de Komi Koutché a pu convaincre les députés, ceux des autres  mis en cause seront étudiés par la Hcj. Presque tous les élus de la majorité parlementaire ont autorisé leur poursuite. Si certains continuent de s’interroger sur les raisons ayant fondé le choix des députés dans le cas Koutché, on pourrait soutenir que les éléments de preuve apportés par les avocats de l’ancien ministre des Finances ont été déterminants.  Komi Koutché a été sauvé par ses avocats qui ont pu éclairer la majorité des députés. Si c’était vraiment le cas, les droits de l’ancien ministre actuellement installé aux Etats-Unis ont donc ainsi été respectés. Haut lieu de la politique, le Parlement  s’est montré plutôt éclairé dans un dossier que Komi Koutché avait qualifié de «pur montage» le week-end dernier à la faveur d’une rencontre politique aux Etats-Unis.

Rattrapage?

Le vote exprimé dans le dossier Komi Koutché est aussi curieux car personne ne pouvait prévoir une telle issue. Il existe sans doute des explications politiques qui pourraient être révélées prochainement. A tout le moins, le vote émis hier pourrait bien être interprété comme une sorte de rattrapage du Bmp. Dans plusieurs autres dossiers, les membres du Bmp ont en effet agi sans discernement. Il y a le cas Idrissou Bako. Accusé de malversations financières dans la gestion du coton, cet ancien Directeur général de l’ex Société nationale de la promotion agricole (Sonacop) pourtant avait déclaré n’avoir jamais été écouté par le cabinet Mazars qui avait audité sa gestion. Les députés avaient pris pour vérité absolue, les conclusions dudit cabinet sans jamais apporter la preuve des lourdes accusations. Il en est de même pour l’ancien ministre Valentin Djènontin Agossou qui a toujours clamé son innocence depuis que le Parlement a été saisi pour la levée de son immunité. «Je n’ai jamais été nommé ministre de l’Agriculture. Je n’ai jamais été cadre de ce ministère pour être interpellé par des questions de substitution d’adjudicataire de marché d’intrants, de livraison de quantité d’intrants inférieure au payement fait au fournisseur, de la mauvaise qualité des intrants», avait-il déclaré face à la presse. Mais les députés ne suivront pas les éléments de réponse donnés par leurs collègues. Certains avaient même déclaré vouloir permettre à Idrissou Bako, Valentin Agossou Djènontin encore Mohamed Atao Hinnouho de laver leur honneur même s’ils n’étaient pas sûrs de leur culpabilité. Heureusement que le cas Koutché pour lequel on parle tantôt de 300 millions ou de 800 millions retrouvés à son domicile, leur a permis de remuer un peu leurs méninges et d’opter pour la voix de la sagesse. Comme on peut le constater, il y a comme une volonté de plonger coûte que coûte des hommes politiques. Et beaucoup s’interrogent encore sur les votes réalisés hier à Porto-Novo. C’est peut-être aussi une façon pour le Bmp et le gouvernement de détourner l’attention du peuple.  Cependant, il faut faire remarquer la constance ou la fidélité du Bmp à sa ligne ou au chef de l’Etat. En dépit du mode de scrutin qui a varié hier (vote secret), les votes oscillaient autour des 60. Ce qui n’était pas gagné d’avance.

 

Mike MAHOUNA