La présidente de l’Estonie, Kersti Kaljulaid, était à la présidence de la République, hier mercredi 5 décembre, dans le cadre de son séjour au Bénin. Point culminant de cette visite, la séance de travail avec le chef de l’Etat et les délégations béninoises s’est soldée par une conférence de presse au cours de laquelle l’hôte du président Patrice Talon a dit tout le bien qu’elle pense du Bénin et de ses ambitions, notamment en ce qui concerne le numérique.
Tête à tête avec le président de la République, Patrice Talon, signature d’un mémorandum d’entente relatif aux consultations politiques entre les ministères des Affaires étrangères du Bénin et de l’Estonie, rencontre bilatérale entre les délégations des deux pays… L’ordre du jour du séjour au Bénin de la présidente estonienne Kersti Kaljulaid a été exécuté avec minutie ce mercredi au palais de la Marina. Mais avant, le chef de l’Etat, Patrice Talon, qui reçoit à Cotonou celle qui avait eu le privilège de l’accueillir deux ans plus tôt à Tallinn, a veillé à la célébrer à la hauteur de sa personnalité. Tous les honneurs dus à son rang lui ont été rendus.
Entrés tous souriants dans la pièce dédiée à leur conférence de presse conjointe, les présidents Patrice Talon et Kersti Kaljulaid n’y sont pas allés du dos de la cuillère pour expliquer ce que les deux pays espèrent réciproquement l’un de l’autre. Dans ce contrat synallagmatique, les deux partenaires croient l’un en l’autre. Le communiqué conjoint issu des rencontres en amont, dont lecture a été donnée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Aurélien Agbénonci, prouve à suffisance que l’envol pour une belle coopération est pris. Les deux pays ont ainsi décidé de « la mise en œuvre des dispositions des memoranda d’entente signés pour la réalisation du programme du numérique au Bénin». Aussi, ont-ils voulu, dans les domaines technologique, scientifique et culturel, promouvoir des échanges économiques et commerciaux, faciliter l’implantation de sociétés estoniennes au Bénin, grâce à l’amélioration du climat des affaires et conclure de partenariats d’affaires pour la réalisation de projets numériques identifiés dans le but d’offrir aux citoyens des services publics coopératifs et sécurisés. Les deux chefs d’Etat ont aussi coprésidé une rencontre bilatérale de travail entre les deux délégations sur les possibilités de diversifier la coopération dans les domaines d’intérêt commun, précise le communiqué conjoint.
L’Estonie, un partenaire disponible!
« Cela peut étonner que dès mon arrivée dans la fonction, nous soyons allés en Estonie pour une visite de travail. L’Estonie n’est pas connue comme une puissance économique et une puissance militaire vers laquelle on court. Donc, on peut se demander ce qui explique ce dévolu du Bénin ». Au cours de la conférence de presse animée au terme de cette visite, le président Patrice Talon, répondant aux préoccupations des journalistes, a expliqué les raisons qui poussent le Bénin vers l’Estonie. « Je cherche avec abnégation et passion, l’expertise partout où elle se trouve, et l’Estonie est un pays qui suscite l’admiration en matière de numérique. Aujourd’hui, c’est un champion au plan universel. C’est un pays qui est parti de rien pour devenir leader en matière de numérique aussi bien dans le public que dans le privé. Les échanges et les services sont dématérialisés à un niveau le plus souhaitable possible », détaille-t-il. Ce palmarès plait bien au Bénin qui se propose de développer des services en ligne efficaces, la sécurité des échanges et l’efficacité de l’administration par le biais du numérique.
« Nous avons observé les pays à taille convenable, capables de répondre à nos besoins de coopération et nous avons vu que l’Estonie nous offrait cette opportunité. Donc, c’est une relation intéressée et il n’y a pas de honte à le dire. Les pays n’ont que des intérêts et le Bénin a grand intérêt à développer avec l’Estonie une coopération active et dynamique, susceptible de nous profiter. Nous avons trouvé auprès des autorités estoniennes cette disponibilité à nous accompagner, de sorte qu’en moins de deux ans, nos pays ont échangé beaucoup de missions », précise le président Patrice Talon.
Entre le Bénin et l’Estonie, «il y a une coopération assez dynamique en place », salue la présidente Kersti Kaljulaid. Les ambitions du Bénin dans le secteur du numérique, elle y croit aussi. « Vous pouvez voler loin et haut rapidement », lâche la présidente estonienne au terme de sa conférence de presse.
« Vous pouvez voler loin et haut rapidement »
Tous les ingrédients pour y parvenir y sont pour peu qu’on y croit et qu’on y travaille, assure-t-elle. Sur le chantier de la gouvernance numérique, son pays est prêt à appuyer et partager son expérience avec le Bénin. Pour elle, « l’investissement privé est le facteur permettant de manière durable le développement ». Au terme de cette visite et des engagements réciproques, une entreprise estonienne va signer un accord avec le Bénin et deux autres sont en attente de signature des contrats de coopération, révèle-t-elle. Evoquant l’expérience de son pays en la matière, elle a soutenu que l’Estonie a dématérialisé et numérisé tout son service public et a ainsi réussi à sauver des montagnes de papiers. « Il faut continuer à travailler et chercher le modèle approprié », suggère-t-elle.
D’autres sujets en lien avec la gouvernance dans son pays et sa position sur certains faits majeurs ont été également abordés au cours de cette conférence de presse. « Pour sauver le monde, il faut le développement des planètes vertes », laisse-t-elle entendre. Pour ce qui est de la question de la migration, la position de son pays est claire. «La migration, c’est un problème, mais aussi une opportunité. L’Estonie a vu aussi beaucoup de ses habitants partir. Nous sommes beaucoup moins un pays de destination. Quand ceux qui partaient ont observé une grande croissance dans le pays, ils ont compris qu’il y avait de l’espoir », dit-elle, en souriant. La présidente Kersti Kaljulaid a particulièrement apprécié le soutien que le Bénin apportera à son pays, candidat pour un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Les opportunités avec ce pays plaisent bien au président de la République. « Partout où nous avons l’occasion de faire la promotion du Bénin pour attirer des investissements et pour que les gens viennent créer de l’activité économique (petite, moyenne, grande), nous n’hésiterons pas. Cela fera que nous aurons un environnement économique dynamique… L’aide au développement a montré ses limites. Aujourd’hui, tous les pays du monde ont leurs difficultés malgré leur puissance », conclut-il.
Le Bénin espère de ce pays d’Europe du Nord beaucoup en termes de coopération et d’apports pour concrétiser les ambitions et le contenu du Programme d’actions du gouvernement.