Le Bénin est éprouvé par la nécessaire réforme de son système partisan… Mais, quand « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans le clair-obscur surgissent les monstres » (A. Gramsci).
Tout le monde semble s’accorder au sujet de l’impératif qu’il y a de réformer notre système partisan afin de guérir des déviances constatées qui rendent notre démocratie inutilement coûteuse et surtout stérile des fruits escomptés pour un développement durable et partagé.
Mais chacun voudrait une réforme qui arrange ses calculs politiciens sans déranger ses intérêts et avantages acquis.
C’est à l’aune de ce grand écart que nous pouvons décrypter la situation de crise de croissance politique dans laquelle nous ont entraîné les responsables des partis politiques, sans verser dans des querelles de chapelles, propres aux échanges souvent sans nuance qui abondent à ce sujet sur la toile.
Nous étions de toute évidence face à une impasse quant à l’exclusivité du scrutin des prochaines législatives. Mais il faut reconnaître ou admettre que la décision de la CENA (qui aux termes de son examen des dossiers à elle parvenus dans le délai, n’a qualifié que deux des nouveaux blocs politiques) a le mérite de mettre les acteurs politiques devant leurs responsabilités. En cela on peut dire qu’à quelque chose malheur est bon.
Les échanges entre le Président de la République et les représentants des partis politiques laissent perplexe sur le niveau d’exigence et le long chemin pour accéder à un fonctionnement simplement normal et sans lequel il n’y aura pas de développement. Le diagnostic posé hier par le Président de la république est lumineux de justesse. Les réformes engagées sont nécessaires et il faut trouver la bonne formule entre aller vite et aller loin…
En cela, la présente crise est normale voire même salutaire.
« La crise est le moment où l’ancien ordre du monde s’estompe et où le nouveau doit s’imposer en dépit de toutes les résistances et de toutes les contradictions. Cette phase de transition est justement marquée par de nombreuses erreurs et de nombreux tourments. » (A. Gramsci)
Mais, ce philosophe italien du siècle dernier a aussi ajouté :
“Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans le clair-obscur surgissent les monstres.”
Je ne pense pas que ce soit le moment de faire la politique de la chaise vide. Espérons que la sagesse prévaudra de part et d’autre du spectre politique, dans l’intérêt de notre pays.
Luc Gnancadja