Plus rien ne va entre le chef de l’Etat Patrice Talon et son prédécesseur. Après son appel jeudi dernier à l’arrêt du processus électoral, Boni Yayi était vendredi aux côtés du président Nicéphore Soglo pour s’entretenir avec les femmes du marché Dantokpa. Cette sortie a été mal accueillie par la Police républicaine qui, à coup de gaz lacrymogène, a empêché les anciens chefs d’Etat de s’adresser aux femmes du plus grand marché du Bénin. Cette situation n’a fait qu’envenimer une relation déjà très tendue entre Patrice Talon et Boni Yayi. Les deux personnalités sont-elles arrivées à un point de non-retour ? Il faut croire que non. Et pour cela, il urge de faire appel à un médiateur pas des moindres en vue de sauver ce qui peut encore l’être. L’ancien président du Sénégal et ancien Secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie a déjà fait ses preuves en tant que médiateur pour rapprocher les deux hommes. En 2013, au moment des affaires tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat, quand les deux hommes ne se parlaient plus, c’est Abdou Diouf qui a conduit la médiation. Laquelle a abouti le 14 Mai 2014 au pardon de Boni Yayi.
C’est en septembre 2013, lors de la cérémonie d’investiture du président malien Ibrahim Boubacar Keïta que les présidents français François Hollande et Béninois Boni Yayi ont accepté le principe d’une médiation. Boni Yayi qui préparait en ce moment une Table ronde économique à Paris ne voulait pas que cette affaire lui fasse de l’ombre. De son côté, Patrice Talon commençait par s’ennuyer de tous ces procès et de ses affaires qui périclitaient sans cesse. Abdou Diouf a alors été choisi parce qu’il avait avec Boni Yayi un rapport filial. Au cours d’un tête-à-tête de cinq heures à Cotonou avec l‘émissaire d’Abdou Diouf, Boni Yayi a exigé des excuses écrites en échange de l’abandon des poursuites. Patrice Talon de son côté refuse tout idée d’excuses, craignant qu’un tel document ne soit utilisé contre lui. Les négociations sont bloquées. C’est alors qu’Abdou Diouf prend personnellement les commandes. Il téléphone à Boni Yayi et obtient de lui quelques concessions, puis reçoit au siège de l’Oif à Paris Patrice Talon. Ses efforts finissent par porter. L’homme d’affaires a alors remis à Abdou Diouf une lettre manuscrite d’une page existant en un seul exemplaire et incessible. C’est ce document que seuls Patrice Talon, Boni Yayi et Abdou Diouf ont connaissance du contenu qui a été la porte de sortie ayant abouti au pardon de Boni Yayi.
Aujourd’hui encore, le Bénin a besoin des services de ce médiateur pour concilier les positions des uns et des autres afin de sortir le pays de l’impasse. En ce moment où le processus électoral bat de l’aile et est source de toutes les inquiétudes, Patrice Talon et Boni Yayi doivent se parler. Voilà que d’un côté comme de l’autre, rien ne présage d’une paix des braves, tant les positions sont braquées. Et si une fois encore, le seul recours était Abdou Diouf…
M.M