Une tradition depuis la quatrième législature, l’investiture du nouveau président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, s’est déroulée ce jeudi 27 juin, au palais des Gouverneurs à Porto-Novo. Occasion pour le numéro 1 des députés béninois de dévoiler sa feuille de route pour les quatre prochaines années à la tête du Parlement dont il entend bousculer certaines habitudes.
La huitième législature a officiellement pris son envol avec l’investiture, ce jeudi 27 juin, de son président, Louis Vlavonou. Dans son discours d’investiture, Louis Vlavonou a levé un coin de voile sur ses actions prioritaires pour les quatre prochaines années à la tête du parlement. Lesquelles actions devront lui permettre de bâtir un Parlement de type nouveau. En urgence, il compte doter l’Assemblée nationale d’un code d’éthique afin d’atteindre l’objectif visant à redorer le blason de l’institution parlementaire. «Au plus simple, commençons par la ponctualité, l’utilisation rationnelle du temps, le respect mutuel, la dignité dans tous nos comportements à l’hémicycle comme dans la vie courante, dans notre rôle permanent de représentants du peuple. Travaillons à l’amélioration de l’image du Parlement et des parlementaires », souligne le président de l’Assemblée nationale. Louis Vlavonou dit être convaincu que le respect de l’éthique dans les comportements de tous les parlementaires fera, sans doute, tache d’huile au sein de la classe politique, et même au-delà. C’est l’une des exigences pour le succès de la réforme du système partisan, insiste-t-il. Il compte relancer à cet effet le projet de révision du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Il entend vaincre enfin toutes les résistances pour engager résolument la huitième législature à ouvrir ce nouveau champ d’action. Louis Vlavonou n’épargne pas l’administration parlementaire de ses réformes. Il rêve d’une administration parlementaire respectueuse des normes administratives, débarrassée des considérations clientélistes et soucieuse d’efficacité. J’espère que la restauration des normes administratives dans la gestion du personnel améliorera ses performances, indique-t-il. «Comme vous le constatez, les défis à relever par la présente législature sont nombreux et variés, et notre responsabilité en tant que représentants de la nation est grande. Mais loin de nous laisser aller à un pessimisme, je voudrais vous assurer de ma détermination inébranlable à travailler en symbiose avec toutes les composantes du Parlement pour remplir efficacement le mandat que le peuple a bien voulu nous confier », assure le président de l’Assemblée nationale. Louis Vlavonou dit vouloir compter sur tout le monde, notamment les ressources intérieures et les partenaires techniques et financiers qui ont toujours soutenu l’Assemblée nationale dans la réalisation de ses objectifs. Il invite ses collègues députés à se mettre résolument au travail, à transcender les divergences politiques et à faire preuve de disponibilité pour qu’ensemble ils puissent inscrire la huitième législature en bonne place dans le palmarès du Parlement béninois. « C’est seulement de cette façon que nous apporterons notre contribution au combat quotidien que le peuple tout entier mène pour le développement de notre pays, notre cher Bénin », souligne Louis Vlavonou?
Cap sur l’apaisement de la situation politique
Le président de l’Assemblée nationale n’a pas passé sous silence la tension politique née des législatives d’avril 2019. Outre ses activités constitutionnelles, c’est-à-dire légiférer et contrôler l’action du gouvernement, la huitième législature se doit, estime Louis Vlavonou, d’élargir son champ d’action et d’innover compte tenu de la tension politique nationale. « Nous nous y sommes invité d’autant plus que les électeurs nous ont envoyé des messages que nous ne saurions ignorer. Par-delà les appréciations partisanes qui grossissent ou minimisent tel ou tel aspect de la réalité nationale, il reste que les conditions de déroulement du scrutin législatif imposent des comportements nouveaux et appellent de notre part une recherche constante des conditions de restauration de la confiance », analyse le président de l’Assemblée nationale. Selon lui, la confiance mutuelle entre les populations a été ébranlée par des incompréhensions dont la persistance pourrait nuire à la cohésion sociale et à l’unité nationale. « Pour diverses raisons, des forces politiques n’ont pu prendre part au scrutin. Elles en éprouvent de légitimes frustrations, sources de clivages dans notre société. Le Parlement ne saurait rester indifférent devant une telle situation », défend Louis Vlavonou. Il promet d’examiner le plus tôt possible avec ses collègues les initiatives à prendre pour rétablir le dialogue entre les acteurs politiques et ce, dans un climat de sérénité retrouvée. « J’y consacrerai tout le temps qu’il faudra car, en la matière, aucun sacrifice ne sera de trop », ajoute le président de l’Assemblée nationale, même si les raisons de cette situation sont multiples. «Quelles qu’en soient les causes, il est de notre devoir de député d’avoir une écoute attentive des préoccupations des populations, de celles des organisations de la société civile et de la diaspora afin de rassurer tout un chacun et rétablir la confiance en nos institutions », relève Louis Vlavonou, décidé à analyser avec minutie les messages des électeurs à travers notamment les bulletins nuls et le niveau inhabituel d’abstention lors des élections législatives du 28 avril dernier.
La 8e législature, fruit de la réforme du système partisan
Le président de l’Assemblée nationale est revenu sur la réforme du système partisan qui a conduit à la mise en place de la huitième législature. Louis Vlavonou a rappelé que ce bouleversement noté dans l’univers politique béninois a été préparé depuis plusieurs décennies à travers diverses initiatives. Cette réforme, rappelle-t-il, a été appelée de tous ses vœux par son prédécesseur, Me Adrien
Houngbédji qui le martelait déjà, lors de son discours d’investiture le 15 juin 2015. Cela, en ces termes : « …je veux proclamer ici l’impérieuse nécessité d’une réforme approfondie de notre système partisan. Aboutir à un nombre très réduit de partis politiques au lieu des deux cents (200) actuellement dénombrés. Les construire autour d’un projet de société, instaurer en leur sein des règles efficaces d’alternance, assurer un financement public conséquent de leurs activités assorti d’un contrôle non moins public, interdire la transhumance…, le tout pour permettre aux partis d’être de vrais socles qui jouent efficacement leur rôle dans l’animation de la vie politique et dans la conquête du pouvoir d’Etat. Sans réforme d’envergure, le risque est grand de voir notre classe politique disparaitre progressivement et à jamais… ». Louis Vlavonou est revenu sur ces propos de son prédécesseur pour montrer toute la pertinence et la nécessité de la réforme du système partisan. Il salue par conséquent les députés de la septième législature qui se sont saisi de cette aspiration, largement partagée, pour enrichir l’arsenal juridique d’une nouvelle Charte des partis politiques et d’un nouveau Code électoral. Pour Louis Vlavonou, l’objectif majeur de cette réforme politique a été de doter le Bénin d’acteurs d’une démocratie véritable, et non de façade, qui transforment les comportements et améliorent les conditions de vie de la population.
Le président de l’Assemblée nationale regrette, tout de même, les difficultés qui sont apparues dans la mise en œuvre de ces réformes. Lesquelles difficultés ont conduit à l’organisation des élections législatives du 28 avril 2019 dans un climat de crispation. «Il est regrettable que certains de nos concitoyens aient choisi la violence pour exprimer leur désaccord et se soient livrés à des actions qu’il convient de condamner avec fermeté et de bannir à jamais. Celles-ci ont entrainé des pertes de vies humaines, des destructions de biens publics et privés, autant de dégâts dont nul ne peut s’honorer, quelles que soient la cause défendue et les frustrations subies », souligne Louis Vlavonou.
Plusieurs délégations étrangères à Porto-Novo
Outre les ministres du gouvernement et des membres du corps diplomatique accrédités au Bénin ainsi que les représentants des Organisations internationales, la cérémonie d’investiture du nouveau président de l’Assemblée nationale a été rehaussée par plusieurs délégations parlementaires étrangères. Il s’agit du président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire, Amadou Soumahoro, du premier vice-président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Bénéwendé Stanislas Sankara, du deuxième vice-président de l’Assemblée nationale du Ghana, Alban Sumana Kingsford Bagbin, et des délégations du Parlement du Niger et du Réseau des parlementaires africains de lutte contre la corruption (Apnac) conduites respectivement par Issa Moumouni et Fabrice Fifonsi. Ils ont effectué le déplacement de Porto-Novo pour témoigner leur soutien et leur solidarité à la huitième législature. En dehors du président du Parlement ivoirien, Amadou Soumahoro et du député nigérien Bénéwendé Stanislas Sankara qui n’ont pas voulu parler, toutes les autres délégations parlementaires ainsi que le Comité interparlementaire de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Cip/Uemoa) représenté par l’honorable Janvier Yahouédéou, ont salué la vitalité de la démocratie béninoise. Ils ont dit tout le bien qu’ils pensent de la huitième législature à laquelle ils souhaitent une fructueuse et pacifique mandature pour le renforcement de la paix, de la démocratie et du développement au Bénin et dans la sous-région?