La médiation en vue de trouver une solution à la crise électorale initiée de son propre chef par la Conférence épiscopale du Bénin (Ceb), se poursuit. Lundi 8 juillet dernier, la Ceb a rencontré l’Opposition. Face aux médiateurs, les membres de l’Opposition ont rappelé les quatre préalables de départ, dont la levée ouvrira la voix au dialogue souhaité.
Annoncée deux fois par Patrice Talon dans deux différentes sorties, le dialogue en vue de la décrispation éventuelle de la crise post-législatives, n’a pour l’heure pris corps. Au contraire, même après ses propos altruistes lors de sa rencontre avec les sages de Tchaourou et ce, face aux conséquences lourdes créées par cette joute électorale du 28 avril qui n’a connu la participation d’aucun parti politique de l’opposition, les interpellations continuent. Ne pouvant donc pas demeurer silencieuse et indifférente à cette situation socio-politique toujours tendue et caractérisée par des violences et arrestations en masse, l’Église catholique par le truchement de la Ceb, a pris sur elle la responsabilité de jouer sa partition, en vue d’un dialogue inclusif, entre les acteurs en conflit. C’est d’ailleurs dans cette perspective que cette dernière, s’est entretenue avec des leaders des forces politiques de l’Opposition. Ces échanges conduits par les membres de la Conférence épiscopale se sont déroulés sans anicroches, même si l’Opposition a souhaité que les débats se mènent autour de la crise électorale et ses corollaires dans toute leur globalité, et non exclusivement autour de la crise pré-électorale, comme l’ont voulu au départ les médiateurs. Après ce rectificatif auquel tient l’Opposition, les discussions se sont poursuivies, ce qui a permis à la Ceb d’expliquer davantage à l’opposition qu’elle n’est mandatée par personne, pour conduire cette médiation. « Dans les échanges, ils nous ont expliqués que c’est compte tenu du cri de cœur des populations qu’ils ont pris l’initiative de rencontrer chaque camp, pour voir comment un dialogue inclusif peut être organisé, afin que tout le monde se parle et que des solutions soient trouvées de façon définitive, à cette crise. A notre tour, nous avons beaucoup apprécié leur initiative mais nous leur avons suffisamment expliqué que pour qu’il y ait un dialogue inclusif, nos préalables doivent avoir une suite favorable. Il s’agit de la reprise des élections législatives à l’issue desquelles, nous avons été exclus. Il faut qu’on nous garantisse le retour des exilés politiques, que le pouvoir libère les centaines de personnes emprisonnées, soit pour leurs opinions, soit pour avoir été soupçonnées de participer aux manifestations du 1er et 2 mai, entre autres. Comme quatrième préalable, il faut la restitution immédiate des corps des innocentes personnes froidement abattues lors de ces manifestations, pour permettre à leurs différentes familles de faire leur deuil. Voilà un peu ce que nous leur avons expliqué et c’est ce que nous exigeons depuis, d’ailleurs. S’il doit y avoir dialogue, il faut que ces quatre préalables soient levées », a expliqué l’ancien député Nourenou Atchadé de l’Opposition, un des participants à ces séances, joint hier au téléphone. Si ces revendications des forces politiques de l’Opposition constituent pour elles, le fil d’Ariane à toute discussion inclusive avec les protagonistes, la Ceb ne décolère pas et promet y travailler davantage. Même si l’idée d’une éventuelle rencontre entre le Président de la République Patrice Talon et l’Opposition est imminente selon certains médias, il faut quand-même noter que l’Opposition a déjà, à travers ces échanges avec l’Église catholique, renvoyé la balle dans le camp du gouvernement. Quitte à ce dernier de la saisir au bon.
Janvier GBEDO (Coll.)