Les semaines s’écoulent et les populations frappées par le verrouillage des frontières entre le Nigeria et ses voisins que sont le Bénin et le Niger sont toujours dans la peine. Toujours campé sur sa position, le géant de l’Est en dépit des entrevues avec ses collègues Patrice Talon et Mahamadou Issoufou à Yokohama au Japon ne démord toujours pas. Cependant, à l’occasion, il a été projeté un sommet tripartite Nigeria-Bénin-Niger pour dénouer les nœuds d’une crise qui n’a fait que trop durer. Et tout porte à croire que le tête-à-tête entre les trois présidents donnera des fruits et débouchera très prochainement sur la réouverture des frontières.
Du moins, suite à la décision unilatérale du président Muhammadu Buhari, le Bénin a des arguments solides pour démontrer que des récriminations du Nigeria à son encontre, il n’en est pour rien. En effet, pays côtier, le pays de Patrice Talon, selon les accords de l’Oms, ne peut pas percevoir des taxes sur des produits transitant sur son territoire pour les pays de l’hinterland. Ainsi, par exemple, le riz qui quitte le port de Cotonou pour être transporté sur le Niger, ne peut être facturé. Seulement, malgré la dégradation de nos routes dont il est à la base, ce même riz arrivé à destination est dédouané tout en sachant qu’il sera réexporté sur le Nigeria et profite pleinement au trésor nigérien. Cela suppose qu’à ce niveau, le Bénin est le dindon de la farce et le grand perdant d’un transit mal régi.
Les limites des arguments nigérians
En ce qui concerne les échanges commerciaux entre le Bénin et le Nigeria, là encore, les raisons qui ont motivé le président Buhari au verrouillage des frontières ont des limites. Si à première vue, les observateurs peuvent penser que le trafic de l’essence frelatée et la réexportation de certaines denrées alimentaires ne profitent qu’au Bénin, dans le sens opposé, il y a également bien de produits en provenance du Nigeria comme les objets plastiques, les glacières, les mèches, les pièces détachées et autres qui sont déversés sur le marché béninois. La preuve, tout calcul fait, à la fin de chaque année, la balance commerciale entre les deux pays est largement en faveur du Nigeria. Au finish, il est donc clair que contrairement à ce que tente de prouver la partie nigériane, ce n’est pas le géant de l’Est qui est le grand perdant des échanges entre les pays qui sont frontaliers à lui mais, une fois encore, c’est le Bénin.
En conséquence, il est nécessaire que les présidents Talon, Buhari et Issifou s’asseyent autour d’une même table et se parlent sans langue de bois pour aplanir les divergences. Sinon, au vu des arguments exposés et des légitimes frustrations du Bénin, l’attitude du Nigeria frise tout simplement, la raison du plus fort. D’ailleurs, dans un contexte de libre échange, il est bienséant que la négociation soit au cœur de toute décision ayant cette portée préjudiciable aux populations à la base. Mais visiblement, sur le plan des relations entre le Nigeria et ses voisins que sont le Bénin et le Niger, bien malin est celui qui pourra déceler toutes les raisons d’une fermeture unilatérale des frontières.