Peu à peu, les langues se délient. Les nouvelles dispositions devant figurer dans le projet de loi portant révision de la Constitution du 11 décembre 1990 sortent de la bouche de ceux à qui la mission a été confiée. On savait que l’ancien président était devenu une sorte de hantise pour le gouvernement de la Rupture. De plus en plus, on en a la certitude. Même dans sa marche forcée pour la révision de la Constitution, le gouvernement du Nouveau départ ne peut s’empêcher de penser au profit que pourrait en tirer Boni Yayi. Et comme il n’est pas question de remettre en selle l’ancien président par le biais d’une nouvelle loi fondamentale, on a pensé à tout. « Nul ne peut faire plus de deux mandats dans sa vie », c’est la nouvelle disposition qui va remplacer « Nul ne peut faire plus de deux mandats ». C’est la précision de trop. Celle qui devrait empêcher Boni Yayi de ne point prétexter d’une nouvelle Constitution pour vouloir briguer à nouveau la magistrature suprême. C’est vrai qu’on veuille ou non, que cela soit en 2021 ou en 2026, Patrice Talon sera aussi un ancien président et la même disposition lui sera appliquée. Mais pour l’heure, on ne peut voir à travers cette reformulation l’idée de bloquer la voie à un ancien président. Et le seul qui, malgré ses deux mandats, reste encore très actif sur le plan politique, c’est évidemment Boni Yayi. En 1990 des voix s’étaient levées contre la limitation de l’âge des présidentiables à 70 ans. C’était déjà une forme d’exclusion qui visait essentiellement les anciens présidents Maga, Ahomadégbé et Zinsou. 29 ans après, on trouve toujours qu’il faut tailler la Constitution sur mesure. Cela est révélateur du fait que malgré toutes les assurances données par les experts du comité mis en place par le chef de l’Etat, il est possible qu’on ne soit pas à l’abri d’une nouvelle République. Sinon, quel besoin d’insister, en dehors des fondamentaux qui ne seront pas remis en cause, qu’en tout état de cause nul ne peut faire plus de deux mandats dans sa vie ?
M.M