Les spectateurs du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa) avaient rendez-vous avec le Vodoun béninois, dimanche 8 mars dernier, au Palais de la culture d’Abidjan. La troupe Oshala a…

MASA 2020: Le « Vodoun » fait son marché à Abidjan

MASA 2020: Le « Vodoun » fait son marché à Abidjan

Les spectateurs du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa) avaient rendez-vous avec le Vodoun béninois, dimanche 8 mars dernier, au Palais de la culture d’Abidjan. La troupe Oshala a livré sa prestation dans une salle comble. Environ une heure de célébration et de vénération du Vodoun à travers un spectacle éponyme.

 Les quelque 600 spectateurs qui ont effectué le déplacement de la salle Kodjo Ebouclé du Palais de la culture d’Abidjan n’ont pas eu besoin d’être des initiés pour comprendre la trame du spectacle « Vodoun» de la compagnie Oshala du Bénin, retenue dans la catégorie Danse. La plupart d’entre eux se sont même empressés de prendre place avant l’entame du spectacle. Le temps que le grand rideau rouge se brise en deux pour laisser découvrir les accessoires de Oshala, il n’y avait presque plus de places vides. Certains ont dû suivre « Vodoun » debout. Ils auraient sans doute eu tort de ne pas venir s’abreuver à la source des divinités béninoises, longuement louangées au cours des 50 minutes que dure la prestation de Oshala.
C’est d’ailleurs là que le spectacle commence. 90 secondes de Gbéssissa (invocations du Vodoun), d’une voix tonique, avant même que les instrumentistes ne prennent place sur la scène. Les premiers instants sont consacrés aux chants Vodoun. Aux sons des tambours, diverses divinités sont vénérées et saluées. Le ‘’Avalou (demande d’autorisation aux dieux)’’ comme on le dit au Bénin est fait. La première danseuse se lance sur scène. Elle est rejointe par ses paires. Les pas de danse aux rythmes des tambours s’enchainent. Le public, content, lâche ses premiers applaudissements.
« Vodoun », le spectacle que présente Oshala sur deux différentes scènes du Masa est construit autour d’une histoire. Des adeptes en pleine vénération voient leur divinité profanée par une inconnue. Elle subira sur le champ le châtiment lié à sa transgression. Pendant que chants et danses s’enchainent, le « corps inerte » de cette dernière demeure sur place. Quelques cérémonies sont faites au passage. Tous ces instants sont ponctués de chants et danses des couvents Vodoun. De quoi tenir en haleine le spectateur et retenir au maximum son attention. Et cela n’a pas raté. Le public est resté concentré. On dirait même émotif. Il était encore plus admiratif au passage des ‘’dan Sakpatassi’’ avec leurs accoutrements singuliers et leurs pirouettes. Le temps finalement pour un « dignitaire » de prendre son tour de scène, d’invoquer les dieux et de redonner « la vie » à la fautive. Elle se réveillera aux pas de danses Vodoun. La synthèse, le Vodoun est vie. Issue heureuse fort ovationnée par le public qui entre-temps, a assisté à une démonstration plutôt singulière. L’autel de circonstance posé au milieu de la scène a glissé tout seul de la scène pour les coulisses. Certains ne s’en revenaient pas.
Pour une entrée en scène, Oshala a fait fort. Son costume quoique léger respecte les couleurs Vodoun. Mais son décor est impressionnant. Accessoires Vodoun et récades se sont donné rendez-vous. L’occupation scénique était presque irréprochable. On devra tout de même déplorer quelques ratés dans les gestes. Mais des ratés mineurs pour en ôter à la qualité de ce spectacle joué en deux temps et qui a su vendre le patrimoine béninois sur différents paliers.

Du Guèlèdè aussi !

Le Bénin au Masa sans les masques Guèlèdè, c’est difficile à envisager. Fort heureusement, Oshala a relevé le défi avec son spectacle « Vodoun» dans sa deuxième partie. Les masques ont assuré un bref mais intéressant passage à la satisfaction générale.

Par Josué F. MEHOUENOU