Les médias occupent un rôle essentiel dans la crise du COVID-19. Autant ils doivent informer et porter les messages de sensibilisation, autant ils sont frappés économiquement par les retombées de…

Crise sanitaire du COVID-19: Impact et perspectives pour le secteur de la télévision au Bénin

Crise sanitaire du COVID-19: Impact et perspectives pour le secteur de la télévision au Bénin

Les médias occupent un rôle essentiel dans la crise du COVID-19. Autant ils doivent informer et porter les messages de sensibilisation, autant ils sont frappés économiquement par les retombées de cette pandémie.

Dans ce contexte, au Bénin, quels sont les médias qui arrivent à s’en sortir et quelle est la recette du succès ? Je m’efforcerai de donner dans cette tribune des éléments de réponses, en me focalisant ici sur la télévision, dans une prochaine parution, je parlerais de la Radio.

Le récent rapport de GEOPOLL, d’Avril 2020 sur la façon dont certains pays d’Afrique réagissent face à la crise du COVID 19, montre clairement les changements que cette pandémie induit dans notre consommation des médias. Quand il s’agit de la source d’information, la télévision vient en tête à 45%, et juste derrière, il y a les réseaux sociaux à 40%., d’où une hausse des parts d’audience.

Les chaînes d’infos et de divertissement sont les grands gagnants. Les populations ont soif de comprendre cette maladie et tout ce qui l’entoure. Elles veulent se tenir informer et face aux flots d’informations anxiogènes et non vérifiées qui circulent sur les réseaux sociaux, la télévision demeure le media de référence.

Au Benin, les mesures d’audience quotidiennes effectuées par GEOPOLL compilées nous donnent le résultat ci-dessous sur les 3 derniers mois :

De l’analyse de ces chiffres, il ressort que les chaînes : ORTB, FRANCE24 ET NOVELAS TV s’en sortent aisément. L’ORTB, chaîne du service public généraliste, est le lien le plus solide entre la population et les informations gouvernementales : suivre la crise, le point des actions, et les éléments de riposte, le Journal télévisé de 20h a connu un bond de 30% France 24, chaîne d’info en continu, passe de la 7eme place avec 4% en Février à la 3ème place en Mars, avec 9%, au plus fort de la crise en Europe, soit 5 points gagnés et se maintient en Avril à cette 3ème place Novelas TV, chaîne spécialisée dans les films et séries, reste toujours autant suivi, mais perd des parts de marché, de 18% en Février, la chaine est descendue à 13% de part d’audience en Avril, le besoin de s’informer est plus présent que celui de regarder une série.

La chaine musicale TRACE TV,4eme en Février avec 5% de part de marché, se retrouve hors du TOP 10 en Avril avec à peu près 4%, cela est surement difficile à comprendre, mais s’explique aisément, car Trace est considérée comme une chaine Out of Home, beaucoup de gens regardent la musique en dehors de chez eux, dans les bars, les restaurants, les salons de coiffure et autres lieux de loisirs, alors qu’actuellement, tous ces lieux sont fermés.

Au Nigéria, par exemple, où il y eu un confinement strict, selon les mêmes données GEOPOLL obtenues entre mars et Avril, un constat net a été fait : les audiences des chaines sport ont chuté, par manque de contenus (la quasi-totalité des événements sportifs et championnats annulés) au profit des chaines d’infos et de divertissement. La clé de cette réussite se trouve dans le fait que les chaines TV ont su rapidement s’adapter à la période de crise, changer leur programmation pour répondre aux besoins du public qui, à cause de cette crise, est totalement réceptif aux messages du petit écran.

Mais cette crise est paradoxale, car elle vient tout autant avec des conséquences économiques lourdes sur les médias qu’avec des opportunités énormes.

Il y a plus d’audience, mais moins de rentrées publicitaires. Ce qui fragilise les médias. Au Benin, la plupart des chaines Tv sont principalement des chaines commerciales. Elles sont donc en danger, mais avec cette forte audience actuelle, il y a une niche qui s’ouvre, et un modèle économique à repenser pour le secteur des médias.

En France par exemple TF1 a revu à la baisse ses objectifs à cause de la réduction des campagnes publicitaires, mais, dans le même temps, a lancé une opération dénommée 1+1=3, la chaîne offre 1 plage pub, pour deux plages achetées.

C’est donc le moment pour nos chaînes de saisir cette opportunité pour proposer des contenus adéquats, échanger en amont avec les agences médias qui gèrent les budgets pub, pour créer conjointement des offres concordantes.

Cette crise nous montre que le meilleur endroit aujourd’hui pour atteindre la cible, c’est la maison. La forte audience doit donc être rentabilisée et fidélisée.

C’est surtout le moment de ne pas dormir sur ses lauriers et de travailler à la digitalisation des médias qui est encore embryonnaire (replay tv, vod)*

La crise du coronavirus est une opportunité pour les chaînes d’info et généralistes car elle permet de refonder la confiance des gens dans les médias, et on ne le dira jamais assez, « content is king », le contenu de qualité et ciblé, permettra de survivre à la crise et se positionner pour l’après CORONAVIRUS.

*Replay tv : littéralement ‘’télévision de rattrapage, qui consiste à proposer aux téléspectateurs de revoir une émission, sur la plateforme digitale de la chaine, un peu après sa 1ere diffusion

VoD : Vidéo à la demande : service digital, offert ou vendu, permettant de diffuser des vidéos. Plus souple pour les téléspectateurs qui s’affranchissent des horaires de diffusion et peuvent donc regarder les vidéos à leur rythme

Kamal Deen HABIB

Marketing Manager

Harmonies Benin