C’est devenu récurrent. Ces derniers jours, des prisonniers ayant jugé utile de passer entre les mailles de la justice ont décidé par eux-mêmes de recouvrer la liberté. Bien conçu, le plan mis à exécution a fonctionné à merveille. Du jour au lendemain, les intéressés se sont retrouvés hors des prisons où ils étaient détenus. Pis, dans le lot, on compte des récidivistes, spécialistes dans l’art de l’évasion. La maison d’arrêt d’Abomey-Calavi est celle qui offre le plus ce spectacle qui défie les forces de sécurité affectées à la surveillance de cet établissement pénitentiaire. C’est ainsi que, évadé une première fois, le fameux prisonnier a été retrouvé, interpellé à nouveau et mis en isolement. Malgré ces conditions peu reluisantes, il a encore réussi quelques jours plus tard à échapper à la vigilance de ses geôliers entraînant avec lui un autre prisonnier. Si, en activant ses services de renseignement, la police parvient une énième fois à le localiser et à mettre encore la main sur lui, ne va-t-il pas, une fois de plus, se soustraire de son plein gré à l’effectif des prisonniers ?
D’un autre côté, ces dernières années, les régisseurs des différentes prisons civiles sont régulièrement mutés comme on change de chemise. Quelques jours, quelques semaines et quelques mois pour les plus chanceux suffisent pour qu’ils soient déchargés et remplacés. Il est loin le temps où les premiers responsables des prisons conservaient leur poste pour une durée raisonnable. Aujourd’hui, à peine nommés, ils sont déjà sur le point d’être remerciés. Ces évasions de prisonniers et changements répétitifs de régisseurs sont l’expression d’un grand malaise qui prévaut au niveau des services pénitentiaires.
La création de l’Agence pénitentiaire du Bénin, censée instaurer un nouveau mode de gouvernance des prisons, n’a pas encore réglé les problèmes les plus cruciaux auxquels sont confrontés les « gardiens » des maisons d’arrêt. Puisque nous sommes à l’ère des réformes, pourquoi ne pas poursuivre les réflexions et opter pour la mise en place d’une Garde pénitentiaire comme c’est le cas pour la Garde nationale. Les agents qui seront affectés à ce nouveau corps ne manqueront pas d’être formés dans les règles de l’art avec toutes les subtilités liées à leur mission. Cette spécialisation éviterait à la République de faire face constamment à des évasions de prisonniers ou à des limogeages répétés de régisseurs de prisons.