Pour le monde en général et l’Afrique en particulier, les nouvelles ne sont pas bonnes. Et pour cause, d’après l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA) basé à Stockholm en Suède, la démocratie serait en net recul. D’après l’institut créé en 1995 et qui rassemble 31 pays, le nombre de pays dont le régime devient autoritaire est trois fois supérieur au nombre de pays qui tendent vers la démocratie. D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement avec la série de putsch en Afrique notamment au Mali, en Guinée, au Soudan, des troisièmes mandats arrachés aux forceps ou encore des élections gagnées mais teintées de nombreuses irrégularités. Si la démocratie en Afrique laisse jusqu’ici toujours à désirer, l’Europe longtemps considérée comme la référence laisse également échapper des points avec le foisonnement des régimes hybrides. Ainsi, la Hongrie, la Pologne, la Slovénie, la Russie, la Turquie font partie des démocraties les moins bien classées.
En somme, les conclusions des études ne sont pas bonnes surtout pour le continent africain où les experts du laboratoire d’analyse ont noté qu’elle voit pour la première fois en dix ans une augmentation drastique du nombre de régimes autoritaires.
Des critères clés qui en disent long
A titre d’exemple, les experts ont constaté une forte prédominance de régimes “autoritaires” avec l’exception de la Tunisie considérée comme une démocratie “intermédiaire”. Par ailleurs, ils ont noté dans leur rapport sur l’Afrique et le Moyen-Orient que le nombre de démocraties est passé de 22 à 18 entre 2015 et 2020. Malheureusement, il est à souligner dans le point fait par Idea en Afrique que le Bénin et la Côte d’Ivoire ont perdu leur statut de démocratie. Et le Mali bascule de régime hybride au régime autoritaire. Et comme il n’y a pas de règle sans exception, la Zambie, est désormais classée pays démocratique et est le seul pays à avoir changé positivement de catégorie cette année.
Mais avant d’en arriver à leur rapport, les experts de l’IDEA se sont appuyés sur un certain nombre de critères pour évaluer l’état démocratique d’un pays, notamment la tenue régulière de scrutins électoraux, la légitimité du gouvernement, la liberté d’expression, le recours à la force, le respect des droits fondamentaux et l’accroissement des violences politiques et du terrorisme. Une panoplie de critères dont les notations ont permis à Idea d’en arriver à sa conclusion.
Le développement à quel prix ?
Mais au-delà de l’état sur la démocratie dans le monde fait par Idea, l’idéal serait d’aller à la recherche des raisons qui expliquent le développement des régimes totalitaires surtout sur le continent africain. A ce niveau, par plusieurs occasions, les gouvernants indirectement indexés dans le rapport ont mis en avant la nécessité d’une fermeté indispensable à tout développement socioéconomique. Un parallélisme qui forcément ne reçoit pas l’assentiment de tous. Cependant, il est clair que les contextes d’un pays à un autre peuvent être profondément différents tout comme le niveau d’appréciation des réalités démocratiques.
C’est pourquoi, comparaison n’est pas raison et la liberté sans conscience peut être, selon les cas, ruine de l’âme. Cependant, il y a des limites à ne pas franchir. Parmi elles, la liberté d’expression et des élections libres et démocratiques. Après, c’est aux populations de juger dans les urnes le système qui les dirige et la direction à prendre pour atteindre les objectifs qu’elles pensent prioritaires. Autrement, seule la fin justifierait les moyens.