Au lendemain du verdict du tribunal de Cotonou dans l’affaire de faux médicaments, l’intersyndicale des pharmaciens du Bénin a tenu une Assemblée générale pour apprécier ledit verdict. Les pharmaciens parlent d’une responsabilité partagée entre les structures de contrôle de l’Etat et les grossistes répartiteurs. Néanmoins, selon le Porte-parole de l’intersyndicale, Dr Louis Koukpémédji, les pharmaciens sont disposés à accompagner les réformes visant la protection de la santé des populations et la préservation du monopole de compétence du pharmacien. Dr Louis Koukpémédji, Président du Siphab et Dr Yhass Adandé Kinti souhaitent d’ailleurs rencontrer le Ministre Alassane Seidou et le Chef de l’Etat Patrice Talon pour discuter avec eux des réformes touchant le secteur.
DÉCLARATION DE L’INTERSYNDICALE DES PHARMACIENS DU BÉNIN
Le tribunal de première instance de Cotonou s’est prononcé ce mardi 13 mars 2018 sur l’affaire dans laquelle les directeurs généraux des grossistes répartiteurs de médicaments sont mis sous mandat de dépôt depuis 22 jours. Le verdict condamne les prévenus à 4 ans de prison ferme, une amende de 20 millions chacun, et au versement de 100 millions FCFA d’amende solidaire et ordonne la destruction des scellés
Nous pharmaciens du Bénin, réunis à Cotonou en Assemblée Générale ce mercredi 14 mars 2018, sommes surpris du verdict. De notre point de vue, ce qui est reproché aux grossistes répartiteurs serait un manquement à la procédure d’importation des produits de santé en République du Bénin.
Pour rappel, le procureur de la république, au cours de sa conférence de presse du
vendredi 23 février 2018, a reproché aux prévenus d’avoir été complices de l’exercice illégal de la pharmacie et de la vente de substances médicamenteuses falsifiées.
Depuis lors et en respect des décisions issues de l’assemblée générale extraordinaire des pharmaciens tenue à Cotonou le samedi 24 février 2018, nous nous sommes abstenus de toute déclaration publique sur le dossier et avons préféré laisser la justice clarifier l’affaire en toutes sérénité et transparence. Au rendu du verdict, on s’aperçoit que l’accusation retenue contre les dirigeants des sociétés grossistes répartiteurs est la vente de médicaments falsifiés. Pourtant, à l’audience du mardi 6 mars, il n’a jamais été démontré que les médicaments incinérés, qui par ailleurs disposent d’une autorisation de mise sur le marché, ont été falsifiés. La preuve en est qu’à la date d’aujourd’hui, les produits n’ont pas été rappelés des pharmacies et formations sanitaires et leurs autorisations de mise sur le marché n’ont pas été suspendues. Les moyens soulevés par l’accusation à l’audience sont donc scientifiquement et juridiquement insuffisants pour parler de médicaments falsifiés. Il s’agirait plutôt d’un manquement aux procédures d’importation des produits de santé en République du Bénin en ce qui concerne notamment les produits du laboratoire NEW CESAMEX qui représentent moins de 0,5% des médicaments référencés. Sauf si la justice disposait d’autres éléments que nous ignorons.
Ce manquement aux procédures d’importation des produits de santé aurait pu être relevé par les services d’inspection de la direction de la pharmacie et sanctionné par la chambre de discipline de l’Ordre des pharmaciens.
Malheureusement, la direction de la pharmacie est depuis des années défaillantes et la chambre de discipline quasi-inexistante ; en témoigne le réquisitoire du procureur de la république à la fin des débats à l’audience. Il s’agit alors d’une responsabilité partagée entre les structures de contrôle de l’Etat et les grossistes répartiteurs mis en cause.
C’est pourquoi, nous pharmaciens du Bénin, tout en saluant les efforts du gouvernement et de la justice visant à assainir le secteur pharmaceutique pour la protection de la santé de nos populations :
1. Sollicitons de la cour d’appel, au cas où elle sera saisie, d’examiner avec attention le cas des intéressés,
2. Demandons à rencontrer le Ministre de la Santé et le Président de la République pour discuter des réformes nécessaires dans le secteur pharmaceutique.
3. Marquons notre disponibilité à accompagner toute réforme visant la protection de la santé des populations et la préservation du monopole de compétence du pharmacien.
4. Invitons tous les pharmaciens à plus de rigueur dans l’application des bonnes pratiques pharmaceutiques dans l’accomplissement de nos missions de santé publique,
5. Rassurons les populations que les officines de pharmacie sont des établissements de santé sous contrôle permanent de l’administration publique et qu’elles demeurent les seuls lieux sûrs où on peut se procurer des médicaments de qualité qui garantissent l’efficacité et la sécurité aux patients.
Fait à Cotonou, le 14 mars 2018
L’INTERSYNDICALE DES PHARMACIENS DU BÉNIN