Alassane Ouattara, président ivoirien a réitéré, dans son discours prononcé la veille de la célébration du 58ème anniversaire de l’indépendance, la ‘’nécessité’’ d’un passage de témoin à la nouvelle génération…

Burkina/Débats sur le code électoral : Signe d’une classe politique fatiguée, qui pivote … !

Burkina/Débats sur le code électoral : Signe d’une classe politique fatiguée, qui pivote … !

Alassane Ouattara, président ivoirien a réitéré, dans son discours prononcé la veille de la célébration du 58ème anniversaire de l’indépendance, la ‘’nécessité’’ d’un passage de témoin à la nouvelle génération dès l’échéance présidentielle à venir. Un constat et un ‘’besoin’’ qui peuvent s’observer et se justifier dans plusieurs pays africains, notamment au Burkina.

 

Et ces vifs débats autour du nouveau code électoral (débats de plus en plus acerbes et qui masquent difficilement les intérêts purement politiques) révèlent que le Burkina a affaire à une classe politique sclérosée, qui n’a plus rien à proposer. Majorité comme opposition confondue. A l’image de bien d’autres questions qui engagent la vie du pays, le nouveau code électoral, avec son corollaire du vote des Burkinabè de l’étranger, est l’objet de toutes les ruses de la classe politique. Dans ces calculs d’intérêts et de confort politiques, on comprend aisément qu’il n’y ait pas de place pour le consensus !

A la place de l’ingéniosité et de la pertinence des offres, idées et arguments, c’est maintenant la traite des propos désobligeants qui s’observent autour des grands sujets sur la vie de la nation. Pouvait-il en être autrement pour des acteurs (du moins, l’essentiel) qui ont tout mené ensemble, fait et défait l’histoire politique de ce pays ? En tout cas, le constat est là, et il est têtu, comme le dirait l’autre. Et tous les ingrédients sont réunis pour que la légende se poursuive.

Même si le récent sondage du CGD (Centre pour la gouvernance démocratique), réalisé en 2018, montre que 72,1% des Burkinabè n’ont plus confiance aux partis politiques, la vérité est qu’il tarde à se dessiner des successeurs au sein de la nouvelle génération, à même de redorer le blason.

L’histoire nous apprend que depuis des décennies maintenant, ce sont les mêmes acteurs qui ont toujours été aux affaires. D’une manière ou d’une autre. Une situation qui s’est toujours traduite par la reconfiguration, sans cesse, de la scène politique. Par jeu d’intérêts surtout. Si fait qu’à ce jour, bien malin qui saura dire le nombre de partis politiques nés de dissidences, et dont les raisons ne tiennent au respect de l’idéologie qu’à la défense et préservation d’intérêts personnels.

Pour des besoins de préservation d’un certain acquis, des oppositions politiques ont été sciemment, et parfois, créés…, détournant du même coup, le regard des populations sur des préoccupations réelles ou latentes (à en croire ces confidences d’un vieux crocodile de la marre politique).

Au passage, il faut donc reconnaître à la classe politique actuelle, le mérite de ‘’manipuler’’ la vie nationale, à sa guise. En témoigne encore ces nombreuses organisations de la société civile, savamment créées pour ’’s’acheter’’ des ‘’querelles ‘’ dont elles ignorent, elles-mêmes, la source et la motivation réelles.

Aujourd’hui, on a un paysage politique figé, ligoté à une sorte de paralysie. Tous les acteurs savent ce qu’il faut faire pour ce pays. Seulement, personne ‘’ne veut franchir’’ le pas. Dès lors, le plus important ne peut pas être de changer le pays, mais de protéger les propres acquis, en offrant un spectacle contraire aux citoyens.

Ces propos ‘’à cœur ouvert’’ de cette autre grosse figure politique sont encore plus édifiants et convaincants : « tout ce que vous voyez-là…, tous ces bruits se résument en une seule chose : comment préserver et réunir les cinq doigts dans la bouche ». Tout est, ici, dit et les débats sur le nouveau code électoral révèlent bien des aspects pernicieux et mettent à nu une réalité, qui est que la seule force de la classe politique actuelle reste “l’absence” d’une alternative au sein de la jeune génération.
Un fait que même la disposition sur la candidature indépendante (un combat longtemps mené par des organisations de la société civile contre la volonté masquée de ces mêmes acteurs politiques, toutes tendances confondues) n’a pas, jusque-là, pu faire évoluer.

Besoin de nouveau sang certes, mais avec qui ? En tout cas, pour le moment, la question peut se poser et se pose en termes d’interpellation de la jeunesse à mieux se construire pour conduire le pays. Car, jusque-là, et malheureusement, cette classe à laquelle la politique ouvre grandement les fenêtres, entraîne avec elle, les rares figures de jeunes qui avaient commencé à se faire des côtes. Ceux-ci sont vite colmatés et ’’grillés’’.

Les acteurs de la classe politique actuelle (en tout cas, ceux qui détiennent le jeu politique) ont toujours su manager pour préserver les intérêts de chacun dans la génération… Et la conséquence, c’est qu’on avance moins que cela devrait l’être, en réalité. Pour ne pas dire qu’on pivote !
Le Burkina souffre donc du manque d’une nouvelle génération de politiques, à même de se positionner comme un espoir et concurrents sérieux des acteurs essoufflés.

Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net