Le Bénin pourrait revivre la catastrophe humanitaire de 2010 si rien n’est fait. Depuis quelques semaines, les eaux montent dans plusieurs Communes, du Nord au Sud. Beaucoup craignent de faire face à une nouvelle tragédie.
Une nouvelle catastrophe plane peut-être sur le Bénin. Dans plusieurs Communes, on enregistre déjà les premiers sinistrés. Il n’existe pas encore de chiffres officiels. Mais le pire est à craindre. A Malanville, la montée des eaux déplorée depuis près d’un mois a fait céder un pont et créé plusieurs dégâts. Ces eaux qui se dirigent vers le Sud ont déjà commencé à causer d’autres ennuis. Dans la Commune de Ouinhi par exemple, selon les explications du Maire Célestin Ogoutolou, plusieurs localités (Tohouè, Sagon entre autres) sont sous l’eau depuis quelques semaines. Plusieurs personnes ont dû abandonner leurs habitations. Les écoles et certains hôpitaux sont désormais inaccessibles. A l’entendre, vu la quantité d’eau ayant envahi les champs, les écoles ou encore les habitations, la décrue n’est pas possible avant le mois de décembre. C’est le même constat dans la Commune de Zagnanado. Les villages de Kpoto, Ahlan et Loko-Alankpé sont de plus en plus invivables. Les populations locales sont confrontées à une impressionnante montée des eaux. La tendance ne devrait pas changer de sitôt selon les témoignages recueillis sur place. Et pourtant, le ministère de l’Intérieur avait donné l’alerte. Dans un communiqué rendu public le 13 septembre dernier, le ministre Sacca Lafia avait montré que les Communes de Karimama, Malanville, Adjohoun, Bonou, Ouinhi, Zagnanado et Zogbodomey étaient en alerte rouge. Athiémé et Grand-Popo pourraient l’être aussi à en croire le même communiqué. Sacca Lafia avait aussi invité les populations riveraines de certains cours d’eau à se préparer pour d’éventuelles évacuations de leur résidence habituelle. Mais, on constate déjà les premières conséquences. Il pourrait y en avoir de lourdes puisque beaucoup soutiennent que la pluviométrie de cette année est importante. Vu l’évolution rapide de la situation sur le terrain, d’autres localités, notamment Cotonou et plusieurs Communes de la vallée de l’Ouémé, pourraient être confrontées aux mêmes difficultés. On pourrait bien s’inquiéter que le Bénin revive les pires inondations de 2010 ayant fait des dizaines de morts. Pendant plusieurs semaines, les hôpitaux pourraient être paralysés. Les conditions sanitaires déjà précaires pourraient devenir davantage difficiles et faciliter des épidémies. L’école pourrait être également paralysée dans plusieurs Communes privant ainsi de milliers d’apprenants de l’éducation. L’agriculture, l’élevage ou encore toute l’économie pourraient aussi en pâtir. S’il y a déjà des conséquences sur le terrain, c’est que le mécanisme de prévention et de protection que l’Etat doit déployer sur le terrain à temps n’a certainement pas bien fonctionné. C’est dire que le ministère de l’Intérieur ne doit plus se contenter de communiqué laconique. L’Agence nationale de la protection civile (Anpc) doit pouvoir prendre à temps en complicité avec les hautes autorités, les mesures impossibles afin d’épargner aux populations une tragédie. La menace est forte. Et le risque est grand. Tout le ministère de l’Intérieur doit se mobiliser pour faire face aux inondations qui s’annoncent. La bureaucratie et la lenteur administrative pourraient créer encore des désastres incommensurables.
Mike MAHOUNA