Au nombre des points à étudier au cours de la deuxième session ordinaire de l’année 2018 de l’Assemblée nationale ouverte jeudi 25 octobre dernier, il y a la « proposition de résolution tendant à la création d’une commission parlementaire d’information, d’enquête ou de contrôle pour s’enquérir des conditions de conservation et d’entretien des infrastructures et équipements ainsi que des entraves à la mise en service de l’aéroport international de Tourou ». On pourrait se demander pourquoi depuis presque trois ans que l’administration Talon est aux commandes du pays, c’est maintenant que les députés jugent utile de s’intéresser à la mise en service de cette infrastructure économique. N’est-ce pas là un bon prétexte pour le gouvernement de la Rupture qui peine à honorer son engagement pris vis-à-vis des populations de la partie septentrionale du pays ?
Depuis bientôt trois ans que le gouvernement de la Rupture/Nouveau départ a hérité du chantier finissant de l’aéroport de Tourou, il peine à le mettre en service pour le bonheur des populations béninoises et des populations de la partie Nord du pays en particulier. L’échéance de trois mois donnée récemment est aussi arrivée à expiration depuis. Visiblement, cet aéroport qui avait connu son premier vol inaugural sous le régime défunt de Yayi Boni n’en connaîtra plus d’autres de sitôt. Et, pour se racheter, le Pouvoir de Patrice Talon pourrait surfer sur les travaux de la commission d’enquête parlementaire qui sera mise en œuvre pour fouiller dans les dédales de cette infrastructure d’envergure. A quand la mise en place de ladite commission ? Quand est-ce qu’elle déposera son rapport quand on sait que depuis deux ans, aucun rapport n’a été encore déposé pour ce qui est de l’enquête parlementaire sur la Centrale énergétique de Maria Gléta 1 ? Et si on lit bien la mission assignée à la commission, il se pourrait que l’aéroport ne soit même pas mis en service. Cela dépendra de la conclusion à laquelle la commission aboutira.
Du pain béni pour le gouvernement
Il n’est pas exclu d’avoir un scénario à la ‘’porto-novienne’’ pour ce qui est du siège de l’Assemblée nationale en chantier, où on s’est appuyé sur les conclusions du rapport du cabinet commis pour demander au gouvernement l’abandon du site pour un nouvel endroit. Quand on se souvient de toute la mise en scène qui a eu lieu au Palais des gouverneurs à Porto-Novo, il y a environ sept mois, l’on en droit de se demander si ce point à l’ordre du jour de la deuxième session ordinaire de l’année 2018 de l’Assemblée nationale est anodin. En tout cas le timing s’y prête bien. A six mois des Législatives où toutes les occasions sont bonnes pour vitrioler le camp adverse et s’attirer la sympathie des populations, le gouvernement ne pouvait pas souhaiter mieux. Le dossier Aéroport de Tourou pourrait être déterré. Et, dans l’incapacité d’inaugurer cet aéroport depuis environ trois ans, le Pouvoir de la Rupture voudra peut-être montrer aux populations de la 8ème circonscription surtout, comment Yayi Boni qui est annoncé candidat pour solliciter leurs suffrages pour la députation dans ladite circonscription, n’a pas pu faire du bon boulot s’agissant de l’érection de cet aéroport international. Autrement, on pourrait amplifier la communication en montrant que c’est l’ancien chef de l’Etat qui est à la base de la non inauguration depuis presque 36 mois de l’infrastructure. Ce n’est donc pas la faute à Patrice Talon qui, lui, a du goût pour ce qui est bien fait. D’où, tout le temps mis depuis avril 2016 afin d’avoir un aéroport de qualité.
D’autres chasses à l’homme à craindre
Ce qui n’est pas aussi exclu avec la mise en place de cette commission d’enquête annoncée au Parlement, c’est la poursuite de certaines têtes de ponts ayant appartenu à l’ancien régime. C’est la tasse de thé du Pouvoir Talon depuis avril 2016.En effet, pour cet aéroport construit entre 2009 et 2016 et dont le coût est estimé à 72 milliards F Cfa, le gouvernement de la Rupture reproche déjà à l’infrastructure de ne pas respecter les exigences de sûreté et de sécurité de l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci). On y voit même des malfaçons. Dans certains cercles, on crie même au scandale financier. Etant donné que cette commission à mettre en place sera majoritairement constituée de députés du Bloc de la majorité (Bmp), il ne serait pas superflu de dire que lumière pourrait être faite sur l’exécution de ce vaste marché qui est peut-être un nid de corruption. Pour voiler le retard que connaît la mise en service de l’aéroport que réclament Parakou et environs, le gouvernement, comme il est de coutume, pourrait chercher à citer devant la justice, pour infractions graves, des personnes ayant servi le gouvernement de Yayi Boni. Sauf cataclysme, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) pourrait donc enregistrer de nouveaux clients dans le camp de l’opposition à la veille des prochaines élections. De toute façon, la mise en service de l’aéroport de Tourou connaîtra encore de retard.
Mike MAHOUNA