Samedi 24 août prochain est la date retenue par le gouvernement pour soumettre les enseignants, agents contractuels de l’Etat reversés en 2008, à l’évaluation diagnostique. Que se passera-t-il ce jour-là ? Les enseignants vont-ils répondre à l’appel du gouvernement et venir se faire évaluer ou vont-ils boycotter ladite évaluation comme cela a été déjà le cas l’année dernière ? Pour le moment, les informations qui viennent ne rassurent pas quant à la présence des concernés dans les centres de composition samedi prochain. Le mot d’ordre est plutôt au boycott malgré les assurances données par le pouvoir de la Rupture. Un mot d’ordre réitéré vendredi 16 août dernier par le Front d’actions des syndicats de l’éducation. Dans sa déclaration, le Front, tout en fustigeant la stigmatisation des Ace 2008, invite le chef de l’Etat à suspendre le processus conduisant à l’évaluation du 24 août prochain aux fins d’éviter au pays, une situation insurrectionnelle aux conséquences graves et imprévisibles. Et quand on connait l’influence du Front dans le secteur de l’enseignement primaire et secondaire, il faut craindre une absence record des enseignants à cette évaluation. Les reversés de 2008, pour justifier leur refus de se faire évaluer, ne manquent pas d’arguments. A les entendre, une telle évaluation ne répond à aucun texte. Le système éducatif a lui-même prévu les mécanismes d’évaluation tout au long de leur carrière. Dans leur mot d’ordre de boycott, les enseignants reversés de 2008 ont reçu hier le soutien de l’Intersyndicale des enseignants des universités du Bénin qui, par une déclaration, vient en appui à leur lutte pour la survie de l’école béninoise. Partout sur le territoire national, les campagnes d’appel au boycott se multiplient.
Du côté du gouvernement, ce n’est pas non plus la sérénité. Tout est mis à contribution en vue de faire échouer le mot d’ordre de boycott annoncé. A quelques jours de la date fatidique, le gouvernement se lance dans une vaste campagne de communication afin de rassurer les enseignants qui craignent de perdre leur job. Entre conférences de presse des ministres de l’enseignement concernés et tournées pour aller convaincre la base, le gouvernement ne lésine pas sur les moyens. Même des enseignants, syndicalistes ou non, en fonction ou à la retraite, sont aussi mis à contribution pour parler directement à leurs collègues, et ce malgré les assurances données par Salimane Karimou et Mahougnon Kakpo. Le chef de l’Etat lui-même pourrait entrer bientôt dans la danse. Une rencontre serait prévue à cet effet entre Patrice Talon et les centrales syndicales. À quelques heures de cette évaluation, ça doit beaucoup peser sur les épaules des deux ministres les plus en vue de l’heure. Et pour cause, au-delà des enseignants pour qui est destinée l’évaluation, il faut le dire, c’est un test grandeur nature pour Salimane Karimou et Kakpo Mahougnon. Quand on se réfère aux évaluations de l’année passée, elles n’ont pas comblé les attentes. Le gouvernement et son chef espéraient mieux que le spectacle de boycott et de cafouillage notés. Cette fois-ci, c’est spécifiquement une promotion, les reversés de l’année 2008 devenus agents contractuels de l’Etat. Vont-ils répondre nombreux, du moins à 80 % au moins, à l’appel du gouvernement ? S’il advenait que samedi le taux de participation reste en deçà de 80 ou 50%, ce serait un camouflet pour Kakpo Mahougnon et Salimane Karimou qui pourraient craindre pour leurs fauteuils. On comprend alors qu’au moment où le gouvernement est en congé, pour eux, il n’y a point de repos, tant t’enjeu est grand. Ils doivent faire en sorte de redorer leur blason terni par les boycotts précédents.
M.M