En marge de la Conférence sur la Ticad qui réunit au Japon plusieurs chefs d’Etat africains, Patrice Talon et Muhammadu Buhari ont eu hier un tête-à-tête. C’est la première fois…

Rencontre en marge du sommet de la Ticad : Talon-Buhari, l’heure de vérité

Rencontre en marge du sommet de la Ticad : Talon-Buhari, l’heure de vérité

En marge de la Conférence sur la Ticad qui réunit au Japon plusieurs chefs d’Etat africains, Patrice Talon et Muhammadu Buhari ont eu hier un tête-à-tête. C’est la première fois que les deux hommes d’Etat se rencontrent après la fermeture de la frontière du Nigeria depuis le mardi 20 août dernier. Même si, selon les propos relayés par quelques organes, Patrice Talon avait eu des échanges téléphoniques avec Muhammadu Buhari au lendemain de la fermeture de la frontière, c’est l’occasion pour les deux chefs d’Etat d’aborder sans langue de bois les problèmes qui fâchent. Au cœur de la polémique, les produits de contrebande encore appelés produits de la réexportation dont le Nigeria accuse le Bénin. Le grand voisin de l’Est ne veut plus que de tels produits prennent par le Bénin pour envahir son territoire mettant en mal ses efforts pour l’autonomisation alimentaire. Cette récrimination des autorités nigérianes ne date pas du gouvernement Buhari. C’est tout un processus qui connait aujourd’hui un point d’orgues avec l’implication des grands hommes d’affaires du Nigeria qui font de l’agriculture un levier de développement avec l’implantation des industries de transformation. Mais le Bénin, qui se veut être un pays de transit, dessert la plupart des pays voisins y compris le Nigeria de produits de tout genre dont l’essentiel est issu de la réexportation. En ligne de mire le riz, l’huile, les véhicules d’occasion et autres. Si pour les pays de l’Hinterland comme le Mali, le Niger, le Burkina-Faso, cela représente plutôt une aubaine, avec le Nigeria, c’est une autre paire de manche. Le pays de Muhammadu Buhari veut compter sur son propre potentiel agricole pour satisfaire les besoins en alimentation de sa population. Et il demande au Bénin, à défaut d’en faire autant, de ne pas saper ses efforts par la réexportation en grande quantité des produits d’ailleurs. A maintes fois déjà, les autorités nigérianes ont répété que les produits fabriqués au Bénin, transformés ou pas, peuvent librement rentrer sur le sol nigérian dans le cadre du libre échange. C’est le cas par exemple de la tomate produite en grande quantité dans le sud Bénin. Le problème, c’est les produits que les opérateurs économiques Béninois importent des pays d’Asie et d’Europe pour ensuite les réexporter sur le marché nigérian.

 

Depuis toujours, le commerce entre les deux pays frères a été dominé par ces échanges. Sous le régime Kérékou, le commerce de véhicules d’occasion renflouait les caisses de l’Etat à cause du Nigeria. Personne ne se doutait qu’un jour le Nigeria allait décider de changer la donne. Toute la problématique est là. Cette politique qui vise à protéger l’économie nigériane crée un manque à gagner à l’Etat béninois. Que faut-il faire pour que les deux pays continuent d’entretenir les liens séculaires ? La solution doit passer par la diminution progressive des quantités de produits de réexportation et la reconversion des opérateurs économiques en entrepreneurs agricoles. Le Nigéria dispose assez de moyens pour aider le Bénin sur ce chantier.  Mais encore faudrait-il que les dirigeants actuels du Bénin voient la chose de cette façon. Car, à tort ou à raison, le gouvernement de la Rupture est accusé de ne pas prendre la mesure du poids que constitue le Nigeria dans les relations entre ses voisins. Cette fermeture de frontière n’est-elle pas pour rappeler aussi bien au Bénin qu’aux autres pays avec lesquels le Nigeria partage une frontière combien il représente pour eux une opportunité en matière d’échanges commerciaux ?

 

M.M