( Les élections de 2026 s’annoncent époustouflantes sur un terrain glissant )

Les élections législatives de 2019 ont révélé une femme sur la scène politique à Sakété où le terrain est très glissant. Il s’agit de l’honorable Olga Akitobi. Au regard des enjeux des joutes électorale dans la 21ème circonscription, la compétition s’annonce époustouflante pour tous les partis politiques dans la commune. Olga Akitobi est-elle inarrêtable ou imbattable ? Les réalités politiques ont-elles changé ?
Olga Akitobi. Elle est sans doute le leader de la politique à Sakété depuis 2019. Même face aux caciques du jeu politique, elle a triomphé. Surprise ! Avant l’avènement au pouvoir du Président Patrice Talon, ce nom est presqu’inconnu des populations sakétéennes. Restée dans les sillages de Louis Vlavonou, président de l’Assemblée nationale, cette voisine du chef de l’État a fait bouger les lignes en un temps record. En 2019, Olga Akitobi a conduit la liste de l’Union Progressiste ( UP ) à Sakété face au Bloc Républicain ( BR ) où il y avait les barons de la politique de la localité ( Professeur François Abiola, ancien ministre d’État et vice-premier ministre honoraire, Raliou Arinloyé, maire de la commune pendant 12 ans, Feu Pierre Adéchi, maire en fonction à l’époque, Joseph Bamigbadé, député en fonction en son temps……). Ces personnalités ont politiquement la mainmise sur la localité depuis 1990, soit 26 ans de règne sans partage. La division en leur sein parce qu’ils voulaient au plan politique enterrer vivant le Professeur François Abiola dans le BR, était la principale raison de leur échec face à une femme déterminée à tourner la page. Étant dernière sur la liste ( troisième ), Akitobi n’a pas se faire élire députée à la huitième législature, car l’UP a obtenu deux sièges sur trois dans la 21ème circonscription électorale. Un an après, c’est-à-dire aux élections communales de 2020, la crise au sein du BR aidant à Sakété, l’UP et Olga Akitobi ont récidivé par une victoire sans appel de 14 conseillers contre 11 pour leurs adversaires du Bloc Républicain. En 2021 à la présidentielle, le Président Patrice Talon a remporté plus de 80% des suffrages exprimés avec un taux réel de participation de plus 80% mettant Sakété en tête de la mobilisation populaire autour de ce scrutin.
Avant les législatives de 2023, il y a eu quelques mouvements politiques dans la commune. Le ministre Salimane Karimou quitte l’UP pour rejoindre le BR et la députée Awaou Bissiriou abandonne le BR pour atterrir à l’UP. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le BR toujours divisé en son sein a été battu par l’Union Progressiste le Renouveau ( UPR ) sous l’impulsion de Olga Akitobi, en position de femme bonus sur la liste de sa formation politique. Toutefois, il faut signaler qu’elle a perdu la bataille de Sakété centre qu’elle contrôlait depuis les législatives de 2019. Donc, l’UPR a gagné cinq arrondissements sur six. Au finish, les Progressistes s’en sortent avec deux sièges directs sur trois et gagnent la femme bonus. Ainsi, Akitobi est élue députée au Parlement en 2023, abandonnant son poste de première adjointe au maire de Sakété.
Sakété, un terrain politiquement glissant
Les élections de 2026 s’annoncent âpres pour tous les partis politiques en l’occurrence l’UPR, le BR sans oublier le parti Les Démocrates sous la direction de Emmanuel Amoussou. Dans ce contexte, Olga Akitobi a des atouts qui sont : les errements au sein du BR, si rien n’est fait pour colmater les brèches, et ses capacités de négociation et d’entretien de la base. Mais, le Bloc Républicain peut se relancer à partir à partir de Sakété centre qu’il contrôle depuis 2023. Les Démocrates pourront aussi faire mal au regard des enjeux des élections générales de 2026. C’est dire que Olga Akitobi aura à affronter des antagonistes de taille comme l’accoutumée.
D’ailleurs, Sakété n’a jamais été un terrain facile pour les hommes. C’est un territoire difficilement prenant et conservable. Il suffit de remonter dans les années 90 pour s’en convaincre. Aux premières élections législatives de l’ère du Renouveau démocratique en 1991, c’est le parti NCC ( Notre Cause Commune ) de feu Albert Tévoédjrè qui a gagné. Quatre ans plus tard, le NCC a été renversé par l’UDS ( Union pour la Démocratie et la Solidarité ) sous la direction du Professeur François Abiola et de certains jeunes leaders politiques dont Raliou Arinloyé, actuel Directeur Adjoint de Cabinet du ministre Salimane Karimou. De 1999 à 2003, ces derniers, regroupés au MADEP ( Mouvement Africain pour la Démocratie et le Progrès ) présidé par Séfou Fagbohoun, ont maintenu le cap au nom de l’unité des fils du département du Plateau avec à la clé l’élection successive à deux reprises de feue Rafiatou Karimou à l’Assemblée nationale. Par la suite, la division a eu raison d’eux. Le Professeur Abiola est retourné au MADEP et le camp de Rafiatou Karimou et de Raliou Arinloyé est allé dans FCBE ( Force Cauris pour un Bénin Émergent ), parti au pouvoir de Yayi Boni. Pour sauver de prison Séfou Fagbohoun, Sakété a voté pour l’ADD ( Alliance pour une Dynamique Démocratique ) dans laquelle se trouvait le MADEP. Ceci a permis au Professeur François Abiola d’être élu député au Parlement contre Rafiatou Karimou, quand bien même il était dernier ( troisième position ) sur la liste ADD aux législatives de 2007. En 2008, les populations ont accordé leurs suffrages à la liste de Raliou Arinloyé aux élections locales et communales pour que ce dernier retrouve son fauteuil de maire qu’il a conquis en 2003 grâce au MADEP. En 2011, M. Arinloyé, candidat sur la liste Amana perd les législatives au profit de François Abiola de la liste FCBE, car il fallait lui permettre de rester dans le système Yayi jusqu’à à la présidentielle de 2016. En 2015, les deux farouches adversaires ( Abiola et Arinloyé ), une fois réconciliés, ont largement remporté les législatives et communales de 2015. Depuis ce temps, ces anciens briscards de la politique à Sakété n’ont plus participé à aucune élection dans leur commune, même s’ils continuent d’avoir l’oeil sur tout. La nouvelle génération est aux commandes. Sakété a aujourd’hui pour la première fois depuis 1990 deux femmes députées à l’Assemblée nationale ( Olga Akitobi de l’UPR et Rachida Fatolou du BR ).
Il en ressort que cette localité vote en fonction des enjeux du moment. C’est un terrain difficilement maîtrisable. En 2026, on verra si le leader de l’UPR, Olga Akitobi, confirmera sa domination ou si ses adversaires réussiront à la renverser.
Jules Yaovi Maoussi ( Br Ouémé/Plateau )