Le lion est mort, mais la légende continue ! Honoré Avolonto n’est plus. Le talentueux auteur compositeur qui a côtoyé les mémorables orchestres Poly Rythmo, Black Santiago a rendu l’âme, mercredi 6 septembre dernier au Centre national hospitalier universitaire (Cnhu-Hkm) où il était admis depuis plusieurs mois. Retour sur le parcours exceptionnel d’un chanteur prolifique hors pair qui a marqué l’univers musical béninois depuis les années 1970.
Honoré Avolonto démarre sa carrière musicale en 1969 comme percussionniste avant de conquérir plus tard les mélomanes par ses compositions et sa voix. La légende raconte qu’il aurait été introduit auprès de l’orchestre ‘‘Les Volcans de la capitale» par un certain Danialou Sagbohan dit L’homme-orchestre : batteur, guitariste, percussionniste, chanteur. Les deux se retrouveront plus tard au sein du groupe Black Santiago. Apprentissage réussi, avec la bande au trompettiste Ignace de Souza, le jeune
Honoré Avolonto s’imposera très tôt comme un auteur compositeur prolifique qui connaît du succès. Chantés en fon-gbé, mina, français, ses titres « Bonne année », « Assounon djèdo koli » (Littéralement : la belle-mère à histoires), « N’fa nouwé », « Lonlon simpé » (l’amour finit au tombeau), « Doko fi wè gbèdé » (La vie est ici-bas), « Noun ma do minsi » (La pauvreté…), « Na mi do gbè hué nu » (Donne-moi quand je suis encore en vie) font danser plus d’un depuis la fin des années 70. Il y chante la vie, les vicissitudes, l’amour, la femme, la beauté africaine. Plus qu’un amuseur public, il éduque surtout à travers ses compositions.
Sur cette lancée, il sera classé même « compositeur n°1 au Bénin pour avoir battu le record de vente de l’année », comme le reconnaît le producteur Libert Adjibi sur le disque vinyle griffé « Special 81 » sorti sous le label de Libert International Records et qui comporte les titres « Gné m’bléo », « La mort n’a pas de date », « Azô wè gni gbèto » (C’est le travail qui fait l’homme), « Hin a yi ha » (Prudence), exécutés avec le concours du talentueux orchestre Poly Rythmo de Mèlomè Clément, Eskill Lohento, Léopold Yèhouessi et autres. Le disque est « le reflet d’une volonté ardente à travers un travail profond et laborieux de dépasser le succès local pour s’ouvrir au monde entier », témoignait le producteur. L’artiste béninois lui-même voyait les portes de l’international s’ouvrir à lui ; c’est du moins sa conviction. « Cette fois-ci, je crois les frontières vont éclater », a-t-il confié au producteur qui le qualifiait de « griot béninois » et de « calculateur froid de nature très réservée ».
Avec le Tout Puissant Orchestre Poly Rythmo, Honoré Avolonto a sorti également, entre autres, les morceaux « L’affaire n’est pas grave », « Sètché wèda ». Dans son riche répertoire, les personnes d’un certain âge ont encore sur leurs lèvres les refrains des morceaux « Na do sê kpon wê », « Tin lin non » (1983) avec la participation vocale de Vicky, Eskill, Miguel & Guenshi-Ever.
C’est dire que celui que pleure aujourd’hui le monde des dilettantes de la musique est un monument dont les mélodies restent immortelles, telles les messages de ses chansons éclectiques ont de la profondeur et traversent le temps. Sa disparition constitue une grosse perte pour la musique béninoise. Mais l’artiste ne meurt pas, dit-on. Salut l’artiste !