La ville de Porto-Novo devra sortir définitivement de ses soucis énergétiques récurrents grâce à la construction de la station de Tanzoun qui relie la ville à la centrale électrique de Sakété. Le ministre en charge de l’Energie a constaté, samedi 20 mai dernier, la fin des travaux.
Les problèmes de déficit énergétique seront bientôt conjugués au passé à Porto-Novo. Il y a quatre ans, la ville a connu un black-out de 15 jours sans électricité. La raison, la seule ligne 63 KV en provenance de Cotonou a subi des actes de vandalisme qui ont mis du temps à être réparés. Ce cauchemar, la capitale ne le connaitra plus, avec la mise en service de la sous-station de Tanzoun dans la commune d’Avrankou. Cette deuxième ligne construite grâce au financement du projet Développement de l’accès à l’énergie moderne (Daem) vient connecter Porto-Novo au réseau de Sakété et apporte désormais du confort dans l’alimentation de la cité des Aïnonvi et ses environs. Les travaux ont consisté en la construction d’une ligne de 161 KV entre Sakété et Tanzoun, l’installation de deux transformateurs, le montage des équipements de haute tension, la construction de salles de commande de la Ceb et de la Sbee ainsi que le bitumage de la voie d’accès sur environ 5 kilomètres. «Nous avons pensé à ce poste pour relayer Cotonou, surtout que la puissance de la Ceb à Cotonou devient très faible pour en envoyer à Porto-Novo. Tanzoun permettra de desservir la capitale et ses périphéries en puissance disponible pour réduire les problèmes de coupure », explique Célestin Dangbédji, coordonnateur du Projet Daem. Il rassure que le chantier est quasiment achevé, les essais sont faits. Les derniers réglages étant en cours, la mise sous tension est annoncée pour la fin de la semaine prochaine.
Laurent Tossou, directeur général de la Sbee, se réjouit à plus d’un titre de l’opportunité de cette infrastructure. «Aujourd’hui, nous avons la souplesse de pouvoir réalimenter la ville de Porto-Novo. D’ailleurs, nous allons prendre ce poste comme source principale d’alimentation de la capitale. Si jamais il y a une préoccupation, nous avons la souplesse de réalimenter à partir de la ligne de secours », souligne-t-il. La sous-station de Tanzoun offre également de la flexibilité au niveau de la puissance, favorisant ainsi le raccordement de nouveaux abonnés. «Il y aura une possibilité d’extension et de construction de nouveaux réseaux pour raccorder ce poste aux postes existants. Des études sont en cours pour évaluer les coûts et déterminer les localités sur lesquelles nous devons avancer », informe le directeur général de la Sbee.
Finies les coupures intempestives !
La construction d’une deuxième ligne de desserte vient définitivement sécuriser l’alimentation en énergie électrique dans Porto-Novo et ses environs, indique Dona Jean-Claude Houssou, ministre en charge de l’Energie. «Les deux possibilités d’alimentation auront pour effet de fiabiliser l’énergie et d’améliorer la qualité d’alimentation des clients domestiques et industriels. C’est très important parce que les défaillances qu’il y a eu par le passé sur cette ligne unique venant de Cotonou ont entraîné beaucoup de souffrances », poursuit-il.
Si les infrastructures réalisées visent surtout la modernisation des lignes de transport de l’énergie importée, l’Etat s’emploie également à créer les conditions d’une production interne. A la sous-station de Ouando, la centrale thermique est actuellement en pleine réhabilitation. «Le Gouvernement a décidé, l’année dernière, de réhabiliter un certain nombre de groupes qui étaient à l’arrêt depuis longtemps alors qu’on pouvait faire des choses pour les mettre au goût du jour. Cette décision s’est traduite par le choix d’un constructeur qui, depuis novembre 2016, est à pied d’œuvre pour rendre de nouveau la vie à ces groupes, à la fois à Porto-Novo, Parakou et Natitingou pour l’équivalent de 30 MW dont 10 pour la ville-capitale», explique Jean-Claude Houssou. Le coût global de la réhabilitation est estimé à 6,5 milliards F Cfa. Les travaux sont exécutés par la société Wartsila. Le ministre apprécie : «Ce qui me réconforte, d’ici la fin de ce mois, nous pouvons être en capacité d’avoir les 6 MW sur 10 prévus pour Porto-Novo. Dans les semaines qui viennent à Parakou et Natitingou, nous aurons deux fois 4 MW qui vont être lancés ». Il assure qu’en réhabilitant les centrales thermiques de la Sbee, le Bénin s’offre des productions complémentaires aux efforts déjà consentis. L’année dernière, 150 Mw auraient été mobilisés pour stabiliser l’offre d’énergie aux ménages béninois. Le Gouvernement a également obtenu une dérogation du code bénino-togolais qui lui a permis d’avoir, en février dernier, une alimentation de 60 Mw. «La structuration de notre énergie aujourd’hui est basée sur l’importation parce que c’est moins cher. Mais, il faut qu’on soit en capacité, depuis notre territoire, de pouvoir faire face aux défaillances de l’étranger. L’objectif, c’est de tout faire pour amoindrir le coût final aux consommateurs, non seulement le coût mais aussi la disponibilité en quantité et en qualité à tout moment sur l’étendue du territoire national », conclut Jean-Claude Houssou.
Par Gnona AFANGBEDJI