Le projet Bénin Taxi du gouvernement de la Rupture entre dans sa phase active ce samedi 1er juillet 2O17. Sur les 300 véhicules prévus, 50 sont déjà prêts à faire leur baptême de feu avec des conducteurs formés pour la cause. Seulement, dans un environnement de précarité, de baisse du pouvoir d’achat, on peut se poser des questions sur l’avenir d’un tel projet à moins qu’il ne soit conçu pour un type particulier de clients en l’occurrence les bourgeois et les touristes.
Avec 200 ou 250 FCFA au Bénin, on peut faire de longues distances dans les minibus de transport en commun communément appelés « Tokpa-Tokpa » C’est d’ailleurs le mode de déplacement privilégié des bonnes dames qui, très tôt le matin, quittent Fidjrossè, Calavi, Cococodji pour se rendre au grand marché Dantokpa où elles exercent leur activités commerciales. Même celles qui quittent Porto-Novo ne dépensent pas plus de 500f pour se rendre à Tokpa. Ces moyens de transport à prix relativement bas, leur permettent de faire quelques bénéfices sur les petits commerces afin de joindre les deux bouts. Ensuite, il faut reconnaître que depuis l’avènement de la Rupture, le panier de la ménagère est plutôt maigre, pour ne pas dire totalement vide. On n’en veut pour preuve, ces femmes contraintes à se débrouiller autrement parce que leurs petits commerces au bord des voies sont détruits par l’opération de libération des espaces publics. En un mot, au Bénin de la Rupture, la situation économique est des plus moroses. A tout ceci s’ajoute les nombreuses initiatives de longs bus qui desservaient entre-temps la ville de Cotonou et qui n’ont pas connu de succès. L’exemple de BenAfrique qui, après un premier échec, a dû revoir à la baisse son coût à 200FCFA. Et même malgré cela, la société tient difficilement, tant la concurrence avec les minibus est rude et ne l’arrange guère. Dans le même temps, on n’a pas de nouvelles voies. Celles qui existent sont déjà encombrées avec des embouteillages montres aux heures de pointe.Ceci sans compter avec le caractère dégradant des voies secondaires qui fait la part belle aux conducteurs de taxi-moto.
Qu’est-ce qui a donc changé dans le quotidien des béninois pour que les dirigeants pensent que ce dont ils ont besoin maintenant, c’est un moyen de déplacement confortable? Rien ! Sinon que les conditions d’existence se sont plutôt empirées. Et c’est dans un tel contexte que le Chef de l’Etat et son gouvernement s’apprêtent à lancer un projet de taxi de luxe où le coût du kilométrage sera l’équivalent du confort que procure un tel moyen de déplacement à son client. Combien à Cotonou peuvent débourser 1500 à 2500FCFA sur deux ou trois kilomètres ? Même si c’est un projet conçu pour les bourgeois, le béninois, même quand il a les moyens, est réputé pour gaspiller ceux de l’Etat et non les siens. Encore que la plupart des petits riches du pays ont deux à trois voitures et au moins un chauffeur. C’est un projet beaucoup plus adapté aux touristes. Et là encore, le Bénin n’est pas réputé pour avoir un secteur touristique très développé contrairement à d’autres pays de la sous-région. Sans être un oiseau de mauvais augure, il est craindre que le gouvernement soit après contraint de mettre encore de l’argent dans ce projet pour éviter qu’il ne disparaisse.
B.H.