Les recettes de l’Etat ne sont pas encore à la hauteur de l’ambition affichée par le budget général de l’Etat 2017. C’est le moins qu’on puisse dire au regard du rapport d’exécution de la loi de finances à fin mars dernier.
A priori, le rapport d’exécution de la loi de finances au premier trimestre a de quoi inquiéter. Rendu public lors du Conseil des ministres du 21 juin dernier, il vient sonner l’alarme gouvernementale sur la nécessité de retrousser davantage les manches. Car, il faut le mentionner d’emblée, les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur de l’ambition affichée par le budget général de l’Etat estimé à 2010 milliards F Cfa. Le rapport indique qu’à fin mars, les produits de recettes enregistrés par les administrations publiques relevant du domaine de l’Etat central s’établissent à 196,2 milliards F Cfa sur un objectif annuel de 1007,7 milliards F, soit un taux de réalisation de 19,5%. En comparaison aux données de l’année dernière qui étaient déjà de 20,3% à la même période, on relève un léger recul qui trahit la performance réalisée sur la valeur des recettes. De même, les ressources de trésorerie s’évaluent à 116,9 milliards F Cfa sur la même période, soit 11,7% sur une prévision annuelle de 1002,8 milliards F Cfa. A fin mars 2016, elles étaient de 96 milliards sur une prévision annuelle de 474,9 milliards F Cfa. Dans le fond, des progrès ont été enregistrés et découlent sans doute des réformes entreprises pour doper la performance des régies, réduire les nids de corruption et améliorer la compétitivité du port de Cotonou.
On aurait pu applaudir ce niveau de mobilisation si l’Exécutif n’avait pas élevé la barre aussi haute compte tenu de ses ambitions de développement. Mais la réalité d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui. Au regard des besoins du moment et des promesses en instance, le deuxième trimestre devra surprendre pour faire taire les critiques et les questionnements sur la capacité du gouvernement à respecter les prévisions qu’il a annoncées. Il est donc attendu que les réformes entreprises produisent plus d’impacts dans les mois à venir, en optimisant l’efficacité des régies et aussi des comptes des entreprises publiques. A ce propos, le Bénin bénéficie d’un contexte économique plus favorable marqué par une légère reprise de l’activité économique au Nigeria et la relance de la production cotonnière.
La crise nigériane derrière nous ?
L’année passée, la dépréciation de la monnaie nigériane consécutive à la récession économique du Géant de l’Est a plombé l’activité économique nationale. La Mission d’évaluation de la compétitivité des produits sur le marché nigérian, commanditée par le gouvernement béninois en juin 2016, a rapporté que l’activité de réexportation était en chute libre avec plus de 20 milliards F Cfa de pertes de recettes sur le riz et les huiles végétales, et 30 milliards de pertes de recettes sur les véhicules d’occasion. A ces pertes, s’ajoutaient une série d’activités menacées comme celles des pièces détachées de véhicules et surtout l’emploi de près de 5000 jeunes qui servaient d’intermédiaires dans les différents parcs entre les propriétaires et les acheteurs de véhicules. A fin juin 2016, seulement 76 000 voitures avaient été réexportées vers le Nigeria, contre plus de 285 000 en 2015 et plus de 353 000 en 2014. Cette année, les Nigérians reviennent timidement sur les parcs de vente de véhicules d’occasion.
Le Gouvernement devra aussi espérer les retombées de la campagne cotonnière écoulée, soldée par un record de production de 455 000 tonnes de coton graine. L’augmentation de la taxe sur l’exportation va sans doute générer des recettes substantielles.
La tendance de mobilisation des ressources extérieures est positive. Le Gouvernement évoque un taux de mobilisation des prêts concessionnels à 17% contre une réalisation ressortie nulle à fin mars 2016. D’aucuns parleraient d’une crédibilité de la signature du Bénin. Mais toujours est-il que le Gouvernement a misé gros sur les partenaires extérieurs pour lancer ou avancer dans les projets d’investissements. La mise en œuvre du Programme d’action du Gouvernement (Pag) est actuellement la priorité. Sans doute l’Etat est-il conscient de la pression que cela induit et de l’enjeu de donner un signal fort dès la première année de réalisation.
Globalement, les chiffres du premier trimestre ne rassurent point. Mais il est trop tôt de crier haro sur le baudet. Le Gouvernement a suffisamment de marges pour rattraper son retard ; les signaux économiques étant au vert