Mesdames et Messieurs les professionnels des médias,
Camarades Secrétaires Généraux du Front d’Action des Syndicats de l’Education
Honorables Invités,
Avant tout propos, nous voudrions, au nom de la Conférence des Secrétaires Généraux du Front, souhaiter la bienvenue aux professionnels des medias et à tous les camarades ici présents. Il s’agit, pour nous, de situer l’opinion nationale et internationale sur les conditions nécessaires et suffisantes pour une rentrée et une année scolaire apaisées. La déclaration de ce jour s’articule essentiellement autour de deux axes : le contexte général d’appréciation des mesures du Gouvernement liées aux préparatifs de la rentrée scolaire 2017-2018 et le niveau de satisfaction de notre plate-forme revendicative, gage d’une année scolaire 2017-2018 intégralement apaisée.
I- Contexte général d’appréciations des mesures du Gouvernement liées aux préparatifs de la rentrée 2017-2018
Le relevé du Conseil des ministres du 30 août 2017 a annoncé une série de mesures préparatoires de la rentrée scolaire 2017-2018 chiffrées à plusieurs milliards de francs CFA. A la lecture des diverses mesures proposées, il est à noter que ce sont essentiellement des mesures d’ordre administratif, matériel et financier qui relèvent des tâches régaliennes de l’Etat à la veille de chaque rentrée scolaire. Le Gouvernement a donc bien fait de jouer sa partition pour un démarrage effectif des activités pédagogiques prévues pour le lundi 18 septembre 2017 à la fois dans un souci d’anticipation, de bon fonctionnement de nos établissements scolaires et d’une année scolaire réussie. Tout en appréciant à sa juste valeur les efforts consentis par le Gouvernement à l’orée de la nouvelle rentrée scolaire, le Front déplore le mode de versement des primes à compte-gouttes qui, pour un premier essai, aurait dû se faire de manière uniforme et d’un seul tenant dans toutes les structures financières domiciliaires des comptes des enseignants. Les ratés et dysfonctionnements ainsi notés au niveau de certaines structures financières démontrent clairement leur impréparation à concrétiser l’effet recherché par le Gouvernement dans la mise en œuvre de cette réforme. En ce qui concerne l’interdiction des TD payants, le Front suggère le recadrage et la définition d’un cadre règlementaire avec financement public ou privé (initiative des Parents d’élèves par exemple) afin de sauvegarder les vertus positives de l’activité au profit des pauvres qui ne peuvent s’offrir les privilèges et coûts prohibitifs pratiqués dans les établissements scolaires privés.
Le ciel de la rentrée est encore bien chargé de quelques gros nuages qu’un dialogue franc et fécond pourrait cependant aider à dissiper.
II- Quel est le niveau de satisfaction de nos revendications majeures ?
Du point qu’il convient de faire à la date d’aujourd’hui, il est aisé de constater que de gros problèmes subsistent toujours et se résument en deux grands volets : la motivation des enseignants et la sécurisation de la carrière pour une amélioration constante des résultats scolaires. Notre attente est encore vive quant à l’effectivité de ces conditions et c’est pourquoi le Front rappelle au Gouvernement les mesures urgentes ci-après :
A- Dans le cadre de la motivation des enseignants
1– Procéder à la signature des huit (08) projets d’arrêtés d’application des décrets n° 592 et 593 du 21 novembre 2015 portant Statuts particuliers des personnels enseignants du second et du premier degré respectivement, proposés au Gouvernement. Il s’agit notamment des projets d’arrêté concernant la prime de documentation et d’équipement (article 213) ; l’indemnité de craie (article 197) ; l’Exonération des frais d’inscription et d’étude des enfants des enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire inscrits dans les établissements publics des premier et second degrés et des universités du Bénin (article 200) ; l’allocation de départ à la retraite (article 212) ; l’indemnité de risques inhérents au métier (article 195) ; la prime pour commodité vestimentaire (article 194) ; la prime pour frais d’obsèques (article 199) et la prime de qualification professionnelle des CP (articles 33, 87 et 159) et des Inspecteurs (articles 52, 106 et 179).
2– Mettre sur pied la Commission interministérielle paritaire à l’effet d’évaluer l’incidence financière de chaque mesure et de proposer un échelonnement à court, moyen et long termes.
3– Payer à tous les braves éducatrices et éducateurs de l’enseignement maternel les arriérés salariaux dus, signer leurs contrats et procéder à leur reversement définitif dans leur corps créé par les Statuts Particuliers.
4– Appliquer les dispositions de l’article 4 de l’Arrêté n°122 du 29 août 2008 en vue d’augmenter le taux horaire de vacation de 1500 F à 2500 F en attendant la révision dudit arrêté, puis verser aux vacataires le premier salaire de l’année scolaire à la fin du mois de septembre.
5– Harmoniser les modalités de participation et de traitement des représentants syndicaux membres des instances de gestion de nos établissements scolaires publics conformément à l’Arrêté 039 en attendant sa relecture consensuelle.
6– Faire paraître à temps les actes d’avancement et de promotion et faciliter leur jouissance effective au niveau du Ministère de l’Economie et des Finances (changement de salaire, rappels, etc.).
7– Simplifier la procédure d’obtention du carnet de pension (certificat de présence au poste, dernière fiche de paie) et le passage de la CNSS au FNRB (compensation financière).
8– Prendre un acte législatif ou règlementaire pour affirmer le caractère spécial et utile de la fonction enseignante : statut spécial aux enseignants (reconnaissance et dignité au sein de la société).
B- Dans le cadre de la sécurisation de la carrière des enseignants
1– Achever enfin le processus de reversement entamé depuis 2008 dans tous ses contours, notamment :
la fin des formations des ACE de la promotion 2008 au 31 décembre 2017 (rattrapage spécial au profit des recalés) avec la prise des décisions d’admission définitive et la délivrance des diplômes à l’effet du reclassement des lauréats ;
la parution des quatre projets d’arrêtés de mise en formation en attente ;
le règlement de la situation des collègues non reversés et sans contrat initial depuis 2008.
2– Accélérer les travaux de la commission interministérielle de reclassement en vue de la liquidation des dossiers en attente et de la correction des disparités de reclassement constatées au niveau des collègues ACE titulaires de diplômes professionnels, promotion 2007.
3– Régler définitivement la question de la reconnaissance des diplômes professionnels et académiques en suspens obtenus avant et après le 1er janvier 2008 à travers l’organisation de tests internes envisagés pour 2018.
4– Accorder un témoignage officiel de satisfaction et la mention honorable à tous les enseignants méritants (y compris les membres de l’administration) ayant obtenu de meilleurs résultats aux examens nationaux (mention Bien, mention Très Bien, etc.).
5– Décorer tous les enseignants qui, au bout de 15 ans de fonction, n’ont jamais été condamné par le Conseil de discipline ou par le Conseil d’éthique.
6– Revenir aux normes de gestion de la carrière en définissant clairement une politique nationale de formation et de professionnalisation du métier d’enseignant.
Au regard de tout ce qui précède, le Front :
1. Demande au Gouvernement du Président Patrice TALON la correction sans délai des ratés observés dans le versement des primes de rentrée à tous les enseignants non encore satisfaits et d’œuvrer pour un dialogue social franc, sincère et constructif générateur de solutions consensuelles, responsables et durables aux préoccupations exprimées et fondées sur le respect du principe de bonne foi.
2. Salue les efforts consentis par la communauté scolaire ayant engendré les bons résultats obtenus aux examens nationaux de 2017 et l’exhorte à rester mobilisée lors des Assemblées Générales (AG) d’information susceptibles de garantir les chances d’une année scolaire 2017-2018 véritablement apaisée et couronnée de succès.
3. Appelle les enseignants des sous-secteurs de la maternelle, du primaire et du secondaire, même si tous les problèmes ne sont pas encore résolus, à effectuer la rentrée des classes le lundi 18 septembre 2017, en attendant les mots d’ordre au cas où le dialogue serait bloqué.
Toute attitude de banalisation des propositions du Front compromettra fatalement le souci partagé d’une année scolaire 2017-2018 intégralement apaisée et le Gouvernement sera tenu responsable des perturbations préjudiciables au temps scolaire qui en découleraient.
Vive l’Education !
Vive le Benin !
Vive le Front !
Seule la lutte paie ! Nous vous remercions.
Fait à Cotonou, le 15 septembre 2017
Pour le FRONT, Les Porte-parole,
Francis Maxime OKOUNDE Albert AKINOTCHO