Le Nigeria et le Bénin sont deux pays limitrophes qui entretiennent des échanges commerciaux très intenses. Dans une réflexion, Moussiliou Ali, expert en marketing, études économiques et commerce international démontre que ces deux pays sont condamnés à intensifier leurs relations dans une économie de marché.
Introduction
Le Bénin est heureusement et stratégiquement situé à côté du Nigeria, pays reconnu au plan international comme première puissance économique de l’Afrique. Peuplé actuellement d’environ 191 000 000 d’habitants, et étendu sur une superficie de 923 768 km², Il représente un vaste marché de proximité pour tous les pays limitrophes (le Bénin, le Cameroun, le Niger et le Tchad), ainsi que pour le reste de l’Afrique. Les deux pays voisins jouissent des relations de bon voisinage aux plans socio-économique, culturel et politique depuis plusieurs siècles. L’ère des indépendances a contribué au renforcement de ces relations depuis 1960. Les deux Etats partagent environ 800 kilomètres de frontières. C’est ainsi qu’à côté du Bénin, du Sud au Nord, se situent les Etats fédérés nigérians de Lagos, d’Ogoun, d’Oyo, de Kwara, du Niger et de Kebbi. Naturellement, l.es populations de ces zones frontalières entretiennent aussi d’étroits liens familiaux et interethniques. Mais, la détermination des gouvernements du Bénin et du Nigeria d’exploiter au maximum, et de façon mutuellement profitable, leurs potentialités économiques, commerciales et industrielles respectives, se trouve encore freinée par différents facteurs qui constituent de sérieux entraves. En effet, depuis environ cinq décennies, ces facteurs négatifs empêchent l’éclosion de véritables relations économiques entre les deux pays voisins, tout en favorisant les échanges commerciaux informels et la contrebande, au détriment de leur trésor public respectif. Quels sont ces facteurs ? Ne sont-ils pas les mêmes qui sous-tendent la tiédeur des relations économiques entre le Nigeria, le Cameroun, le Niger, le Tchad (autres pays limitrophes de la puissance économique régionale) et les autres Etats ouest-africains ?
Comment éliminer pacifiquement, et de façon durable, ou tout au moins réduire l’ampleur des transactions transfrontalières informelles et la contrebande qui, de fait, caractérisent fondamentalement les échanges commerciaux entre le Bénin et le Nigéria et entre le Nigéria et ses autres pays limitrophes ?
Comment obtenir l’adhésion des divers acteurs opérant à partir des différents pays concernés aux efforts visant le développement des relations économiques saines qui favoriseraient des échanges commerciaux et des partenariats industriels mutuellement profitables à ces pays et à leurs populations ? Le développement du secteur privé de chacun de ces pays, notamment au niveau des Pme et des Pmi à la recherche des marchés et des opportunités de croissance durable, se trouvent ainsi indéfiniment hypothéqué. Comment soulager ces derniers. Le Nigéria et ses voisins souffrent gravement de la perte de recettes fiscales énormes qui auraient pu servir à financer des projets de développement socio-économique durables. Quelles solutions efficaces peut-on proposer pour mettre définitivement fin à cet état de choses ?
Par ailleurs, exacerbées par le flux illégal des produits étrangers provenant de l’Europe et de l’Asie, les autorités nigérianes ont érigé sur tous les axes routiers qui relient ce grand pays à ses voisins, en particulier le Bénin, d’innombrables barrières douanières et postes de contrôle policier afin de soumettre au contrôle douanier les produits autorisés à l’importation et de décourager l’entrée de ceux qui sont interdits pour protéger les industries émergentes du pays. Ces mesures souveraines des autorités nigérianes engendrent malheureusement des frictions et des malentendus tant avec les populations qu’avec les autorités politiques des pays voisins, notamment le Bénin, sur fonds de différence linguistique héritée du passé colonial. Il en résulte l’indifférence et la méfiance de part et d’autre.
Que peuvent faire les autorités compétentes de tous les pays concernés pour instaurer des relations économiques paisibles, mutuellement profitables et durables entre eux ? Quels rôles doivent jouer les institutions consulaires, le secteur privé organisé et les opérateurs économiques de tous les pays concernés pour y parvenir ?
Les échanges commerciaux intra régionaux et transfrontaliers en Afrique de l’Ouest constituent une mine d’or. Mais, pour l’exploiter de façon judicieuse, rentable et durable, il est impérieux que toutes les parties prenantes au Bénin, au Nigéria, au Niger, au Cameroun, au Tchad et dans les autres pays membres de la Cedeao et de l’Uemoa conjuguent et unissent leurs efforts et disposent des informations pertinentes et avérées pour faciliter l’accès au marché nigérian, le plus vaste du continent. Il est aussi impératif que les autorités compétentes et les opérateurs économiques du Nigéria aient une assez bonne connaissance des atouts économiques du Bénin, en raison de sa position stratégique de porte d’accès au Nigéria pour les opérateurs économiques des pays du Sud-ouest Africain, et de sortie pour les opérateurs économiques du Nigéria à destination de ces derniers pays. Comment réaliser une synergie des efforts et où obtenir les informations requises ?
Les atouts et les potentialités du Nigeria, en tant que pôle économique régionale majeure, sont éloquemment évidents. Mais, comment le Bénin et les autres pays limitrophes du Nigeria pourraient activement, immédiatement et harmonieusement tirer profit de ces atouts et potentialités ?
D’autre part, il est incontestable que, malgré sa modeste apparence sur la carte géographique de l’Afrique de l’Ouest, le Bénin possède d’importants atouts géoéconomiques ainsi que des perspectives qui peuvent lui permettre de jouer un rôle stratégique dans la sous-région, à condition d’être savamment exploités dès maintenant. Quels sont ces atouts ?
Compte tenu de toutes ces questions vitales qui exigent des réponses appropriées dans l’immédiat, en tant que l’un des spécialistes ouest-africains de l’intégration régionale par le commerce et l’industrie, j’ai ressenti l’obligation d’y apporter ma modeste contribution en rédigeant un ouvrage bilingue (anglais et français), pour compléter les œuvres qui existent déjà, fruits des spécialistes doyens, pour alimenter, dans une certaine mesure, la réflexion des décideurs aux niveaux des organisations et structures économiques nationales et régionales de la sous-région en vue des actions concrètes susceptibles de favoriser la croissance économique, l’allègement du chômage, l’éradication du la misère et de la pauvreté dans nos pays. La parution de cet ouvrage est imminente.
Ali Moussiliou
Expert en marketing, études économiques et commerce
international