L’enthousiasme des Béninois à l’avènement de la démocratie n’a duré que le temps de la première élection. A l’origine de ce mirage, la duplication d’identité, l’émission de fausses cartes d’électeur, les fraudes électorales et bien d’autres tracasseries administratives. L’espoir mis dans l’informatisation des listes électorales n’a pas tenu la promesse des fleurs. Le Bénin, berceau de la démocratie en Afrique, ambitionne de tourner cette page avec le Recensement initial administratif à vocation d’identification de la population (Ravip).
Un pari que veut gagner le président de la République, Patrice Talon. Le vendredi dernier, entouré de la plupart des élites politiques dont le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, il a lancé au palais de la République le Recensement initial administratif à vocation d’identification de la population (Ravip). Un recensement qui, à terme, permettra à chaque Béninois (vivant au Bénin comme à l’étranger) et aux étrangers résidents d’avoir un identifiant unique et d’offrir au Bénin de pouvoir constituer son « registre civil ».
Un important outil de maîtrise de la population, a reconnu à la fois le ministre d’Etat, secrétaire général à la Présidence, M. Pascal Irénée Koukpaki et le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji au cours de la cérémonie de lancement.
Me Adrien Houngbédji, en rappelant que la certification de l’identité est un préalable à la transparence en période électorale, a témoigné combien la mise en marche du processus du Ravip tient à cœur au chef de l’Etat, garant de la démocratie et de l’Etat de droit.
Des échos de cette rencontre au sommet de l’Etat, il ressort que tout citoyen ayant 18 ans aura gratuitement sa carte civile certifiée, numérique et biométrique à multiple usage.
Le lancement du processus de Ravip semble donc sonner comme une offensive tacite contre les auteurs de duplication ou de multiplication d’identité à des fins électoralistes, contre les ennemis de la démocratie.
L’instauration d’un environnement hostile à la duplication d’identité permettra de mieux assurer non seulement la sécurité des Béninois, mais aussi, de rassurer les électeurs qu’en période électorale, leurs suffrages seront comptabilisés pour le candidat et qu’ils ne seront pas spoliés. Elle apparaît donc comme une incitation du citoyen (déçu par le cafouillage de l’organisation des élections) à retrouver l’enthousiasme qui a fait battre son cœur à l’avènement de la démocratie suite à la Conférence des forces vives de la nation de février 1990.
La création d’un environnement du genre poussera sûrement les Béninois qui ne cessent de nourrir dans leur cœur une certaine antipathie pour les processus électoraux, peu transparents, de voir se réaliser leurs vœux de participer aux scrutins le cœur tranquille, sans craindre les fraudes électorales et de s’emballer davantage pour la démocratie.
C’est bon de créer un environnement favorable à l’investissement ; c’est aussi important d’œuvrer à la création d’un climat de sympathie et d’enthousiasme exempt de tracasseries administratives en période électorale.
Environnement idéal
La mise en place d’une commission de supervision du Recensement initial administratif à vocation d’identification de la population (Ravip) que pilotent le ministre de la Justice, de Législation et des droits de l’Homme, Me Joseph Djogbénou, et le député, Nassirou Arifari Bako, ancien président de la Commission de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) et beaucoup d’autres ministres dont celui de l’Intérieur et de la Sécurité publique, témoigne de la volonté du Gouvernement d’instaurer un environnement idéal à l’organisation des élections. Un environnement d’affection pour les élections et la démocratie.
L’aboutissement du registre civil apparaît donc comme un préalable favorable à l’organisation d’élections exemptes de reproches majeurs. Tout au moins, le Ravip appaiserait les Béninois contre les suspicions qui planent sur la constitution de la liste électorale et par conséquent sur les résultats des scrutins. L’atteinte de cet objectif permettrait au Béninois d’avoir une autre image du processus électoral et de ne plus participer sur la pointe des pieds aux scrutins.
Selon le Réseau de savoir électoral (Rse), dans la plupart des pays, l’identification des électeurs éligibles qui se présentent au bureau de vote n’est pas chose simple. Le processus électoral doit être conçu de façon à garantir que seules les personnes légitimement inscrites puissent voter et que les personnes qui se présentent au bureau de vote sont bien celles qu’elles prétendent être.
La mise en place d’un registre civil est donc un préalable à l’organisation des élections crédibles. En absence d’un registre civil fiable, l’identification des électeurs peut être un processus beaucoup plus complexe et même assez lourd pour les administrateurs électoraux, a fait remarquer la même source. C’est particulièrement vrai dans un pays qui n’a pas de registre civil et où les citoyens ne portent habituellement pas de pièces d’identité.
Avec la carte d’identité de l’électeur, toute administration électorale soucieuse d’efficacité se préoccupe beaucoup de la sécurité du système, et en particulier du risque de falsification. C’est pourquoi le Mexique a adopté, en août 1990, un système de carte d’identité à sécurité renforcée. Neuf éléments de sécurité ont été intégrés dans la conception de la carte, ce qui empêche pratiquement toute duplication ou modification, a indiqué la même source. Ces éléments comprennent, entre autres, un code barres, un hologramme, la photographie et la fusion moléculaire.
L’érection des barrières anti- duplication ne suffit pas à elle seule pour annihiler le fléau. Il faut inculquer à tous les Béninois, par la sensibilisation, des antidotes contre la duplication des cartes d’électeurs et sensibiliser pour guérir chaque citoyen des germes de fraude et de tricherie.
L’instauration d’un environnement anti-fraude est un grand pas que vient de franchir le gouvernement. Une synergie d’actions : notamment, le couplage du climat anti-fraude et l’enseignement de la vertu seraient aussi utiles à la lutte contre le phénomène. Agir et ne jamais se lasser d’agir est mieux que stagner. Celui qui stagne recule.