On en sait un peu plus sur le Projet de construction d’un marché de Gros du Grand Nokoué dans la commune d’Abomey-Calavi. Les grossistes du Marché Dantokpa seront appelés dans les prochains mois à rejoindre le marché de gros. Quant aux détaillants, ils ne sont pas concernés par cette délocalisation. C’est ce qu’il convient de retenir des explications du Directeur adjoint de Cabinet du Ministère du cadre de Vie, Adam Pinto. « Il n’est pas dans l’intention du Gouvernement de délocaliser le Marché Dantokpa. Nous allons plutôt transférer progressivement les grossistes vers le marché de gros dont l’étude de faisabilité démarre début novembre prochain », a-t-il expliqué. En effet, ce projet vise à servir de point d’appui pour la requalification urbaine. Selon le Dac du Mcvdd, l’Activité de gros souffre aujourd’hui de son positionnement à Dantokpa. Il s’agira alors de la faire sortir du cœur de la ville de Cotonou pour mieux absorber le flux venant du Nigéria et des autres pays. « L’idée est de faire en sorte que le marché de gros soit connecté au contournement et au réseau des routes. Le marché va prendre beaucoup de place et sera plus accessible pour les grossistes et leurs fournisseurs de même que pour les détaillants. Le Gouvernement s’est inspiré de ce qui se fait ailleurs en Egypte, en Afrique du Sud, aux Emirats Arabes unis », a déclaré Adam Pinto. Dantokpa ne bougera donc pas de son site habituel. Au contraire, il est prévu dans le Pag sa modernisation ainsi que la construction de nouveaux marchés à Cotonou pour offrir de meilleures conditions aux commerçants. « Je voudrais dire aux bonnes dames de ne pas s’inquiéter. L’intention du Gouvernement est de les amener à faire leur commerce en toute aisance », a-t-il conclu.
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Adam Pinto, Directeur adjoint de Cabinet du Mcvdd
« Le marché de gros va accueillir uniquement les grossistes »
Le Projet de construction d’un marché de Gros dans la Commune d’Abomey-Calavi porte d’importants enjeux pour les échanges commerciaux entre le Bénin et les pays voisins et la requalification urbaine. A travers cette interview, Adam Pinto, Directeur adjoint de Cabinet du Ministre du Cadre de Vie apporte des clarifications au sujet du projet et rassure les commerçants de Dantokpa.
Le Conseil des ministres du 18 octobre 2017 a annoncé un Projet de construction de marché de Gros à Abomey-Calavi. Qu’en est-il réellement ?
Un marché de gros est un marché qui a pour vocation d’accueillir uniquement l’activité des grossistes et de desservir une agglomération voire un pays. C’est un marché différent de ceux des quartiers et même de celui de Dantokpa. C’est un marché qui ne peut se situer en plein cœur de la ville. L’infrastructure nécessite beaucoup d’espace. Vous avez des zones où il y a des grossistes mais aussi des entrepôts, des parkings de gros porteurs, des chambres froides, des services de douane, des services vétérinaires etc. En dehors de l’espace, en tant que plateforme logistique, il doit être facilement accessible pour les commerçants qui y vont s’approvisionner. C’est à cause de tout cela que le gouvernement a décidé d’ériger ce marché à la périphérie de Cotonou. Sous réserve des études en cours, il est retenu que ce marché reste dans la zone de Calavi. Pour l’instant, on ne saurait dire l’emplacement exact.
Que faut-il comprendre de l’étude de faisabilité pour laquelle la signature d’un contrat a été autorisée en Conseil des Ministres ?
Le Gouvernement a autorisé la signature du contrat avec l’entreprise Sémmaris. C’est une société internationale qui gère les marchés de gros sur le plan mondial. Elle a été choisie parce que le Gouvernement a le souci d’associer les meilleures compétences à tout ce qu’il fait. Pour réaliser le projet, il faut faire des études de faisabilité afin que le marché soit effectivement bénéfique aux grossistes. L’autorisation qu’a reçue le ministre du cadre de vie est de rentrer en contrat avec Sémmaris afin que cette dernière fasse l’étude de faisabilité. Ces études vont démarrer en novembre pour durer 6 mois. Une fois qu’elles seront finies, le business model sera travaillé dans le cadre d’un partenariat public-privé pour la construction et l’exploitation du marché. Nous sommes donc en plein début de ce projet, et la livraison de la première phase est prévue pour fin 2019. Nous avons donc encore deux ans avant que le marché de gros de l’agglomération du Grand Nokoué ne soit fonctionnel.
Sur quelle superficie va s’étendre le marché ?
Là aussi, il faut attendre les résultats de l’étude de faisabilité. Mais compte tenu de la proximité du Bénin avec le Nigéria, les pays de l’Hinterland, il faut estimer entre 150 et 250 hectares y compris les possibilités d’extension.
Quelles sont les spécificités d’un marché de gros ?
Au Bénin comme ailleurs, un marché de gros est basé sur deux caractéristiques principales. D’abord, ceux qui y vendent sont des professionnels grossistes. Ensuite, ils ne vendent qu’aux professionnels. Donc, les activités qui s’y mènent se font entre professionnels pour alimenter les autres marchés. On peut aussi ajouter une autre caractéristique qui a rapport au volume d’échanges en termes de marchandises et de véhicules.
En termes clairs, le gouvernement veut-il délocaliser les grossistes du marché Dantokpa vers Abomey-Calavi ?
Aujourd’hui, le centre-ville de Cotonou est engorgé. En témoigne les mouvements des gros-porteurs au marché Dantokpa et la pollution qui s’en suit. En réalité, des études réalisées entre-temps montrent que l’activité de gros souffre de son positionnement à Dantokpa. Si elle était ailleurs, dans de meilleures conditions, non seulement les grossistes auront un meilleur chiffre d’affaires mais de nouveaux grossistes pourraient apparaitre au bénéfice de la communauté. Ainsi, il y aura plus de ressources à gagner pour l’Etat. Ce sont ces raisons qui ont motivé le Gouvernement à prendre la décision de transférer les grossistes vers le marché de gros du grand Nokoué. C’est une occasion pour nous de nous rapprocher des grossistes, de répertorier les problèmes qu’ils ont, et ensemble, trouver des solutions.
D’aucuns estiment que c’est le Nigéria qui alimente le plus le marché de Gros au Bénin et qu’il faille installer l’infrastructure à Sèmè-Kpodji. Qu’en pensez-vous ?
C’est légitime. Mais il faut prendre en compte certains éléments. Lorsqu’on construit un marché de Gros, c’est pour absorber les flux avec le Nigéria mais aussi ceux venant des autres pays voisins. Ensuite, si vous avez un marché de gros à proximité de la frontière, il ne sera pas facilement accessible. Or, il y a un certain nombre de projets d’aménagement prévus au Pag, notamment le contournement Nord. L’idée est de faire en sorte que le marché de gros soit connecté au contournement Nord et au réseau routier pris en compte à Cotonou et à Calavi dans le Projet Asphaltage. En réalité, ça peut paraitre difficile à comprendre, mais le fait de déplacer l’activité de gros de Cotonou permet de la rendre plus accessible pour les grossistes et leurs fournisseurs, de même que pour les détaillants. Venir à cette infrastructure et y repartir assez rapidement quel que soit le moment de la journée, c’est l’intérêt de l’aménagement et du transfert de l’activité de gros de la ville de Cotonou. Il y a ces contraintes que nous avons pris en compte lors de l’étude de préfaisabilité.
Que deviendra alors le site de Dantokpa ?
Dantokpa ne change pas. Avant la délocalisation de l’activité de Gros, il est prévu dans le Pag la modernisation du marché. Ce qui veut dire que sortir l’activité de Gros du marché fera qu’il y aura plus de place pour les détaillants pour faire leurs activités. Ça permettra aussi de régler la question de la gestion des déchets et les problèmes de sécurité. Le visage de Dantokpa ne change pas aujourd’hui. Il va falloir le moderniser. Les problèmes qui empêchent les vendeurs de bien vendre seront réglés. Il y a aussi le projet de construction de marchés secondaires.
Il n’est pas question de déplacer les vendeuses de Dantokpa. Même si on fait les voiries urbaines, il n’est pas indiqué d’avoir un marché de gros parce que de par sa nature, l’activité de gros n’est pas compatible avec les centres villes. Le souci majeur derrière ces projets de développement, c’est de créer des emplois. Lorsqu’on crée un nouveau marché de gros, il y a une nouvelle filière d’emploi qui se créé notamment les livreurs professionnels qui font les va et vient entre les détaillants et les grossistes. Il y a un écosystème qui se met en place. Je voudrais préciser qu’un marché de gros n’est pas uniquement un marché alimentaire ou tout ce qui sert à alimenter le fonctionnement quotidien d’un ménage. Mais pour que cela fonctionne, il faut que les voies soient construites et aménagées pour permettre l’accès libre aux gros porteurs et aux petites camionnettes ainsi que les véhicules légers. Le projet asphaltage démarre en 2018 et prendra en compte la question de la voirie urbaine.
Aujourd’hui, c’est la Sogema qui gère le marché Dantokpa. A quelle structure sera confiée la gestion du marché de Gros ?
Dans l’étude de faisabilité, il y a plusieurs composantes. Il y a la composante technique et la composante institutionnelle. Faut-il le souligner, l’étude se fera avec la participation des grossistes. A priori, l’étude devra permettre de savoir comment calibrer le projet de marché pour qu’un investisseur puisse y investir et le gérer en partenariat avec l’Etat. Mais, la décision, quant à la gestion ne relève pas du Ministère du cadre de vie. Ça doit être une décision d’Etat. Et l’Etat doit pouvoir dégager les options. Dans tout ce que nous faisons concernant les marchés, nous sommes en partenariat avec la Sogema.
Est-ce une innovation du Bénin ou l’initiative existe ailleurs ?
Le Bénin innove bien sûr mais n’invente pas. Il y a eu déjà des expériences de ce type de déplacement dans certains pays de l’Afrique comme la Côte d’Ivoire. L’entreprise qui a été choisie a fait ses preuves en Côte d’Ivoire en Russie et aux Emirats Arabes unis. L’entreprise qui aura en charge la gestion de ce marché, veillera au respect du règlement intérieur du marché par les grossistes, à la sécurité, la propreté, le respect du cahier de charges.
Abomey-Calavi connait une dynamique urbaine comparable à celle de Cotonou. Est-ce qu’il n’y a pas de risque que dans 10 ans, le marché de gros ne se retrouve encore en plein cœur de la ville ?
L’une des missions du ministère du Cadre de vie et du développement durable, c’est la planification spatiale, l’aménagement du territoire et surtout le respect de la réglementation. Donc, il nous revient, en rapport avec les autorités locales de la ville d’Abomey- Calavi de réfléchir pour qu’on ne se retrouve pas dans une situation pareille.
Quelles sont les dispositions prises pour que les détaillants ne se retrouvent pas encore dans ce marché ?
C’est pour éviter une telle situation que nous avons décidé de travailler avec un professionnel. L’une des solutions, c’est de noter dans le cahier de charges de l’exploitant le contrôle des accès ainsi que la manière dont le marché est aménagé. On doit aussi contrôler la zone puisque l’on ne peut pas faire du n’importe quoi dans les périmètres d’un marché de gros.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que la création de ce marché cache l’intention du Gouvernement de déplacer Dantokpa ?
Il y a assez de projets dans le Pag qui concernent les marchés. Donc, il n’est pas dans l’intention du Gouvernement de déplacer le marché de Dantokpa. Bien au contraire, notre objectif est de le moderniser.
Un mot d’assurance à l’endroit des bonnes dames de Dantokpa et des propriétaires terriens qui se verront expropriés.
L’une des méthodes avec lesquelles le ministre travaille, c’est la négociation, la concertation. Je voudrais dire à nos mamans, à nos sœurs de ne pas s’inquiéter et de continuer leurs activités. L’intention du gouvernement est de les accompagner à mieux vendre. En ce qui concerne les propriétaires terriens, l’un des enjeux de l’étude, c’est de voir l’espace qui sera le plus libre possible et avoir à déranger le moins possible de personnes. Mais, nous ferons de sorte que toutes les actions du ministère se fassent dans le respect des textes en vigueur et dans le respect de la personne humaine.
Propos recueillis par Adrien TCHOMAKOU
26-10-2017, Adrien TCHOMAKOU