Longtemps convoitée par l’ancien magnat du coton pour asseoir à 100% son hégémonie sur la filière, la société Marlan’s Cotton Industries tombe enfin dans le giron de la Société du développement du coton (Sodéco) du groupe Talon. Désormais donc, sur les 18 sociétés d’égrenage que compte le Bénin, le groupe Talon en détient 16 à savoir les 10 usines de la Sodéco, les cinq de l’Ica puis maintenant la seule usine moderne d’une capacité de 60 000 tonnes appartenant à Martin Rodriguez. Quand on sait que des deux usines restantes, le promoteur de l’usine Seicb installée à Savalou n’a plus donné signe de vie depuis 2008, il ne reste plus que l’usine Lcb de Paouignan qui appartient au groupe Aiglon de Sidi Mohamed Kagnassi installé en Côte d’Ivoire. Et c’est justement ce groupe qui vient de mordre la poussière devant Sodéco dans le rachat de Mci, lundi 06 novembre dernier, au Tribunal de première instance de Parakou, suite à la saisie par l’Etat béninois de l’usine de Martin Rodriguez et sa vente aux enchères autorisée par la justice. Aiglon aurait fait une offre de 2,9 milliards, soit 100 millions de moins que l’offre de la Sodéco. Ainsi l’un des derniers vestiges de la concurrence en ce qui concerne l’égrenage du coton, après avoir subi le monopole accordé à une personne, après avoir subi les réquisitions, vient de courber l’échine sous le poids de la dette en un moment où celui-là même qui détenait le monopole est devenu aussi le détenteur du pouvoir d’Etat.
C’est vrai qu’on peut a priori affirmer que le processus du rachat de Mci est des plus transparents puisque conduit par la justice après une mise aux enchères. Mais pour mieux apprécier ce qui s’est passé, il faut remonter à l’origine de la dette de 9 milliards pour laquelle Mci de Martin Rodriguez a été saisi par l’Etat. Pendant dix ans, sous le régime Kérékou cette usine a été empêchée d’égrener du coton, privée de matière première, selon les propos de Martin Rodriguez. Les mêmes personnes qui avaient le monopole dans la filière coton sous Kérékou sont revenues plus fortes sous Boni Yayi, en tout cas durant les 7 premières années de son règne. Les indiscrétions font état de ce que l’ancien magnat du coton avait promis d’acheter au franc symbolique l’usine de Martin Rodriguez. C’est chose faite depuis lundi dernier. La ruse et la rage ont finalement eu raison de celui qui s’était déclaré Opposant N°1 au régime du Nouveau départ.
Worou Boro