Depuis le 6 avril 2016 où Patrice Talon a été investi président de la République, tout se passe comme si le Bénin n’est plus une démocratie. En dehors des quelques escarmouches lancées par le Front pour un sursaut patriotique (Fsp) et les centrales et confédérations syndicales, plus rien à se mettre sous la dent. Dans la presse au quotidien, ce sont des ralliements et soutiens au chef de la ‘’mouvance’’ qu’on enregistre alors qu’aujourd’hui, beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que le terrain est fertile à une opposition redoutable.
Sous la présidence de Nicéphore Soglo (1991 et 1996), l’on a vu une opposition frontale s’animer avec Albert Tévoèdjrè, entre autres. Sous Mathieu Kérékou, des têtes comme Sacca Lafia, Nicephore Soglo et bien d’autres ont secoué le cocotier. Le peuple pourra se souvenir des 10 ans tumultueux de Yayi Boni. Après pratiquement un an d’exercice du pouvoir, le prédécesseur de Patrice Talon vivait déjà la réalité du pouvoir avec des « G » (G4, G13) puis à mi-parcours avec les « télécommandes ». A l’ère de la Rupture, sous Patrice Talon, rien de consistant depuis bientôt deux ans. Dans un contexte où ça grogne du fait des déguerpissements des populations des espaces publics, de la morosité économique, des mises aux arrêts d’agents de forces de sécurité publique et de défense, des interpellations pour supposée mauvaise gestion, bref au moment où beaucoup ne sont pas satisfaits de la gouvernance au sommet de l’Etat, la vraie opposition peine à se mettre en place. Et pourtant dans les coulisses, ça se sussurre que cette opposition qui va animer la vie politique sous l’actuel chef de l’Etat, tarde à se faire connaître. Seulement quelques figures qui ne font pas le poids, occupent vaille que vaille le terrain. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette tétanisation de la classe politique notamment des « grands électeurs » qui ne se décident toujours pas ?
Plusieurs raisons selon certains observateurs. Si d’aucuns estiment que formaliser une opposition à moins de deux ans de gestion de Patrice Talon, cela pourrait essoufler ses animateurs pour des motivations de financements, certaines langues n’hésitent pas à aller sur la piste de l’engagement pris par le chantre de la Rupture qui a bien demandé un moratoire de deux ans pour que les populations commencent à se faire servir le mets tant attendu. L’autre raison majeure agitée, est l’éloignement de la première échéance électorale (Législatives 2019) puisque c’est cela qu’attendent plusieurs politiques pour obtenir ou actualiser leur immunité parlementaire avant de se lancer dans le bras de fer avec Patrice Talon. Tout compte fait si cette opposition redoutable devrait prendre corps, ces potentiels organisateurs et animateurs devraient provenir du sérail de ceux qui ont perdu le pouvoir en 2016, des frustrés de la Rupture et des victimes bien connues de la politiqque de la « ruse et de la rage ». Et ces figures sont entre autres Sébastien Ajavon arrivé 3ème à la dernière présidentielle et désormais ex-allié de Patrice Talon ; Candide Azannai, ex ministre de la Défense nationale qui estime que Patrice Talon ne respecte pas le contrat social ; Martin Rodriguez, énnemi juré de Patrice Talon et premier opposant déclaré de ce dernier. Comme Sébastien Ajavon, beaucoup pensent qu’il a les moyens de bien huiler la machine. Léhady Soglo, maire révoqué de Cotonou par le pouvoir Talon et Komi Koutché, ex argentier national, tous deux anciens soutiens du candidat malheureux à la présidentielle, Lionel Zinsou, ne sont du reste pour ce qui est des personnalités recensées sur la liste. Le député Issa Salifou qui a connu des déboires sous Patrice Talon avec l’agrément de sa société de Gsm retiré, et subi des « redressements » en terme de consommation d’électricité à payer est également pointé du doigt. La liste n’est pas exhaustive puisque certains comme l’ancien maire de Ouidah, Séverin Ajavon destitué de son poste comme beaucoup d’autres de ses pairs sans oublier d’autres taiseux du moment qui ruminent leur déception par rapport à l’administration Talon.
Une opposition pour véritablement marquer Patrice Talon à la culotte, certainement que c’est juste une question de semaines ou mois.
Worou BORO